Voir ma note du 15 juin: ces notes ne sont que des notes, les éventuelles erreurs doivent m'être attribuées, seuls les actes du colloque feront foi.
J'ajoute des dates entre parenthèses, elles ont rarement été données tant elles allaient de soi pour les personnes présentes.


Michel Fédou, s.j., président du Centre Sèvres, la faculté jésuite de Paris, présente le sujet du congrès, "Réceptions des Pères et de leurs écrits au Moyen Âge - Le devenir de la tradition ecclésiale", évoque les différentes institutions qui ont contribué à son organisation et présente Rainer Berndt, s.j., président de la Société internationale pour l'Étude de la Théologie médiévale[1].

Celui-ci présente le programme des jours/des joies (son accent laisse un doute, même si son sérieux, non. (Quoique, de la part d'un jésuite, tout soit possible)) à venir. Ce programme couvre la période allant de la mort de Grégoire le grand († 604) à la Réforme à la fin du XVIe siècle et retrace l'histoire du fait religieux. Il ne s'inscrit pas dans la tendance du XIXe et XXe siècle de réhabilitation romantique du Moyen-Âge, mais dans le mouvement qui depuis quelques décades s'intéresse au Moyen-Âge hors de tout romantisme.
L'étude du christianisme au Moyen-Âge montre qu'il a tant imprégné la société qu'il intéresse tous les domaines du savoir. En particulier, on ne souligne pas assez l'importance qu'il a eu dans le développement de l'école, et donc dans l'apprentissage de la lecture et de l'écriture. L'hagiographie de la catéchèse, en multipliant le nombre de personnes sachant lire et écrire, a préparé l'essor de la science.
La formation théologique repose sur la philosophie, elle le lieu d'une discussion entre ceux qui veulent interpréter les Saintes Ecritures et ceux qui souhaitent un aggiornamento méthodologique.

Puis André Vauchez prend la parole et rappelle les deux ans de préparation qu'a demandé ce congrès. Il fait le vœu qu'il se tienne en mémoire de Jean-Claude Guy, grand spécialiste des apophtegmes des Pères de l'Eglise. Il souligne le rôle de l'Institut universitaire de France qui a permis à la recherche de haut niveau de se développer en France. S'intéresser à la transmission, la nachleben, c'est aussi s'interroger sur la non-transmission, et ses raisons. La transmission se situe au croisement de la théologie, de la philologie et de l'histoire.
Il cite encore quelques noms de spécialistes français du Moyen-Âge, Pierre Petitmangin dont les travaux sur Pélagie font le lien avec l'Antiquité), Jacques Le Goff et ses Exempla, Gilbert Dahan et L'exégèse,...
Il présente enfin François Dolbeau, antiquisant et médiéviste, spécialiste de Saint Augustin dont il a publié les 26 sermons au peuple d'Afrique et en a donné une édition commentée.


La formation du canon des Pères, du IVe au VIe siècle, par François Dolbeau

Ce qui manque à mes notes, ce sont les transitions. Tant pis.

Au Moyen-Âge, la culture des lettrés se formait par la lecture de la Bible à travers les Pères. Il existait une équivalence entre le tryptique Loi/prophètes/hagiographies et évangiles/apôtres/Pierre, on lisait les Memoralia de Job comme si c'était le livre de Job.

Comment et pourquoi les écrivains latins sont-ils devenus des doctores? Que sont le canon et les Pères? les Pères sont des auteurs ecclésiastiques. On sait que le bibliothécaire de Prüfening classait les auteurs en Patres antiqui et Patres moderni (la séparation se faisant avec la mort de Bède (†735)). Les Pères ont d'abord été les Pères de la Bible, les patriarches, puis les Pères de l'Eglise, des évêques, puis des prêtres et même des laïcs.
On distingue trois caractères qui leur sont commun: une autorité doctrinale, la sainteté, la reconnaissance de l'Eglise. Il y a également l'âge: ce sont souvent les plus âgés de leur communauté. S'agit-il de Patres ou de magister?

Un canon des Pères signifie, dans son acception moderne, un corpus d'autorité patristique. Un canon, c'est aussi une mesure et également un processus: le lent établissement d'une liste plus ou moins officielle des Pères ayant autorité.

Ce canon n'a pu commencé à se former qu'une fois le canon biblique arrêté, c'est-à-dire à partir du canon d'Alexandrie. Les critères utilisés pour retenir les textes du Nouveau Testament sont la date, l'orthodoxie, l'autorité et la catholicité (livre 2 d'Augustin). A la fin du IVe siècle, la liste des textes bibliques est fermée, on trouve des détails de la mise en place du canon dans les fragments de Muratori. Cette liste est quasi définitive dès Athanase, en 350/351 et lors du synode d'Hippone en 393. La décision sera reprise à Carthage en 397.
Il était nécessaire d'arrêter cette liste pour lutter contre les polémiques.
(En y réfléchissant, il manque ici d'importantes incises sur les livres retenus par les chrétiens et non par les juifs (les livres deutérocanoniques), et la définition d'apocryphe: dont l'auteur n'est pas connu et l'orthodoxie n'est pas sûre. Tout cela était à la fois précis et plein de nuances, j'ai préféré ne rien noter que noter de l'à-peu près (déjà que...)).

Une fois le canon scripturaire fixé, la patristique peut émerger.
Les Patres finissent par désigner des écrivains (ecclesie doctore) présentant des arguments patristiques, comme Léon le grand vers le milieu du Ve siècle.

Augustin est témoin et peut-être acteur de la fixation du canon scripturaire. En 395, les évêques ont débattu de ce qui pouvait être lu en assemblée: les récits de la vie des martyrs étaient exclus, sauf le jour anniversaire dudit martyre; car selon Augustin, rien ne pouvait être supérieur à l'autorité canonique des divines écritures. Les Ecritures ne pouvaient être mises en doute.
Mais alors, comment est-il possible de parler de canon des Pères?
C'est qu'Augustin est resté isolé dans sa position. Une tradition venue d'Orient à imposer le recours à des Pères faisant autorité. De même que la nécessité de séparer les livres saints des écritures apocryphes avait obligé de définir un canon scripturaire, de même la nécessité de séparer les écrivains orthodoxes des non orthodoxes a conduit à l'établissement d'un canon des Pères.

Le concile d'Ephèse a reconnu l'autorité d'Athanase.

L'argumentation patristique a recours à des citations des Pères. Pélage ira jusqu'à citer Augustin contre lui-même dans la controverse Augustin-Pélage, ce qui amènera Augustin à s'intéresser à l'utilisation des citations des Pères dans les controverses.
Désormais Augustin craint l'incompréhension et les malentendus, et en 420, il entreprend de relire et de corriger ses propres écrits.

L'argument scripturaire a autorité sur la patristique. En 434, Vincent de Lérins établit les règles permettant de reconnaître la vraie foi. Elles reposent sur deux piliers: l'autorité de la loi divine et la tradition (les grands conciles et les Pères).

Qui sont les Pères? Augustin ne voulait pas en être un.

Le décret pseudo-gélasien et Cassiodore fixent des listes d'autorité. Le rapprochement entre Pères et Ecritures est parallèle à celui d'apocryphes avec hérétiques.

Notes

[1] à laquelle on ne peut appartenir qu'en étant parrainé par deux membres (ça me plaît, il semble qu'ils craignent d'avoir trop d'adhérents).