« Pourquoi, pourriez-vous demander à un cannibale, mangez-vous des hommes?» [Évidemment c'est une question, surtout si on est avec un cannibale!] Il vous répondrait que, en fait, ceux qui connaissent les cannibales savent qu'ils ne mangent pas d'hommes. Ils risquent d'être mis à mort sur-le-champ pour avoir attenté à la vie d'un homme. «Mais, pourriez-vous protester, je viens juste de vous voir en mettre un dans la marmite. —Ce n'était pas un homme, répondrait-il, en agitant la tête. —Qu'est-ce qu'un homme? demanderiez-vous anxieusement, conscient de l'extrême importance de la réponse à cette question… — Un membre de la tribu…»

Raymond J. Nogar, Le Seigneur de l'absurde, note manuscrite, archives de l'évêché d'Oran, dossier 79.03, cité par Pierre Claverie, Petit traité de la rencontre et du dialogue, Cerf, 2004, p.34