Le concept de Dieu après Auschwitz

Rivages Poche, (1984), 1994 traduit par Philippe Ivernel.

Préalables :
1/ Kant : la théologie spéculative appartient à la raison pratique. Il est raisonnable et légitime de s'interroger sur le sens de Dieu même si aucune réponse n'est possible (vérifiable).
2/ Il s'agit du Dieu juif: Dieu unique et très bon.

La question : comment Dieu a-t-il pu laisser mourir son peuple à Auschwitz? Pourquoi n'est-il jamais intervenu?

Si l'on considère les trois attributs de Dieu, bonté, toute-puissance, intelligibilité, on s'aperçoit qu'une réponse logique n'est possible que si seuls deux attributs sont vrais simultanément:
Si Dieu est tout-puissant et bon et qu'il a laissé se produire Auschwitz, alors il est inintelligible, incompréhensible. Or la Torah, la Révélation, postule que Dieu se révèle et nous parle, que nous pouvons le comprendre à notre mesure.
Si Dieu est tout-puissant et intelligible et qu'il a laissé se produire Auschwitz, alors il n'est pas bon. Or la bonté fait partie du concept de Dieu, pour nous. (citation p.31: «La bonté, c'est-à-dire la volonté de faire le bien, est certainement indissocable de notre concept de Dieu […]). Intelligible et bon, Dieu n'est donc pas tout-puissant. S'il a laissé Auschwitz se produire, c'est qu'il ne pouvait pas l'empêcher.

Comme l'ont expliqué certains cabalistes, Dieu a retenu sa puissance (tsimtsoum) pour faire de la place à la création. Il a tout donné à l'homme, c'est maintenant à l'homme de lui donner. Dieu dépend désormais des hommes, il a besoin de notre aide, comme l'a exprimé Etty Hillesum: «[…] Vous ne pouvez nous aider, nous devons Vous aider à nous aider […]» cité en note 12 p.44)


Dans l'essai qui suit, Catherine Chalier pose alors la question suivante: « […] quelle différence existe-t-il entre la pensée d'une transcendance sans puissance et l'affirmation de son inexistence?»
Il existe une autre façon de concevoir Dieu que comme l'ultime recours contre l'horreur. Elle nous est donnée par ceux justement qui ont témoigné d'un Dieu proche jusque dans leur dénuement. Les maîtres de la Torah ont insisté sur ce Dieu au cœur du monde et non à ne trouver qu'aux limites de la science ou de la catastrophe. La responsabilité de la création pèse sur les hommes, mais ceux-ci peuvent vivre avec Dieu à leur côté s'ils sont capables de l'entendre:
En effet, le Dieu qui, selon la tradition cabaliste surtout, est avec les hommes, ne ressemble pas à une puissance qui maîtrise le cours des choses. Ce Dieu leur a dit qu'ils doivent apprendre à vivre sans cette hypothèse rassurante mais infantile, tout en leur promettant qu'ils peuvent Le rencontrer, dès maintenant, quand ils consentent à entendre Sa parole comme à eux adressée et à Lui répondre, avec cette difficulté, insurmontable pour beaucoup, que seule la réponse permet d'entendre l'appel.

Catherine Chalier, "Dieu sans puissance in Le concept de Dieu après Auschwitz, p.65

Comment vivre avec vingt-quatre heures par jour ?

Le titre est un pastiche des titres du genre Comment vivre avec cinq euros par jour. Ecrit en 1910, c'est l'ancêtre des livres de développement personnel, avec la particularité d'être écrit par un Anglais : un livre de self-help à l'humour british.

La méthode tient en une phrase : apprenez à vous concentrer. Le but : devenir spécialiste dans un domaine aimé en y consacrant une heure et demie trois soirs par semaine.

Le plus étonnant : l'auteur considère que le but le plus haut qu'on puisse se proposer est l'étude de la poésie.
En revanche, lire des romans ne présente pas d'intérêt particulier car cela ne demande aucun effort (or le but est de s'améliorer).
Mais si vous n'aimez pas la poésie, concentrez-vous sur le domaine de votre choix.


De quoi l'écouter en anglais.

Deux lectures recommandées par ce livre (je ne vérifie pas si elles existent en français):
- William Hazlitt, On poetry in general (Hazlitt n'a même pas une page wikipedia en français).
- Elizabeth Browning, Aurora Leigh

Martha Nussbaum's Feminist internationalism

in Ethics vol 111/1, octobre 2000. p64-78

Synthèse en 30 secondes.

Pourquoi la dénonciation des inégalités politiques, sociales, économiques que subissent les femmes partout dans le monde n'est-elle pas mieux prise en compte par le droit international et les instances internationales? (par opposition à l'abolition de la torture ou la dénonciation du racisme, par exemple, très largement acceptés)

D'une part cette prise en compte se heurte aux Etats qui lui opposent la tradition, les mœurs, la religion: les droits des femmes passent en second derrière ces domaines. Toute signature d'accord international donne lieu à une liste impressionnante d'exceptions de la part des pays signataires.

D'autre part les femmes elles-mêmes ne sont pas d'accord entre elles. Les femmes des pays hors Occident s'opposent notamment au concept d'universalité (des droits universels) qui leur rappelle trop l'Occident et les colonies et souhaitent l'examen de leur conditions particulières selon le pays, la classe, la race, etc. Elles revendiquent une place plus importante accordée aux droits sociaux et économiques avant les droits civils et politiques (première revendication des femmes en Occident).

Deux outils ou méthodes sont proposés comme options :
"le voyage autour du monde", qui revient à voir le monde à travers les yeux des autres (méthodes en trois phases, voir Maria Lugones, «Playfullness, 'World travelling' and Loving perception»);
Une méthode similaire est le "transversalisme" qui consiste à rester enraciné dans son histoire et son identité tout en se déplaçant pour comprendre les racines des autres femmes en dialogue.
Une autre méthode est "la communauté imaginaire" proposée par Chandra Mohanty (concept emprunté à Bendict Anderson) qui permet une "amitié horizontale" et une alliance politique et stratégique qui ne nivelle pas les différences de statuts entre les différentes femmes.


NB : à vrai dire ces méthodes sont peu expliquées dans l'article et mériteraient un développement à part entière.
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