Traduction à la volée de l'extrait ci-dessous.

«Comment allons-nous vivre à l'ère atomique?» Je suis tenté de répondre: «Eh bien, de la même façon que vous auriez vécu au XVIe siècle quand la peste sévissait à Londres quasi chaque année, ou de la façon où vous auriez vécu à l'époque des Vikings quand chaque nuit des pillards scandinaves pouvaient accoster et vous trancher la gorge; ou tout simplement comme vous vivez déjà, à l'époque du cancer, de la syphillis, de la paralysie, des détournements d'avion, des accidents de chemins de fer ou d'automobiles.

En d'autres termes, ne nous exagérons pas la nouveauté de notre situation. Croyez-moi, cher monsieur ou chère madame, avant que la bombe atomique ne soit inventée vous et tous vos proches étiez déjà condamnés à mort ; et un pourcentage élevé d'entre nous va mourir de façon déplaisante. En fait, nous avions un immense avantage sur nos ancêtres — les anesthésiques, et nous l'avons encore. Il est parfaitement ridicule de gémir et d'afficher une tête de six pieds de long parce que les scientifiques ont ajouté une méthode de mort violente et prématurée à un monde qui en regorge — monde dans lequel la mort n'est pas une possibilité mais une certitude.

C'est le premier point à souligner et la première action à entreprendre est de nous ressaisir. Si nous devons tous disparaître sous une bombe atomique, faisons en sorte que cette bombe nous trouve en train de nous conduire comme des êtres humains — en train de prier, travailler, enseigner, lire, écouter de la musique, baigner les enfants, jouer au tennis, bavarder avec nos amis autour d'une pinte et d'un jeu de fléchettes — et non massés ensemble comme des moutons apeurés, obsédés par la bombe. Ils peuvent briser nos corps (un microbe peut faire cela) mais il ne doivent pas dominer nos esprits.

C.S. Lewis, Préoccupations de notre temps (1986, posthume)
"How are we to live in an atomic age?" I am tempted to reply: "Why, as you would have lived in the sixteenth century when the plague visited London almost every year, or as you would have lived in a Viking age when raiders from Scandinavia might land and cut your throat any night; or indeed, as you are already living in an age of cancer, an age of syphilis, an age of paralysis, an age of air raids, an age of railway accidents, an age of motor accidents.

"In other words, do not let us begin by exaggerating the novelty of our situation. Believe me, dear sir or madam, you and all whom you love were already sentenced to death before the atomic bomb was invented: and quite a high percentage of us are going to die in unpleasant ways. We had, indeed, one very great advantage over our ancestors—anaesthetics; but we have that still. It is perfectly ridiculous to go about whimpering and drawing long faces because the scientists have added one more chance of painful and premature death to a world which already bristled with such chances and in which death itself was not a chance at all, but a certainty.

"This is the first point to be made: and the first action to be taken is to pull ourselves together. If we are all going to be destroyed by an atomic bomb, let that bomb when it comes find us doing sensible and human things—praying, working, teaching, reading, listening to music, bathing the children, playing tennis, chatting to our friends over a pint and a game of darts—not huddled together like frightened sheep and thinking about bombs. They may break our bodies (a microbe can do that) but they need not dominate our minds."

C.S. Lewis, Present Concerns