A ce que j'ai compris, Grégoire de Naziance (†390), père grec, a été très vite connu en Occident pour ses lettres et ses discours qui faisaient autorité. En revanche, ses poèmes n'ont été reconnus que tardivement, leur contenu semblait impropre à un père de l'Eglise.
Cette courte présentation m'a donné grande envie de lire ces poèmes, qui paraissent aborder de nombreux sujets avec une grande liberté de ton et de pensée. (Je ne suis pas sûre que cela apparaissent à la lecture de mes notes qui s'attachent avant tout au factuel, à l'histoire, aux querelles, bref, à tout ce que je ne sais pas.)

Finalement, ce qui a été étonnant tout au long de ces trois jours, c'est que bien que ne parlant qu'entre spécialistes, chaque intervenant n'hésitait jamais à redonner une définition, préciser le contenu d'un dogme ou la raison d'un schisme, sans jamais jargonner, tout en distribuant des feuilles de citations entièrement en latin.

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Le deuxième concile œcuménique de Constantinople en 381 affirme la divinité du Christ contre la position des ariens. On peut dater de ce moment la césure entre le monde antique païen et le Moyen-Âge chrétien.

Grégoire le théologien a subi l'influence d'Augustin. Ses poèmes ne sont connus en Occident à la fin du XVe siècle. Ce sont des poèmes longs et difficiles qui abordent tous les genres; ils racontent sa vie en trimèdes iambiques. Ils ont été rédigés durant la retraite cappadocienne de Grégoire.
Celui-ci a également écrit un centon sur la divine tragédie de la Passion à partir d'Eschyle, ce qui fera scandale en Occident quand ce sera connu: comment celui qui avait dit que la Vierge était restée ferme dans l'épreuve pouvait-il la montrer en larmes?
Cela ne choquait pas l'Orient qui défendait la nature divine et humaine de la Vierge. En Occident, cette polémique n'était pas connue.

Les poèmes ont été connus très tôt en Orient, les latins ne les ont connus que beaucoup plus tard.

détour : quelques querelles contemporaines de Grégoire: Les Nestoriens reconnaissaient les deux natures du Christ mais n'acceptaient pas qu'elles soient contenues ensemble au même moment dans un seul corps. Les biophysistes, eux, refusaient la nature physique du Christ.
L'Eglise posa que l'hypostase du Christ est de deux natures, divine et physique. Les poèmes de Grégoire défendaient ces deux natures. Ils donnaient le titre de "Mère de Dieu" à Marie.

Nous ne possédons pas de manuscrits grecs de toute l'œuvre. Au XVe siècle, les conciles de Bâle et Florence vont permettre la diffusion de quatre manuscrits qui auront une influence sur Nicolas de Cues.

Ici, je ne sais plus de qui et de quoi a parlé André Thuillier: un excellent diplomate (c'était un Vénitien, a-t-il ajouté comme si cela expliquait tout) qui aurait racheté un ou des manuscrits des poèmes de Grégoire de Naziance? Je ne sais plus.

Les poèmes de Grégoire de Naziance commentés par David Nicetas seront solennellement reçus au concile de Ferrare-Florence de 1438-1439. Cette œuvre entrait ainsi en Occident. Elle contribua à la réflexion trinitaire du concile.