Extrait de la lettre de démission de l'Académie de langue et de littérature (de Darmstadt)
Si l'on songe à quel point, peu importent les circonstances, un seul poète ou écrivain est déjà ridicule et difficilement supportable à la communauté des hommes, on voit bien combien plus ridicule et intolérable encore est un troupeau entier d'écrivains et de poètes, sans compter ceux qui sont persuadés d'en être, entassés en un seul endroit! Au fond tous ces dignitaires ayant rallié Darmstadt aux frais de l'Etat ne s'y réunissent que dans le but, après une année stérile passée à se haïr à distance, de se raser mutuellement durant une semaine supplémentaire.

Thomas Bernhard, Mes prix littéraires, p.150, "A propos de ma démission", Gallimard, 2010