billet dédié à Zvezdo

C'était il y a huit ou neuf ans, on est appelés pour un accident domestique rue du Bac... pas loin du Bon Marché. C'était un gars dans sa salle de bains qui avait les couilles déchirées et un trou dans l'arrière du crâne. Il y avait du sang partout... ça pissait comme Niagara mais ce n'était pas bien grave. Ni pour la tête ni, heureusement, pour les boules. Mais le gars ne pouvait quand même pas marcher, alors on le couche sur le brancard et on commence à le descendre par l'escalier. Et voilà-t-y pas que ce con se met à raconter son accident. J'étais en train de me laver les dents qu'il nous fait quand j'ai senti que de l'eau gouttait sous le lavabo... à ce propos faudra qu'on me dise un jour pourquoi on dit lavabo dans une salle de bains et évier dans une cuisine ! mais bon, on s'en fout... donc le gars il se dit qu'il doit y avoir une fuite et il se met à quatre pattes sous son lavabo. A ce moment son chat arrive... vous connaissez ces sales bêtes, dès que vous agitez quelque chose sous leurs griffes : pchacck ! ça cherche à le gauler. Et le matou, qu'est-ce qu'il voit devant son nez qui s'agite comme les boules de Noël ? Celles de notre client bien sûr ! et ni une ni deux voilà le greffier qui par instinct leur colle un bon coup de griffe. Le gars sous la douleur il se redresse brusquement et ping ! ! ! il se mange le lavabo qui lui ouvre le crâne. Moi de l'imaginer à quatre pattes avec ses machins qui se balançaient sous les yeux du chat, ça m'a foutu un de ces fous rires... mais alors un de ces fous rires ! ! ! Monumental. Je riais tellement que les autres se sont mis à rire aussi, même le client se bidonnait... mais on a tellement ri qu'on a lâché le brancard. Le gars s'est fait un étage d'escalier en roulé-boulé... la jambe gauche cassée. Craack ! On peut dire qu'il avait gagné sa journée. De retour à la caserne on m'a collé quatre jours d'arrêts de rigueur avec comme motif: Rire intempestif en intervention !
Ludovic Roubaudi, Le 18, p.31 (suivant la recommandation de Matoo)

L'histoire est simple, elle souffre de vouloir démontrer, un peu maladroitement, une thèse (fort sympathique au demeurant : une femme n'est pas différente d'un homme, mais si, mais non, mais quand même (etc) (lol)).

Quant au style, on dirait que le petit Nicolas, enfin grand, fait son service militaire chez les pompiers. Cette impression naît de la syntaxe de phrases de ce type : «La bonne femme, elle pleurait, parce qu'elle se rendait compte que c'était vrai ce que lui racontait le colonel.» (p.121)

Si je veux être un peu peste, j'ajouterai que malgré sa bonne volonté, Roubaudi continue de colporter les clichés de la littérature masculine. Ainsi, à la fin du chapitre 4, il conclut : "Décidément, c'est bien compliqués, les femmes".
J'aurais conclu : "Décidément, c'est bien fragiles, les hommes".

Mais bon, on passe un bon moment, les anecdotes sont choisies pour illustrer la variété des interventions de pompiers; il est bien normal que ce soit un corps très aimé car il intervient dans les situations les plus dures, les plus farfelues et les plus liées à la vie intime des gens.
Ainsi que je l'espérais, ce livre fera un excellent cadeau de Noël.

P.S.

Et n'oubliez pas la campagne de solidarité menée par M.le Maudit. (Ces photos sont très exactement dans l'esprit du livre.)