L'aveu de Heidegger
Par VS, lundi 5 novembre 2012 à 07:53 :: Towarnicki, Frédéric (de) :: #1993 :: rss
Puis il y eut cette matinée d'été. Nous étions dans le jardin et parlions de la Grèce. Je luis dis soudain, avec une vivacité à laquelle l'esprit malin du vin de Bade n'était pas étranger, que son engagement désastreux en 1933 avait plongé ses amis français dans un bel embarras. Pourquoi à cette époque avait-il fait cela? Je me souviens que Mme Heidegger me regarda, pétrifiée. Surpris, après un moment de silence, Heidegger se pencha vers moi avec l'expression grave de quelqu'un qui s'apprête à livrer un grand secret: «Dummheit». Par stupidité.
Je songeai à une phrase que m'avait dite un jour Ernst Jünger et qui renversait singulièrement la perspective: «Ce n'est pas tant Heidegger qui devait passer le reste de sa vie à demander pardon pour s'être engagé quelques mois en 1933, mais plutôt Hitler qui devrait se mettre à genoux dans sa tombe et implorer son pardon pour l'avoir trompé et mystifié à ce point.»
Frédéric de Towarnicki, À la rencontre de Heidegger - Souvenirs d'un messager de la Forêt-Noire, p 25 (Gallimard - Arcades)
Commentaires
1. Le lundi 5 novembre 2012 à 08:30, par Patrick
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