Elle est assez constante, à Rome, au XVIIe siècle. En voici le schème complet, avec pape dans la famille. Un pape, donc, par exemple Paul V (Gamillo Borghese). Puis des neveux dont on a fait des cardinaux, ainsi le neveu de Paul V, le fameux Scipion Borghese. Il faut aussi une église en chantier (toujours dans le cas de la famille Borghese, c'est Saint-Pierre) et un architecte (G. Maderno). Et encore un palais, pour la vie laïque de la famille, et dont les travaux se poursuivent indépendamment des constructions proprement pontificales: c'est le Palais Borghese, sur le Quirinal, à quoi il faut ajouter les villas: la Villa Borghese sur le Pincio, avec son grand parc, et une autre à Frascati. Ne pas oublier une chapelle de famille dans une grande église (Santa Maria Maggiore). Pour les travaux, etc., un grand peintre: les Borghese ont patronné Caravage, mais vite et surtout le Guide (dont l'Aurore fut peinte au Casino proche du palais) et avec lui tout le milieu des peintres bolonais, qui battront plus tard en retraite à l'avènement d'Urbain VIII. La structure, en effet, est toujours ébranlée par la mort des papes, et la prédominance des tendances en peinture s'explique en grande partie par ces successions de faveur, souvent contradictoires (mais pas toujours). A la mort de Paul V, par exemple, Scipion Borghese, grand amateur, est abandonné, son rôle s'achève. Et le nouveau neveu, sous Grégoire XV, est le cardinal Ludovico Ludovisi, qui accapare les artistes disponibles, mais, en fait, encore les Bolonais, Dominiquin et Guerchin, sous la férule esthétique de Monsignor Agucchi (cf. Denis Mahon, Studies in Seicento Art and Theory, Londres, 1947). C'est avec la famille Barberini que s'imposent les Florentins.

Yves Bonnefoy, Rome 1630, Flammarion 1970, note 7, p.170