Coming out

Pour Rémi.

Durant des années, lorsque j'arrivais à une fête, je savais bien que si jamais ils devaient se manifester, ce ne serait pas tout de suite, de but en blanc. J'avais beau passer des heures à jeter des regards par-ci par-là, mon radar intérieur était incapable de les distinguer. Je pouvais attendre ainsi vainement. En ma présence, ils ne se faisaient pas de signe.

Or depuis que j'ai fait mon coming out en public, beaucoup me déclarent d'emblée, avec une poignée de main complice: "J'en suis un, moi aussi."

Aujourd'hui, dès mon entrée, une flopée de gens s'agglutinent autour de moi, et j'entends fuser: "Moi aussi!", "Moi aussi!". Et je ne parle même pas des mails innombrables reçus au cours de ces dernières années et contenant des déclarations du genre: "Je me réjouis de pouvoir au moins t'écrire. Karol."

Une fois que nous nous sommes dévoilés, j'observe avec satisfaction que la bonne humeur nous gagne instantanément, tandis que nos visages se détendent. Même dans un lieu inconnu et étranger, nous ressentons une attirance mutuelle.

Et s'il nous est donné de partager notre plaisir, ne serait-ce que quelques minutes, on remarque tout de suite la passion que nous, les tchécophiles, éprouvons pour la Tchéquie.

[…] Elle constitue cette part de notre personalité qui nous fait défaut.

Mariusz Szscygieł, Chacun son paradis, p.15 (Actes Sud, 2012)

Kafka tchèque

En lisant Chacun son paradis, je me dis que la part tchèque de Kafka est sans doute sous-estimée. Allemand et juif, certes, mais vivant à Prague:
[A propos de l'opéra Nagano] Une fois de plus, la culture tchèque semble aller au-devant d'un besoin naturel de la société, mais elle y répond par une vision d'héros manqué. Le pathétique se dépathétise, et l'héroïsme n'a plus rien d'héroïque.
Au lieu de saisir l'occasion pour dépeindre avec franchise les célèbres gladiateurs, elle utilise le faux-fuyant le plus noble qui soit — l'ironie.

Mariusz Szscygieł, Chacun son paradis, p.62 (Actes Sud, 2012)

Association d'idée à propos du CNU

Pour Guillaume : le récit de Pierre Hadot à propos des nominations au CNRS. Il est possible que cela ait changé, mais rien n'est moins sûr. (Remarque: je ne sais rien de rien ni sur le CNU, ni sur ce qui se passe en ce moment.)

J'ai appartenu au CNRS pendant quatorze ans à peu près. Etant donné la précarité de la situation des chercheurs à cette époque-là, qui était la période encore presque héroïque du CNRS, je m'étais inscrit dans un syndicat, la CFDT, pour être si possible défendu en cas de licenciement. Et comme d'ailleurs les effectifs de la CFDT n'étaient pas très grands à cette époque, j'ai même été obligé d'assumer certaines fonc­tions syndicales, dans le secteur des sciences humaines, alors que Mademoiselle Yon, biologiste, s'occupait des sciences exactes. Il s'agissait par exemple, quand les chercheurs ont eu le droit d'avoir des délégués dans les commissions, de choisir des représentants de la CFDT qui pourraient y siéger. J'ai moi-même été élu dans la commission de philosophie à titre syndical. Cela m'a permis de participer au fonctionne­ment du CNRS et de voir comment cela se passait. A mon humble avis, à cette époque, la manière dont les chercheurs étaient recrutés était assez défectueuse. C'était le principe do ut des [«je donne pour que tu donnes»] qui régnait.

Exemple caractéristique : pendant une séance à laquelle j'ai participé, le président de la commission, qui avait quelques semaines auparavant choisi les rapporteurs qui devaient lire en séance leurs appréciations sur le dossier de tel ou tel candidat, avait donné le dossier de son poulain à Monsieur X, et avait pris, lui, pour en faire le rapport, le dossier du poulain de Monsieur X. Mais j'ai su après coup qu'il avait préparé deux rapports : un rapport favorable, dans le cas où Monsieur X remplirait le contrat, un autre défavo­rable, dans le cas où Monsieur X ne le remplirait pas. Il s'est trouvé que Monsieur X a rempli son contrat. Le candidat du président a donc été admis, et, par suite, le poulain de Monsieur X. Aux yeux de ce président, peu importait la valeur réelle du candidat de Monsieur X. Il était seulement un moyen de récompense ou de vengeance.

Par ailleurs, le syndicat CFDT n'était pas très puissant au CNRS, du moins à cette époque, si bien que pour être admis comme chercheur, il fallait être soutenu par le syndicat national des chercheurs scientifiques, lié à la FEN. Lorsque, devenu directeur d'études à l'EFHE, après 1964, j'ai voulu présenter un candidat, qui était quelqu'un de tout à fait remarquable, et qui a fait ses preuves depuis, je n'ai pas réussi à le faire admettre. Pendant trois années de suite, j'ai présenté le même candidat, sans résultat. Après quoi je lui ai dit faites-vous présenter par l'autre syndicat; allez voir Untel. Il a été pris immédiatement, l'année d'après. Donc le recrutement ne se faisait pas selon la valeur des candidats, mais selon la politique syndicale.

On nous avait demandé, en 1968 ou 1969, des conseils pour la réforme du CNRS. Dans une lettre au directeur des Sciences humaines de l'époque, j'ai écrit qu'il serait bon de choisir un système analogue à celui qui existe à l'étranger, soit en Allemagne, soit en Suisse, et je crois aussi au Canada, où, qu'il s'agisse du recrutement d'un chercheur ou de la constitution d'un laboratoire de recherches, ou d'une subvention pour un livre, on demande un rapport à des spécialistes extérieurs à la Commission et qui même, très souvent, sont étrangers au pays.

Cette prépondérance de certaines personnalités universi­taires ou syndicales a nui, je pense, dans certains secteurs, au développement harmonieux du CNRS, au moins dans le domaine des Sciences humaines. Quand j'étais dans la Commission de philosophie, j'avais coutume de dire : dans la nature, c'est la fonction qui crée l'organe, mais au CNRS, c'est l'organe qui crée la fonction. Je voulais dire par là que, si le puissant professeur ou le puissant syndicaliste Untel avait envie d'avoir un laboratoire subventionné, il lui suffisait de présenter un vague projet de recherche, qui était tout de suite jugé indispensable, sans que la Commission se demande sérieusement si ce projet était vraiment urgent et utile, dans le cadre général de la discipline. J'avais d'ailleurs fait rire un jour une Commission de réforme du CNRS, en parlant, dans une métaphore terriblement incohérente, des «requins qui se taillent la part du lion». J'avais l'excuse d'être furieux.

Pierre Hadot, La philosophie comme manière de vivre, Albin Michel - 2001, p.81 à 85

Babel - Actes Sud

En sortant Esplanade de la Défense, je remarque une grande affiche pour les livres Babel, la collection de poche d'Actes Sud. Un titre me frappe, à peu près au centre de l'affiche, Un été sans les hommes. Je pense à Tlön qui a défini un jour Actes Sud comme «l'éditeur préféré des filles», je vérifie machinalement le nom des auteurs en continuant de marcher sur le quai, je ne vois que des femmes (je marche, j'attrape les noms, je ne détaille pas l'affiche), et je me demande in petto pourquoi cette maison qui publie Histoire d'un Allemand, Gottland ou Le Voleur de Bible se concentre sur cette cible marketing.
C'est sans doute celle qui rapporte.

C'est une illustration moderne des mécanismes de la connaissance ésotérique: publicité pour ce qui est grand public, secret (ou discrétion) pour ce qui est réservé au petit nombre de ceux qui sauront trouver ce qui leur est destiné.

Gottland de Mariusz Szczygiel

A la bibliothèque Malraux, il y a une boîte en carton avec une affichette "déposez ici les livres que vous recommandez aux autres lecteurs". Il est beaucoup plus facile de les emprunter que de lire les livres recommandés par un ami, qu'on craint toujours de décevoir en n'aimant pas sa recommandation (ou pire d'être soi-même déçu en découvrant ce qu'apprécie cet ami). La recommandation anonyme comporte moins de risques.
Si j'ai pris ce livre, avouons-le, c'est à cause du nom imprononçable de l'auteur (Chtchiguiéou, à peu près).
Ce fut un coup à l'estomac.

Si vous devez lire un livre cette année, c'est celui-ci. Cela vous permettra, quand il sera connu de tous, d'avoir la satisfaction de l'avoir lu avant les autres, avant qu'il ne soit connu.

C'est un livre fascinant et glaçant. Si 1984 était la fiction théorique, il est l'expérimentation pratique. Quand vous l'aurez fini — ou même pendant votre lecture — je vous mets au défi de ne pas aller googeuliser quelques noms pour vérifier que rien n'est inventé. (Hélas, il semble bien que non).

La quatrième de couverture est stupide, elle parle de "petits contes cruels". Ce ne sont pas des contes, ce n'est pas petit (mais c'est cruel). Szczygieł est un journaliste polonais amoureux de la Tchécoslovaquie, comme Tabucchi du Portugal. Il a mené des enquêtes, et ce qu'il écrit, ce sont des articles, dans une langue claire, sans commentaire, allant à l'essentiel.

Le livre retrace la vie de quelques Tchèques, plus ou moins connus. Les articles sont classés par ordre chronologique des périodes historiques. Le premier récit raconte la vie des frères Bata (les chaussures), le second celui de la maîtresse de Goebbels, le troisième celle de la statue de Staline à Prague (construction et démolition), et ainsi de suite, jusqu'à l'immolation par le feu de Zdenek Adamek en 2003 dans un signe de protestation en miroir de celui de Jan Palach.

Humour, silence, résistance. Comment survivre? En pliant, en se taisant. S'ils veulent survivre en tant que peuple, les Tchèques sont trop peu nombreux pour se payer le luxe d'une résistance ouverte. Ce qui frappe, c'est qu'ils paraissent ne plus sortir de ce silence, même aujourd'hui. Ce qui frappe, c'est la capacité à supporter le malheur. Ce qui frappe, c'est que les victimes semblent prêtes à oublier et pardonner, tandis que les complices par passivité en veulent à leurs victimes, encore aujourd'hui. Ils doivent vivre avec eux-mêmes, et c'est difficile.

Voici quelques extraits, volontairement peu nombreux. Je ne voudrais pas vous gâcher le choc de la découverte.

L'humour:
Depuis quelques années, on dit à Prague: "Avec l'Union soviétique pour l'éternité, et pas une minute de plus."

Mariusz Szczygiel, Gottland, p.50 (Actes Sud, 2008)
Exemple de novlangue :
Mes observations de la langue tchèque me conduise à faire un constat. En effet dans la situation où quelqu'un dirait: "J'ai eu peur d'en parler", "Je n'ai pas osé le demander", "Je l'igorais totalement", un Tchèque dira plutôt:
ON N'EN PARLAIT PAS,
ON NE LE SAVAIT PAS,
ON NE LE DEMANDAIT PAS.

Ibid, p.113
L'impossibilité de trouver une place au cimetière pour le corps d'un homme s'étant opposé au régime en 1968:
Le cimetière du quartier de Motol a un air de campagne. Petit et coquet, il est situé en haut d'une colline, au milieu des arbres, et il suffit de tourner le dos à la petite chapelle pour oublier complètement la ville d'un million et demi d'habitants qui s'étale en bas.
Le directeur du cimetière, qui faisait également office de fossoyeur, était en train de dîner lorsque trois femmes et un homme frappèrent à la porte de sa maison, à peine plus grande qu'un tombeau. Il faisait nuit. Il devait être surpris: qui pouvait bien venir chercher une place au cimetière à une heure pareille?
— Je parcours la ville dans les sens et je ne trouve pas d'endroit pour enterrer mon mari, commença la plus âgée des femmes.
Ils avaient l'air fatigués. Depuis le matin, ils s'étaient rendus tous les cimetières, et partout on leur avait dit que la ville n'acceptait plus de morts.
Le fossoyeur les fixa des yeux:
— Comment ça, vous parcourez la ville?
Ils ne répondirent pas.
Comme s'il flairait une tension, le chien se mit à aboyer.
— Et il est mort de quoi, au juste? demanda le fossoyeur, dérouté par leur silence. ("Nous nous taisions, tels des enfants qui auraient commis une bêtise", se souveint aujourd'hui la plus jeune des femmes.)
L'homme qui les accompagnait sortit alors une feuille de sa poche. Le fossoyeur l'examina. Il lut le diagnostic, l'âge du patient (quarante-deux ans), puis porta son regard vers le nom écrit en lettres capitales et comprit le problème. Il aspira profondément, en sifflant:
— Je suis vraiment désolé, dit-il en leur rendant la feuille. Mon cimetière est rempli à ras bord…
— Mon Dieu, c'est le huitième… fit une des femmes.
Il la regarda.
— …mais j'ai ici une tombe. La mienne.
[…]
— Très volontiers, répondit-elle. Mais vous… comment allez-vous faire, plus tard?
— Ne vous inquiétez pas. Je me débrouillerai. Il y aura toujours une place ici pour un fossoyeur. C'est la seule consolation dans ce triste métier.
— Ecrire n'est pas un métier très réjouissant non plus, remarqua le visiteur.

Ibid, p.127-128
Le croque-mort, M.Vyborny, est mort dix ans après Prochazka. Il n'a jamais pu retrouver une place aussi belle.

Ibid, p.154

La ponctuation, une question de rythme et de structure

[…]
Autre chose: si vous vous chargez du Faucon, auriez-vous l'amabilité d'y aller doucement avec les corrections? Je ne souhaite pas faire de la défense de mon système de ponctuation un enjeu particulier, mais j'y suis cependant très attaché, et je pense qu'il s'accorde avec le rythme et la structure de mes phrases. Les premières quarante pages du Sang maudit ont été révisées en leur insufflant un train d'enfer (le plus véloce possible pour les lecteurs un peu lents?) et le reste du livre, tout le contraire. Le résultat fut que, ayant obligeamment accepté la plupart des corrections dans cette première partie, je me suis retrouvé avec fort à faire sur le reste du manuscrit, à tenter de rétablir l'équilibre pour que l'ensemble ait l'air d'avoir été écrit par le même auteur.

Dashiell Hammet, La mort c'est bon pour les poires, p.69 (Allia, 2002)

Prémonitoire

Le coffre et les ailes étaient en bouillie, la malle bâillait comme la bouche d'un idiot de village en train d'expliquer qu'il ne connaît rien à rien. Les portières haussaient les épaules. Le pare-chocs était presque vertical. «La présidence à Ronald Reagan», clamait un placard qui y adhérait encore.

Kurt Vonnegut, Abattoir 5, début du chapitre 9 (1971, Points Seuils - paru en 1969 aux Etas-Unis)

J'illustre Abattoir 5

J'en suis au début. Je suis frappée de retrouver exactement les noms de l'été dernier: Cape Cod, Cape Anne, l'endroit où Washington a traversé le Delaware, Pittsburgh (ne pas oublier le "h"). J'ai une photo pour compléter l'une des premières anecdotes du livre — que je suppose vraie.
En même temps que je me préparais à devenir anthropologue, j'étais aussi correspondant judiciaire à la célèbre Agence de presse de Chicago pour vingt-huit dollars par semaine.

[…]

Je dus dicter mon premier papier à une de ces garces. C'était au sujet d'un jeune démobilisé qui avait été engagé comme garçon d'ascenseur dans un vieil immeuble administratif. Au rez-de-chaussée, la grille d'ascenseur enroulait ses volutes de métal. Le lierre de fer forgé s'échappait par tous les trous. Il y avait un rameau de fer forgé sur lequel se perchaient deux perruches.

Notre civil frais émoulu décide de ramener sa benne au sous-sol, ferme la porte et amorce sa descente mais son allliance s'était accrochée dans les ornements. Le voilà suspendu dans le vide tandis que le plancher s'abaisse, se dérobe sous ses pieds; le plafond l'écrabouille. C'est la vie.

Je téléphone l'article et la brave dame qui allait composer le stencil m'interroge: «Quelle a été la réaction de sa femme?»
— Elle n'est pas encore au courant, ça vient de se produire.
— Appelez-la pour avoir une réaction.
— Hein?
— Racontez que c'est la police, que vous êtes le capitaine Finn. Vous avez une mauvaise nouvelle. Annoncez-la lui et voyez un peu ce qui se passe.»
Ce que je fais. Elle prend les choses comme on pouvait s'y attendre. Un enfant. Et tout ça.

Quand j'arrive au bureau, la rédactrice s'enquiert, pour sa gouverne personnelle, de l'allure qu'avait l'écrabouillé au moment de l'écrabouillage.
Je la lui décris.
«Ça vous a secoué?» me harcèle-t-elle. Tout en croquant des friandises «Trois Mousquetaires».
«Bon Dieu, non, Nancy. J'ai assisté à pire que cela pendant la guerre.»

Kurt Vonnegut, Abattoir 5, p.17-18 (collection Points Seuil, 1971)


J'ai une photo des friandises. Elle a été prise l'été dernier quelque part en Pennsylvanie, entre Salamanque et Punxsutawney, dans une station service au milieu de nulle part dans les montagnes Alleghenies.



Elle a été prise parce que j'avais et j'ai encore l'idée de faire une anthologie des références aux Trois Mousquetaires depuis que j'ai rencontré ce titre dans la bibliothèque d'une mosquée dans La Voie cruelle. Il y a bien sûr Slumdog Millionnaire.
Et puis ces barres, cet été, que je retrouve maintenant au début d'Abattoir 5. Les trois mousquetaires seront à nouveau évoqués plus loin, mais cette fois pour ce que représente leur équipe, un groupe soudé qui fait front et sort victorieux des défis.

Le passage de la Mer rouge : je vous propose un jeu

Exode, chapitre 14

1- Yahvé parla à Moïse et lui dit:
2- Dis aux Israélites de rebrousser chemin et de camper devant Pi-Hahirot, entre Migdol et la mer, devant Baal-Çephôn ; vous camperez face à ce lieu, au bord de la mer.
3- Pharaon dira des Israélites : "Les voilà qui errent dans le pays, le désert s'est refermé sur eux."
4- J'endurcirai le cœur de Pharaon et il se lancera à leur poursuite. Je me glorifierai aux dépens de Pharaon et de toute son armée, et les Égyptiens sauront que je suis Yahvé. " C'est ce qu'ils firent.
5- Lorsqu'on annonça au roi d'Égypte que le peuple avait fui, le cœur de Pharaon et de ses serviteurs changea à l'égard du peuple. Ils dirent : " Qu'avons-nous fait là, de laisser Israël quitter notre service!"
6- Pharaon fit atteler son char et emmena son armée.
7- Il prit six cents des meilleurs chars et tous les chars d'Égypte, chacun d'eux monté par des officiers.
8- Yahvé endurcit le cœur de Pharaon, le roi d'Égypte, qui se lança à la poursuite des Israélites sortant la main haute.
9- Les Égyptiens se lancèrent à leur poursuite et les rejoignirent alors qu'ils campaient au bord de la mer - tous les chevaux de Pharaon, ses chars, ses cavaliers et son armée - près de Pi-Hahirot, devant Baal-Çephôn.
10- Comme Pharaon approchait, les Israélites levèrent les yeux, et voici que les Égyptiens les poursuivaient. Les Israélites eurent grand-peur et crièrent vers Yahvé.
11- Ils dirent à Moïse: "Manquait-il de tombeaux en Égypte, que tu nous aies menés mourir dans le désert ? Que nous as-tu fait en nous faisant sortir d'Égypte?
12- Ne te disions-nous pas en Égypte: Laisse-nous servir les Égyptiens, car mieux vaut pour nous servir les Égyptiens que de mourir dans le désert?"
13- Moïse dit au peuple: "Ne craignez pas! Tenez ferme et vous verrez ce que Yahvé va faire pour vous sauver aujourd'hui, car les Égyptiens que vous voyez aujourd'hui, vous ne les reverrez plus jamais;
14- Yahvé combattra pour vous ; vous, vous n'aurez qu'à rester tranquilles.
15- Yahvé dit à Moïse : " Pourquoi cries-tu vers moi ? Dis aux Israélites de repartir.
16- Toi, lève ton bâton, étends ta main sur la mer et fends-la, que les Israélites puissent pénétrer à pied sec au milieu de la mer.
17- Moi, j'endurcirai le cœur des Égyptiens, ils pénétreront à leur suite et je me glorifierai aux dépens de Pharaon, de toute son armée, de ses chars et de ses cavaliers.
18- Les Égyptiens sauront que je suis Yahvé quand je me serai glorifié aux dépens de Pharaon, de ses chars et de ses cavaliers."
19- L'Ange de Dieu qui marchait en avant du camp d'Israël se déplaça et marcha derrière eux, et la colonne de nuée se déplaça de devant eux et se tint derrière eux.
20- Elle vint entre le camp des Égyptiens et le camp d'Israël. La nuée était ténébreuse et la nuit s'écoula sans que l'un puisse s'approcher de l'autre de toute la nuit.
21- Moïse étendit la main sur la mer, et Yahvé refoula la mer toute la nuit par un fort vent d'est ; il la mit à sec et toutes les eaux se fendirent.
22- Les Israélites pénétrèrent à pied sec au milieu de la mer, et les eaux leur formaient une muraille à droite et à gauche.
23- Les Égyptiens les poursuivirent, et tous les chevaux de Pharaon, ses chars et ses cavaliers pénétrèrent à leur suite au milieu de la mer.
24- A la veille du matin, Yahvé regarda de la colonne de feu et de nuée vers le camp des Égyptiens, et jeta la confusion vers le camp des Égyptiens.
25- Il enraya les roues de leurs chars qui n'avançaient plus qu'à grand-peine. Les Égyptiens dirent: " Fuyons devant Israël car Yahvé combat avec eux contre les Égyptiens!"
26- Yahvé dit à Moïse: "Étends ta main sur la mer, que les eaux refluent sur les Égyptiens, sur leurs chars et sur leurs cavaliers."
27- Moïse étendit la main sur la mer et, au point du jour, la mer rentra dans son lit. Les Égyptiens en fuyant la rencontrèrent, et Yahvé culbuta les Égyptiens au milieu de la mer.
28- Les eaux refluèrent et recouvrirent les chars et les cavaliers de toute l'armée de Pharaon, qui avaient pénétré derrière eux dans la mer. Il n'en resta pas un seul.
29- Les Israélites, eux, marchèrent à pied sec au milieu de la mer, et les eaux leur formèrent une muraille à droite et à gauche.
30- Ce jour-là, Yahvé sauva Israël des mains des Égyptiens, et Israël vit les Égyptiens morts au bord de la mer.
31- Israël vit la prouesse accomplie par Yahvé contre les Égyptiens. Le peuple craignit Yahvé, il crut en Yahvé et en Moïse son serviteur.


L'hypothèse est que ce texte est le résultat de la fusion de deux textes d'âge et de sources différents.
Le jeu consiste à reconstituer les deux textes à partir de la syntaxe, du vocabulaire, des acteurs, actants, etc.

J'ai entre les mains une solution possible (cette feuille est sans référence, je suppose que c'est l'œuvre d'un de nos professeurs). Je vous donne le début:

Le texte ancien commence au verset 5: Lorsqu'on annonça au roi d'Égypte que le peuple avait fui, le cœur de Pharaon et de ses serviteurs changea à l'égard du peuple. Ils dirent : " Qu'avons-nous fait là, de laisser Israël quitter notre service!"

Le document sacerdotal commence par les quatre premiers versets. 1- Yahvé parla à Moïse et lui dit: 2- Dis aux Israélites de rebrousser chemin et de camper devant Pi-Hahirot, entre Migdol et la mer, devant Baal-Çephôn ; vous camperez face à ce lieu, au bord de la mer. 3- Pharaon dira des Israélites : "Les voilà qui errent dans le pays, le désert s'est refermé sur eux." 4- J'endurcirai le cœur de Pharaon et il se lancera à leur poursuite. Je me glorifierai aux dépens de Pharaon et de toute son armée, et les Égyptiens sauront que je suis Yahvé. " C'est ce qu'ils firent.

Répartissez de façon plausible les versets suivants.
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