J'ai découvert ainsi que le P. Thomas Philippe s'était conduit sans grandeur, avec une conception de la loyauté, de l'honneur, de la fidélité aux amitiés et à ce qu'on savait vrai, que je lui laisse et ne lui envie nullement. Il ne s'est pas contenté d'exécuter une mission qu'il n'aurait d'abord pas dû accepter, qu'on [ne] lui aurait même pas demandé s'il avait été l'homme qu'il devait être — car il il y a des choses qu'on ne demande pas à certaines personnes…; il a renchéri sur la condamnation romaine, il a épousé avec conviction des griefs qu'il savait ou avait su et devait savoir être faux. Il a, en plein chapitre réuni pou la visite, et devant le P. Chenu lui-même, accusé celui-ci de modernisme, de dévaloriser l'intelligence dans la théologie. Cela, je ne l'accepterai jamais. Je voudrais, sur mon lit de mort, au moment de paraître devant Dieu, avoir assez de forces et de lucidité pour attester solennellement, pour protester, pour dire que le P. Chenu a été condamné injustement, par une coterie misérable de gens médiocres, ignorants et sans caractère.

Yves Congar, Journal d'un théologien, p.53-54