Visitant mon propre jardin, qui vraiment non é gran ché, une femme très aimable, mais vraiment très très très aimable — au point qu'on pouvait se demander si elle ne se moquait pas —, disait un jour:

«Et puis, quelle bonne idée d'avoir su lui laisser un air pas trop appliqué…»

Eh bien, Drachmann, je l'ai appris, et les personnes qui veillent sur sa maison (très bien), théorisent et officialisent ce point de vue, et ils en observent rigoureusement les principes, bien commodes, il est vrai, pour les paresseux. […]
[…] Pour peu qu'on n'ait pas de trop hautes et trop constantes exigences d'art («Et puis, quelle bonne idée de n'accrocher pas seulement des chefs-d'œuvre…»), la visite est délicieuse, et elle donne l'illusion de pénétrer doucement l'âme danoise. Ce n'est pas une chose aisée, Shakespeare nous l'a assez appris — et combien, en cela, cette âme est universelle.

Renaud Camus, Demeures de l'esprit - Danemark Norvège, "Villa Pax, Skagen, Jutland", pp.21-23