Billets pour la catégorie Balzac, Honoré (de) :

Les jours s'en vont je demeure.

Je n'avais jamais fait attention au fait que ce qui demeurait était une demeure.
Quoique cette cabane dût au voisinage de la ville quelques améliorations complétement perdues à deux lieues plus loin, elle expliquait bien l'instabilité de la vie à la quelle les guerres et les usages de la Féodalité avaient si fortement subordonné les moeurs du serf, qu'aujourd'hui beaucoup de paysans appellent encore en ces contrées une demeure, le château habité par leurs seigneurs.

Honoré de Balzac, Les Chouans, p. 1097, 1829 - Pléiade tome VIII

La note qui force le respect

Pierre Abraham (Créatures chez Balzac, 1931, p.127) a recensé onze personnages masculins aux yeux verts dans La Comédie humaine.

note 2 de la page 964 se trouvant p.1721 du tome VIII des œuvres de Balzac. (Note à propos des Chouans)

Petit artifice typographique

L'avertissement du « Gars », qui ne sera publié qu'en 1931, nous apprend incidemment que Balzac a lu Tristram Shandy:
[...] quant à tous les critiques enfin, ils pourront, en m’adressant des avis, me trouver dans mes possessions d’Espagne où nulle voix ne parvient, et voici sur quoi j'appuie mon humble dédain, sifflant à leurs oreilles le lilla burello de mon oncle le capitaine Tobie Shandy.

Honoré de Balzac, "Avertissement du « Gars »", p.1679, Pléiade t.VIII
La trace de cette lecture se retrouve sous une forme plus matérielle à la fin de l'introduction de la première édition des Chouans, en 1829:
Si quelques considérations matérielles peuvent trouver place après tous ces credo politiques et littéraires, l'auteur prévient ici le lecteur qu'il a essayé d'importer dans notre littérature le petit artifice typographique par lequel les romanciers anglais expriment certains accidents du dialogue.

Dans la nature, un personnage fait souvent un geste, il lui échappe un mouvement de physionomie, ou il place un léger signe de tête entre un mot et un autre de la même phrase, entre deux phrases et même entre des mots qui ne semblent pas devoir être séparés. Jusqu'ici ces petites finesses de conversation avaient été abandonnées à l'intelligence du lecteur. La ponctuation lui était d'un faible secours pour deviner les intentions de l'auteur. Enfin, pour tout dire, les points, qui suppléaient à bien des choses, ont été complètement discrédités par l'abus que certains auteurs en ont fait dans ces derniers temps. Une nouvelle expression des sentiments de la lecture orale était donc généralement souhaitée.

Dans ces extrémités, ce signe — qui, chez nous, précède déjà l'interlocution, a été destiné chez nos voisins à peindre ces hésitations, ces gestes, ces repos qui ajoutent quelque fidélité à une conversation que le lecteur accentue alors beaucoup mieux et à sa guise.

Ainsi, pour en donner ici un exemple, l'auteur pourrait faire ce soliloque: « J'aurais bien fait un errata pour les fautes qu'une impression achevée en hâte a laissées dans mon livre; mais — qui est-ce qui lit un errata ? — personne.»

Honoré de Balzac, "Introduction de la première édition" [des Chouans], p.901, Pléiade t.VIII
En effet, le — est très largement utilisé dans Tristram Shandy.
Une note (p.1687) nous précise que ce « petit artifice typographique » ne sera plus utilisé dans l'édition Vimont en 1834.
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