Suite à la remarque sous cette photo, je copie l'extrait adéquat de la préface de Mary McCarthy à Feu pâle tel qu'il est traduit dans le numéro de L'Arc consacré à Nabokov:
The world is a sportive work of art, a mosaic, an iridescent tissue. Appearance an 'reality' are interchangeable; all appearance, however deceptive, is real. Indeed it is just this faculty of deceptiveness (natural mimicry, trompe l'oeil, imposture), this power of imitation, that provides the key to Nature's cipher. Nature has 'the artistic temperament'; the galaxies, if scanned, will be an iambic line.
Kinbote and Shade (and the author) agree in a detestation of symbols, except those of typography and, no doubt, natural science ('H2O is a symbol for water').
They are believers in signs, pointers, blazes, notches, clues, all of which point into a forest of associations, a forest in which other woodmen have left half-obliterated traces. All genuine works contain pre-cognition of other works or reminiscences of them (and the two are the same), just as the flying lizard already possessed a parachute, a fold of skin enabling it to glide through the air.

Mary McCarthy, "A Bolt from the Blue" paru dans The New Republic en juin 1962.
Le numéro 24 de L'Arc (1964) a été réédité en 1985 sous le numéro 99. Dans son introduction, René Micha explique que les deux numéros sont identiques, rien n'a été ajouté ou retranché.%%%Il est le traducteur de l'article de McCarthy.
Le monde est une œuvre d'art, une œuvre pleine de gaîté, une mosaïque, une étoffe étincelante. L'apparence et la réalité sont interchangeables. Toute apparence, fût-elle trompeuse, est vraie. C'est précisément la faculté de tromper (le mimétisme, le trompe-l'œil, l'imposture) qui nous donne la clé de la Nature. La Nature a le sens artistique: scrutez les galaxies, elles forment des iambes.
Kinbote, Shade et l'auteur s'accordent à détester les symboles, sauf ceux que fournit la typographie ou la science naturelle («H2O est le symbole de l'eau»). Ils croient aux signes: aux signaux, aux feux, aux entailles, aux indices: à toutes les marques, claires ou moins claires, que d’autres ont laissées dans l’infinie forêt des associations. Toute œuvre renvoie aux œuvres du passé et préfigure les œuvres à venir (les deux vont ensemble): tout de même que le lézard volant possède un parachute, une plissure de la peau qui lui permet au moment voulu de glisser sur l'air.

Mary McCarthy, "Feu Pale" dans L'Arc n°99 (1985), p.16
«La cohérence échevelée» est donc du pur Camus, et non une citation.