Nous arrivons à la pénultième séance... J'aurais pu faire, dans le style "les titres auxquels vous avez échappés", les cours auxquels vous avez échappés. Georges Steiner vient de publier un livre (que je n'ai pas encore lu), Les livres que je n'ai pas écrits. Est-ce que c'est plus facile que de parler des leçons que je ne ferai pas?

Il aurait été possible de poursuivre la liste des vertus et des vices, en diptyques : la charité et l'envie, la justice et l'injustice, la vengeance ou l'expiation,... ou alors de travailler en partant des personnages: Bloch, Françoise, Mme Verdurin, Albertine (dont je n'ai sans doute pas assez parlé), Legrandin...

Je voudrais corriger l'image d'Albertine. J'ai donné l'image d'une bonne Albertine en l'associant à la grand-mère dans la mort. Mais Albertine est un personnage ambigu, également associé à Charlus dans le Temps retrouvé:

Dans mon adolescence, où je croyais exactement ce qu’on me disait, j’aurais sans doute, en entendant le gouvernement allemand protester de sa bonne foi, été tenté de ne pas la mettre en doute, mais depuis longtemps je savais que nos pensées ne s’accordent pas toujours avec nos paroles; non seulement j'avais un jour, de la fenêtre de l'escalier, découvert un Charlus que je ne soupçonnais pas, mais surtout, chez Françoise, puis hélas chez Albertine, j'avais vu des jugements, des projets se former, si contraires à leurs paroles, que je n'eusse, même simple spectateur, laissé aucune des paroles, justes en apparence, de l'emperuer d'Allemagne, du roi de Bulgarie, tromper mon instinct qui êût deviné, comme pour Albertine ce qu'ils machinaient en secret.[1]

Albertine mérite cet hélas qui la fait ressembler à Charlus. Elle est capable de feinte diplomatique.

La dernière fois je m'interrogeais sur le héros: est-il bon, est-il méchant? Nous avons vu la diatribe du narrateur (qui n'est pas le héros) contre les célibataires de l'art alors que lui-même n'échappe que de peu à cet état. Je voudrais aujourd'hui m'interroger sur l'écrivain.

Pour ce faire, je propose de faire un passage par les artistes. Plusieurs sont possibles, Elstir, Vinteuil, j'ai choisi Bergotte. Bergotte est présenté comme un Tartuffe, la grande figure de la réflexion française avec le Misanthrope.
La tartufferie de Bergotte est dénoncée avant que le narrateur ne le rencontre pour la première fois, la suite du récit devant nous démontrer que rien n'est si simple.
Le premier à dénoncer ainsi Bergotte, c'est Norpois, lorsque le narrateur l'interroge au cours d'un repas. Norpois se lance dans une longue tirade, accusant Bergotte d'être un "joueur de flûte", le tout culminant par un procès de la morale de l'écrivain. Norpois a refusé de recevoir Bergotte à l'ambassade de Vienne car celui-ci prétendait venir accompagner d'une femme légère.

Néanmoins, j’avoue qu’il y a un degré d’ignominie dont je ne saurais m’accommoder, et qui est rendu plus écoeurant encore par le ton plus que moral, tranchons le mot, moralisateur, que prend Bergotte dans ses livres où on ne voit qu’analyses perpétuelles et d’ailleurs, entre nous, un peu languissantes, de scrupules douloureux, de remords maladifs, et pour de simples peccadilles, de véritables prêchi-prêcha (on sait ce qu’en vaut l’aune) alors qu’il montre tant d’inconscience et de cynisme dans sa vie privée.

N'oublions pas qu'il y a de l'Anatole France dans Bergotte. Norpois est outré par le décalage entre la vie privée et le discours littéraire.

[...] au fond c’est un malade. C’est même sa seule excuse.

La tartufferie extrême relève de la pathologie.
Peu après, la gratitude pousse le narrateur à faire une gaffe lorsque Norpois évoque l'intention de répéter à Mme Swann un compliment que vient de faire le narrateur au sujet d'Odette et de Gilberte:

cet homme important qui allait user en ma faveur du grand prestige qu’il devait avoir aux yeux de Mme Swann, m’inspira subitement une tendresse si grande que j’eus peine à me retenir de ne pas embrasser ses douces mains blanches et fripées, qui avaient l’air d’être restées trop longtemps dans l’eau.

Et la page se poursuit sur une autre indélicatesse, cette fois de la part de Norpois:

Pourtant quelques années plus tard, dans une maison où M. de Norpois, qui se trouvait en visite, me semblait le plus solide appui que j’y pusse rencontrer, parce qu’il était l’ami de mon père, indulgent, porté à nous vouloir du bien à tous, d’ailleurs habitué par sa profession et ses origines à la discrétion, quand, une fois l’Ambassadeur parti, on me raconta qu’il avait fait allusion à une soirée d’autrefois dans laquelle il avait «vu le moment où j’allais lui baiser les mains» [...][2]

Ces récits tiennent en quelques pages. Les bassesses des uns et des autres ne sont pas commentées, mais leur rapprochement n'est pas fortuit.
La complexité de Bergotte est annoncé. Quand le narrateur le rencontrera, le Bergotte rêvé sera confronté au Bergotte réel (le rêve à la personne): le "doux chantre" s'avèrera un «un homme jeune, rude, petit, râblé et myope, à nez rouge en forme de coquille de colimaçon et à barbiche noire», à la voix désagréable, suggérant «quelque mentalité d'ingénieur pressé». On est loin de l'auteur que le narrateur avait imaginé à partir de ses livres, il découvrait «un certain genre d’esprit actif et satisfait de soi, ce qui n’était pas de jeu, car cet esprit-là n’avait rien à voir avec la sorte d’intelligence répandue dans ces livres, si bien connus de moi et que pénétrait une douce et divine sagesse.»Ibid, p.555-556

Nous avons donc encore affaire à un personnage double. Il y a le vrai Bergotte, noble et élevé, et le Bergotte égoïste et mondain, un arriviste qui cherche à parvenir à l'Académie française. Comme Baudelaire ou Bergson, Bergotte s'abaisse en courant après les honneurs, en faisant des visites. Il s'abaisse au niveau du kleptomane, on retrouve l'idée de pathologie (ce qui va suivre est le commentaire d'une lecture continue de plusieurs pages) :

Et l’homme à barbiche et à nez en colimaçon avait des ruses de gentleman voleur de fourchettes, pour se rapprocher du fauteuil académique espéré, de telle duchesse qui disposait de plusieurs voix dans les élections, mais de s’en rapprocher en tâchant qu’aucune personne qui eût estimé que c’était un vice de poursuivre un pareil but, pût voir son manège.

L'homme n'est pas à la hauteur de son génie:

Il n’y réussissait qu’à demi, on entendait alterner avec les propos du vrai Bergotte ceux du Bergotte égoïste, ambitieux et qui ne pensait qu’à parler de tels gens puissants, nobles ou riches, pour se faire valoir, lui qui dans ses livres, quand il était vraiment lui-même, avait si bien montré, pur comme celui d’une source, le charme des pauvres.

On pourrait lire ces pages comme une critique de Sainte Beuve. Mais c'est plus compliqué que ça: il n'y aurait pas de bon Bergotte s'il n'y avait de mauvais Bergotte:

Quant à ces autres vices auxquels avait fait allusion M. de Norpois, à cet amour à demi incestueux qu’on disait même compliqué d’indélicatesse en matière d’argent, s’ils contredisaient d’une façon choquante la tendance de ses derniers romans, pleins d’un souci si scrupuleux, si douloureux, du bien, que les moindres joies de leurs héros en étaient empoisonnées et que pour le lecteur même il s’en dégageait un sentiment d’angoisse à travers lequel l’existence la plus douce semblait difficile à supporter, ces vices ne prouvaient pas cependant, à supposer qu’on les imputât justement à Bergotte, que sa littérature fût mensongère, et tant de sensibilité, de la comédie.

"amour à demi incestueux qu’on disait même compliqué d’indélicatesse en matière d’argent" : le sexe et l'argent, comme toujours.
On trouve ici le premier grand développement de La Recherche sur la moralité de la littérature.

De même qu’en pathologie certains états d’apparence semblable sont dus, les uns à un excès, d’autres à une insuffisance de tension, de sécrétion, etc., de même il peut y avoir vice par hypersensibilité comme il y a vice par manque de sensibilité.[3]

Le vice est donc aussi bien une absence qu'un excès de sensibilité. Cette idée est reprise dans les brouillons. On songe à Mlle de Vinteuil, artiste du mal:

Une sadique comme elle est l’artiste du mal, ce qu’une créature entièrement mauvaise ne pourrait être, car le mal ne lui serait pas extérieur, il lui semblerait tout naturel, ne se distinguerait même pas d’elle ; et la vertu, la mémoire des morts, la tendresse filiale, comme elle n’en aurait pas le culte, elle ne trouverait pas un plaisir sacrilège à les profaner.[4]

C'est le sacrilège qui prouve le sacré, comme le dira Georges Bataille. Il y a donc vice par hypertrophie du sentiment moral. Il faut avoir connu l'envie pour atteindre la charité, l'idôlatrie pour atteindre la foi.
Quant à Bergotte, s'il n'est pas un Tartuffe, c'est que

Peut-être n’est-ce que dans des vies réellement vicieuses que le problème moral peut se poser avec toute sa force d’anxiété. Et à ce problème l’artiste donne une solution non pas dans le plan de sa vie individuelle, mais de ce qui est pour lui sa vraie vie, une solution générale, littéraire. Comme les grands docteurs de l’Église commencèrent souvent tout en étant bons par connaître les péchés de tous les hommes, et en tirèrent leur sainteté personnelle, souvent les grands artistes tout en étant mauvais se servent de leurs vices pour arriver à concevoir la règle morale de tous.[5]

On anticipe la leçon du Temps retrouvé. Les bons écrivains ont connu le vice, Dostoïevski, Henry Bataille, Musset, Baudelaire, on retrouve le cliché de Saint Augustin et de ses confessions. Mais ici il ne s'agit pas de conversion mais de double vie. Déjà dans Jean Santeuil, l'écrivain C. rendait visite au gardien de phare et par méchanceté pure chassait les oies:

Quand la femme du phare revint et, ne trouvant plus ses oies, se mit à crier, C. eut l'air de s'apercevoir seulement alors qu'elles n'étaient plus devant la maison. Mais il devait rire intérieurement, ce qui prouve qu'il n'était pas aussi bon que ces gens le croyaient.[6]

D'ailleurs il couchait avec la serveuse de l'auberge (''ajoute malicieusement Compagnon, sans qu'on comprenne s'il sourit de cette preuve définitive de vice ou de Proust fournissant cela comme preuve définitive du vice).
Mais C. était-il vraiment méchant? Proust cherche à définir la morale de l'écrivain:

Le don de poésie qui était en lui, était devenu peu à peu le centre de sa vie morale, et ses luttes de conscience avaient pris une autre forme. Le bien était ce qui favorisait son inspiration, le mal ce qui la paralysait.[7]

L'artiste a une autre exigence que les gens ordinaires. Sa seule morale est celle de l'œuvre. Le détour par l'idôlatrie est inutile. On a affaire ici à un certain cynisme: il ne s'agit pas du même égoïsme que celui des mortels.

Revenons à Bergotte:

Ce sont les vices (ou seulement les faiblesses et les ridicules) du milieu où ils vivaient, les propos inconséquents, la vie frivole et choquante de leur fille, les trahisons de leur femme ou leurs propres fautes, que les écrivains ont le plus souvent flétries dans leurs diatribes sans changer pour cela le train de leur ménage ou le mauvais ton qui règne dans leur foyer. Mais ce contraste frappait moins autrefois qu’au temps de Bergotte, parce que d’une part, au fur et à mesure que se corrompait la société, les notions de moralité allaient s’épurant, et que d’autre part le public s’était mis au courant plus qu’il n’avait encore fait jusque-là de la vie privée des écrivains ; et certains soirs au théâtre on se montrait l’auteur que j’avais tant admiré à Combray, assis au fond d’une loge dont la seule composition semblait un commentaire singulièrement risible ou poignant, un impudent démenti de la thèse qu’il venait de soutenir dans sa dernière oeuvre.

La vie de Bergotte est un "impudent démenti". Le narrateur reconnaît la dimension biographique, les événements choquants dont l'écrivain fait son œuvre. Mais le monde moderne est à la fois plus immoral et plus ouvert, il supporte moins le contraste. Vivre ainsi de façon contrastée était plus facile sous l'Ancien Régime.

Reste la question: Bergotte est-il bon, est-il méchant? La réponse est difficile et la question n'est peut-être pas pertinente.

Ce n’est pas ce que les uns ou les autres purent me dire qui me renseigna beaucoup sur la bonté ou la méchanceté de Bergotte. Tel de ses proches fournissait des preuves de sa dureté, tel inconnu citait un trait (touchant car il avait été évidemment destiné à rester caché) de sa sensibilité profonde.

Bergotte est les deux à la fois, bon et méchant, dur et d'une sensibilité profonde.

Mais dans une auberge de village où il était venu passer la nuit, il était resté pour veiller une pauvresse qui avait tenté de se jeter à l’eau, et quand il avait été obligé de partir il avait laissé beaucoup d’argent à l’aubergiste pour qu’il ne chassât pas cette malheureuse et pour qu’il eût des attentions envers elle. Peut-être plus le grand écrivain se développa en Bergotte aux dépens de l’homme à barbiche, plus sa vie individuelle se noya dans le flot de toutes les vies qu’il imaginait et ne lui parut plus l’obliger à des devoirs effectifs, lesquels étaient remplacés pour lui par le devoir d’imaginer ces autres vies.

L'écrivain se situe au-dessus des fautes ordinaires. Son art l'entraîne vers un épanouissement, une effusion du moi.
Bergotte épouse les foules dont il devient le peintre, il se noie dans toutes les vies qu'il imagine. Il atteint ainsi l'oubli de soi, l'altruisme sublime qu'est la vraie charité, cette dureté bourrue que presente la Charité de Giotto.

Mais en même temps, parce qu’il imaginait les sentiments des autres aussi bien que s’ils avaient été les siens, quand l’occasion faisait qu’il avait à s’adresser à un malheureux, au moins d’une façon passagère, il le faisait en se plaçant non à son point de vue personnel, mais à celui même de l’être qui souffrait, point de vue d’où lui aurait fait horreur le langage de ceux qui continuent à penser à leurs petits intérêts devant la douleur d’autrui. De sorte qu’il a excité autour de lui des rancunes justifiées et des gratitudes ineffaçables.[8]

On trouve ces mêmes remarques dans le premier carnet de La Recherche: «sa gentillesse avait augmenté sa sécheresse», si bien qu'il «passait auprès de sa famille pour le plus sec des hommes et pour le meilleur auprès des étrangers».
Le plus corrompu est le plus fidèle, ce sont des oppositions tout à fait beuviennes, à rapprocher de Baudelaire qui s'abaisse à faire des visites. On retrouve ainsi dans Contre Sainte-Beuve:

Quant à l'homme lui-même, il n'est qu'un homme et peut parfaitement ignorer ce que veut le poète qui vit en lui[9] [...]. Baudelaire se trompait-il à ce point sur lui-même?[10]

C'est toujours le même "dualisme si troublant". Baudelaire comme Bergotte s'ignorent. Ils sont les sujets d'un dualisme naturel qui fait remonter leur bonté à tout moment.

C'est cette caractéristique qui m'amène à parler de Dostoïevski. Le repas chez les Swann se termine, à la fin du passage le narrateur imagine Bergotte devant se défendre devant un tribunal avec une profonde méconnaissance de la réalité:

C’était surtout un homme qui au fond n’aimait vraiment que certaines images et (comme une miniature au fond d’un coffret) que les composer et les peindre sous les mots. Pour un rien qu’on lui avait envoyé, si ce rien lui était l’occasion d’en entrelacer quelques-unes, il se montrait prodigue dans l’expression de sa reconnaissance, alors qu’il n’en témoignait aucune pour un riche présent.

Bergotte est bien finalement un idôlatre, puisqu'il est amoureux des images.

Et s’il avait eu à se défendre devant un tribunal, malgré lui il aurait choisi ses paroles, non selon l’effet qu’elles pouvaient produire sur le juge, mais en vue d’images que le juge n’aurait certainement pas aperçues.

Et Bergotte manque de raison pratique. L'idée du tribunal est liée à celle de la double vie de Bergotte. Le juge est insensible aux images.
Je retiens l'idée que le narrateur place Bergotte dans un tribunal pour se défendre: si j'en avais eu le temps il aurait fallu parler de la Justice. Le narrateur ne croit pas à la justice ou il en a peur. Ainsi dans un autre passage, à propos d'Albertine:

En ce moment, tenant au dessus d’Albertine et de moi la lampe allumée qui ne laissait dans l’ombre aucune des dépressions encore visibles que le corps de la jeune fille avaient creusées dans le couvre-pieds, Françoise avait l’air de la “Justice éclairant le Crime”.[11]

C'est une allusion à un tableau de Prud'hon (Antoine Compagnon projette l'image), La Justice et la Vengeance divine poursuivant le Crime, peint en 1808 et qui sera accroché de 1808 à 1815 derrière le juge dans la salle des Assises (le tableau sera ensuite remplacé par une crucifixion).


Thémis la Justice accomgnée de Némésis, la vengeance, poursuit le crime. La notice historique décrit ainsi ce tableau: «La Justice et la vengeance poursuive le criminel. L'effet et l'idée de cette composition sont dans un bel accord, et la pensée générale en inspira très heureusement l'exécution. Le malfaiteur a cru se cacher avec son forfait dans l'ombre de la nuit, mais déjà le flambeau de la justice l'enveloppe d'une clarté sinistre. En vain il fuit, il ne peut échapper à la vengeance du remords; les deux inexorables déesses ont commencé son châtiment.»

Peut-être n'est-ce pas si grave que les juges ne comprennent pas Bergotte, puisque Bergotte est coupable. Nous sommes tous coupables, on se souvient des réflexions du narrateur lorsqu'il songe à sa vie après le départ d'Albertine:

Alors la vie me parut barrée de tous les côtés. Et en pensant que je n’avais pas vécu chastement avec elle, je trouvai, dans la punition qui m’était infligée pour avoir forcé une petite fille inconnue à accepter de l’argent, cette relation qui existe presque toujours dans les châtiments humains et qui fait qu’il n’y a presque jamais ni condamnation juste, ni erreur judiciaire, mais une espèce d’harmonie entre l’idée fausse que se fait le juge d’un acte innocent et les faits coupables qu’il a ignorés.[12]

C'est une image terrifiante de la justice qui nous rappelle celle de Joseph de Maistre pour qui il n'y a jamais d'erreurs judiciaire: nous sommes toujours coupables de quelque chose:

Comme il est très possible que nous soyons dans Terreur lorsque nous accusons la justice humaine d'épargner un coupable, parce que celui que nous regardons comme tel ne l'est réellement pas; il est, d'un autre côté, également possible qu'un homme envoyé au supplice pour un crime qu'il n'a pas commis, l'ait réellement mérité par un autre crime absolument inconnu.[13]

vision à rattaché bien entendu à Dostoïevski. Ce qui est présenté, c'est le sentiment d'une justice providentielle, d'un système global de compensation entre vices et vertus, et c'est sur fond que peut se développer l'altruisme le plus sublime.


la version de sejan

Notes

[1] Le Temps retrouvé, Clarac t3, p.774

[2] A l'ombre des jeunes filles en fleurs, Clarac t1, p.475 à 478

[3] Ibid., p.557-558

[4] Du côté de chez Swann, Clarac t1, p.164

[5] A l'ombre des jeunes filles en fleurs, Clarac t1, p.558

[6] Préface à Jean Santeuil, Pléiade, p.187

[7] Ibid.

[8] A l'ombre des jeunes filles en fleurs, Clarac t1, p.559

[9] Les dernières lignes de ce paragraphe sont extraite d'un autre cahier, où elles sont précédées de la mention suivante: «Ajouter à Baudelaire, quand je parle du poète qui désire être de l'Académie, etc. Suprême ironie, Bergson et les visites académiques»

[10] Contre Sainte-Beuve, "Sainte-Beuve et Baudelaire", Folio p.169

[11] Le côté de guermantes'', Clarac t2, p.360

[12] La Fugitive, Clarac t3, p.446

[13] Joseph de Maistre, Soirées de Saint-Pétersbourg, p.34