Les vacances sont l'occasion de visiter la bibliothèque des amis.


Trouvé hier dans l'Anthologie de la poésie française d'André Gide de la Pléiade:

Les Chameaux

J'ai connu dans mon enfance un vieux lapidaire
Qui avait fait emplette de trois ou quatre dromadaires,

A l'encan, — ou dans quelque liquidation,
Ce qui, alors, simplifierait beaucoup la question);

Il faut d'ailleurs, aimable lecteur, que je le confesse,
Ce n'était pas des dromadaires de la grosse espèce,

Mais ce n'était pas de petits dromadaires non plus,
Ils étaient d'une bonne moyenne, — et même un peu plus.

Malheureusement le lapidaire dut les mettre dans sa commode :
Les logements, à Paris, sont si incommodes;

Et alors les pauvres dromadaires
Sont morts, parce qu'ils manquaient d'air.

Franc-Nohain, Le Kiosque à musique


J'ajoute celui-ci, pour Philippe[s] :

Cantilène des trains qu'on manque

Ce sont les gares, les lointaines gares,
Où l'on arrive toujours trop tard.

— Belle-maman, embrassez-moi,
Embrassez-moi encore une fois,
Et empilons-nous comme des anchois
Dans le vieil omnibus bourgeois!

Ouf, brouf,
Waterproofs,
Cannes et parapluies,
Je ne sais plus du tout où j'en suis...

Voici venir les hommes d'équipe,
Qui regardent béatement, en fumant leurs pipes.

Les trains, les trains que j'entends,
Nous n'arriverons jamais à temps,
(Certainement!) —

Monsieur, on ne peut plus enregistrer vos bagages,
C'est vraiment dommage! —

La cloche du départ, oui j'entends la cloche:
Le mécanicien et le chauffeur ont un cœur de roche,
Alors, inutile d'agiter notre mouchoir de poche...

Ainsi les trains s'en vont, rapides et discrets,
Et l'on est très embêté, après.

Franc-Nohain, Le Kiosque à musique