Aragon en 1938

Il me présente à Aragon. Jeune, beau, mais entouré d'un halo démoniaque. Il y a vraiment chez cet homme quelque chose de gênant. On pense à une vipère. Sarcastique, gouailleur, âpre, véhément à la moindre occasion, comme un homme à bout de nerfs. Il éclate lorsque je lui dis qu'en ce qui concerne l'Autriche, il est un peu tard pour s'enthousiasmer:
— Mais il y a d'autres pays à sauver qui peuvent encore être sauvés…

Ses plaisanteries vous serrent le cœur. Il y a de l'inhumain dans ses moindres propos.

[…]

Aragon me fait peur: il a un visage de prédestiné — mais un double visage. Janus qui semble fait pour deux destins: celui du bourreau (avec quelle froideur il enverrait au poteau ses ennemis, ses anciens amis) et celui du condamné, qui lèvera un jour, vers le peloton, son masque pâle qu'un rictus satanique éclairera.

Claude Mauriac, Les Espaces imaginaires, p.14-15 (4 avril 1938)
(Finalement, c'est la description d'un fanatique.)

Retour sur quelques blogs

J'ai déjà cité certains, je récidive :

  • dans les blogs givrés (je veux dire obsessionnels, mono-maniaques) :

. celui-ci consacré essentiellement à Mariette Lydis (et Montherlant);
. celui-ci à Gide;
. Norwitch à W.G. Sebald mais pas que, comme le prouve la liste de droite. Blog géographique, blog de lieux.

  • ludique (l'auteur de la citation du jour est quelque part dans le nuage à droite) :

. emm. & m.

  • littéraires avec éditeur québéquois

. Antoine Bréa (dont sa traduction de Dante)
. Emmanuel Régniez (parution à venir (le 6 mars?))

  • ceux que j'ai cru perdus :

. Touraine sereine, le blog de GC (Guillaume Cingal);
. Images volées des temps enfuis, le nouveau blog de Bernard Alapetite, qui apparaît à plusieurs reprises dans Kråkmo. [1].

  • un "classique" (vieux blogueur) que je n'ai jamais cité ici :

. la page de Pierre Cormary. Je mets le lien vers un billet sur Houellebecq parce que j'aime beaucoup la phrase «C'est le chauffe-eau qui a commencé», mais évidemment, ceux qui suivent mes diverses tribulations comprendront ma tendresse pour cette sobre illustration.

Et toujours mes favoris (ne soyez pas jaloux), Fine Stagione et Weimar.

Notes

[1] 30/12/2012 : ce blog a disparu, mais vous pouvez retrouver son successeur ici

Le figuier et le bouleau

Ce dont je ne parle jamais ici: de l'attention passionnée avec laquelle je regarde grandir le figuier que j'ai ramené, il y a quelques années, de Malagar (un rejet arraché devant la maison «de l'homme d'affaire»). Ou le bouleau, pris il y a neuf ans dans la forêt de Rambouillet, si petit alors, qu'une branche de groseiller lui servait de tuteur. Elle a pris racine et se trouve toujours là, minuscule au pied de l'arbre devenu si grand qu'il s'élève haut par-dessus le mur qui sépare le jardin du verger.

Claude Mauriac, ''Les Espaces imaginaires'', p.469 (6 décembre 1973)
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