C'est d'ailleurs une constante : que le mariage soit simple ou spectaculaire, les parents et beaux-parents au mieux s'impliquent, au pire se surinvestissent, et ce n'est que justice puisqu'ils continuent de financer en partie la noce de leurs enfants. «Qu'on ne s'y trompe pas, le mariage est un moment fort de la famille, pas du couple!» met en garde le psychiatre Philippe Brenot. D'où les tensions. Car aux classiques pourparlers souvent délicats entre famille, belle-famille et enfants s'ajoutent aujourd'hui quelques nouveaux éléments explosifs. La recomposition des familles modernes et son lot de questions insolubles: «Comment placer les parents divorcés ?», «Peut-on inviter la nouvelle compagne sans froisser l'ex-femme ?» La moyenne d'âge des époux modernes, qui, à 30 ans, acceptent mal qu'on leur impose les coutumes familiales ; l'augmentation du nombre de mariages mixtes et leurs traditions parfois inconciliables. Mélangez ces ingrédients, ajoutez-y l'inévitable bouffée de stress des futurs époux, l'émotion des parents qui, avec l'union de leur progéniture, se voient brutalement vieillir, secouez, et... dégustez. On survit tout de même, en général, à l'enfer des préparatifs, parfois au prix de compromis délirants - comme ces deux familles qui, n'ayant jamais réussi à s'entendre sur la composition du menu, proposaient le jour du mariage deux buffets concurrents...
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Tout le monde croit au conte de fées le jour d'un mariage. Chacun prend le pouls de son propre couple ou la mesure de sa solitude et forme autour des mariés une sorte de foule galvanisée, réussissant à se contenir tant que le Champagne n'a pas trop coulé. Mais l'alcool aidant, tous les dérapages sont possibles. Le moment à haut risque étant celui des discours. Tant que ce sont les petits-cousins qui massacrent une chanson inaudible, vous pouvez continuer d'ingurgiter tranquillement votre part de pièce montée. Mais lorsqu'un adulte un peu éméché prend le micro, relevez la tête et tenez-vous prêt à intervenir. Du père de la mariée qui sous-entend entre deux sanglots combien sa fille méritait mieux au vieil ami de la famille trahissant une intimité plus que louche avec la mère du marié, «Ah, Marie-Jo, te souviens-tu de cet été 1993... », tout a déjà été entendu dans ce domaine.
Le Point, 3 août 2006

Mardi, j’ai découvert par hasard cet article, « Le mariage, quelle épreuve ! ». Il donnait la référence d’un livre, Une Pièce montée, de Blandine Le Callet. Je l’ai acheté en sortant du bureau, englouti dans la soirée.

Hilarant et cruel, disait Le Point. Oui, tout à fait, il n’y a pas un chapitre qui ne donne envie tout à la fois de rire et de hurler. Le titre représente finalement davantage la mise en scène de l'événement ("une représentation", dira la future mariée) que le gâteau, contrairement à ce que voudrait nous faire croire la quatrième de couverture. Le milieu représenté est trop bourgeois pour que j'y retrouve directement des expériences vécues, mais les grands principes sont là. L'auteur frappe juste car elle évite la caricature, elle dresse de petits tableaux en changeant de narrateur à chaque chapitre et croise les points de vue.

Ce livre amusant et vite lu m'a plutôt attristée.
J'ai pensé comme souvent à la phrase de Malraux: «les gens sont beaucoup plus malheureux qu’on ne croit…»
Depuis, j'ai le cafard.