Je ne ferai pas de compte-rendu exhaustif cette année, mais un seul et même post repris de semaine en semaine reprenant les quelques idées et références que je pense pouvoir m'être utiles.
Pour quelque chose de complet, voir sejan.

Barthes n'a pas prononcé le 19 janvier 1980 les mots qu'il avait prévus de prononcer et que l'on trouve aujourd'hui dans la version publiée de son cours Préparation du roman.
Faire de sa vie une œuvre: Chateaubriand, Proust, Stendhal, Gide, Montaigne.
L'écriture n'est plus l'enregistrement de la vie qui passe, mais la transformation de la vie par l'écriture. Il s'agit d'écrire la mort.

Pourquoi Barthes n'a-t-il pas prononcé ces phrases? L'écriture biographique était alors très mal vue dans les milieux qui l'entouraient, à droite comme à gauche.
On accusait les écritures du Moi
- soit de trop raconter le Moi (abus. critique de droite. maître à penser: Julien Benda avec La littérature byzantine.)
- soit de ne pouvoir le faire (aporie. critique de gauche. maître à penser Maurice Blanchot)

Benda reprenait une réflexion de Brunetière dans un article paru dans La Revue des deux mondes, "L'écriture personnelle". Brunetière y démontrait que l'écriture personnelle s'attache à l'individu contre le général, à l'anecdote (le bizarre) contre le lieu commun.

Une troisième voie est offerte par Jean Paulhan qui dans Les fleurs de Tarbes propose de partir du lieu commun à la recherche de la littérature.

Un peu de cuistrerie : je prévois deux citations à venir, une de Barthes «Dès lors le but de tout ceci n'est-il pas de se donner le droit d'écrire un "journal"?» ("Roland Barthes par Roland Barthes", p.90) et une de Proust «[...] c'est ici que je [Odette] travaille» (sans d'ailleurs préciser si c'était à un tableau, peut-être à un livre, le goût d'en écrire commençait à en venir aux femmes qui aiment à faire quelque chose et à ne pas être inutiles)» (A l'ombre des jeunes filles en fleurs p 616, Pléiade T1).