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Billets pour la catégorie Bloom, Allan :

vendredi 4 décembre 2009

Sauver son âme / sauver sa peau

La morale de la survie a pris la place de l'héroïsme au sommet de l'échelle des qualités qu'on admire.

Allan Bloom, ''L'âme désarmée'', p.92 (1987)

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Seuls ceux qui sont disposés à courir des risques et prêts à croire à l'improbable sont aptes désormais à tenter l'aventure du livre.

Allan Bloom, L'âme désarmée, p.69 (1987)

Adams et Mencken

Il faut être un maboul ou un bouffon (je pense respectivement à Henry Adams et à Henry Louis Mencken) pour attirer l'attention du public en disant qu'on ne croit pas à la démocratie.

Allan Bloom, L'âme désarmée, p.57 (1987)

jeudi 3 décembre 2009

Le Père Noël

Alors que j'étais jeune professeur à Cornwell, j'ai eu un jour une discussion sur l'éducation avec un professeur de psychologie. Sa fonction, me disait-il, consistait à venir à bout des préjugés de ses élèves, il les abattait comme des quilles! J'ai commencé alors à me demander par quoi il remplaçait ces préjugés; mais il ne paraissait pas avoir la moindre idée de ce que pouvait être le contraire d'un préjugé. Il me faisait penser au petit garçon qui, quand j'avais quatre ans, m'avait gravement informé que le Père Noël n'existait pas: il souhaitait m'inonder de la brillante lumière de la vérité. Est-ce que le professeur avec qui je discutais à Cornell savait ce que ces préjugés représentaient pour ses élèves et quel effet produirait sur eux le fait d'en être privés? S'imaginait-il qu'il existe des vérités qui puissent les guider dans leur existence comme le faisaient les préjugés? Avait-il envisagé de leur inspirer l'amour de la vérité nécessaire pour rechercher des croyances sans préjugés, ou avait-il l'intention de les rendre passifs, indifférents et soumis à des autorités telles que leur professeur ou ce qu'il y a de meilleur dans la pensée contemporaine? Le gamin qui m'avait informé de l'inexistence du Père Noël se contentait, lui, de faire de l'esbroufe pour montrer sa supériorité à mon égard; et après tout, je ne pense pas qu'il était si malin que ça. Il fallait bien que quelqu'un eut inventé le Père Noël pour qu'il puisse, lui, en nier l'existence! Pensons plutôt à tout ce que nous apprenons sur le monde en nous fondant sur la croyance des hommes au Père Noël; songeons à tout ce que nous apprenons sur l'âme de ceux qui y croient. Si l'on ampute l'âme de l'imagination qui projette sur les murs de la caverne les dieux et les héros, on n'en favorise pas la connaissance; on se contente de lobotimiser l'âme et d'estropier ses pouvoirs.

>J'ai donc répondu au professeur de psychologie qui était mon interlocuteur que, quant à moi, j'essayais au contraire d' ''enseigner'' à mes élèves des préjugés, car à l'heure actuelle, compte tenu du succès général de sa méthode, ils avaient appris à douter de toutes les croyances avant de croire eux-mêmes à quoi que ce fût. Sans moi, l'excellement professeur se serait retrouver au chômage! Avant d'entreprendre de douter systématiquement et radicalement de tout , Descartes disposait de tout un monde merveilleux de vieilles croyances, d'expériences préscientifiques et d'interprétations du monde, convictions auxquelles il était fermement et même fanatiquement attaché. Il faut avoir fait l'expérience de la vraie croyance pour pouvoir jouir de l'expérience de la libération. J'ai donc proposé à mon collègue une division du travail selon laquelle j'aiderais à faire pousser les fleurs dans les prairies, après quoi il pourrait les faucher.

Allan Bloom, L'âme désarmée, p.43 (1987)
Alph a trouvé note de lecture à propos du Père Noël supplicié de Claude Lévi-Strauss.

Opinions et vérité

Le fait qu'il y ait eu à différentes époques et en différents lieux des opinions diverses sur le bien et le mal ne prouve nullement qu'aucun de ces opinions n'est vraie ni supérieure aux autres. Dire une chose pareille, c'est aussi absurde que de prétendre que la diversité des points de vue exprimés lors d'une d'une discussion universitaire à bâtons rompus démontre qu'il n'existe pas de vérité.

Allan Bloom, L'âme désarmée, p.40 (Julliard 1987)

mercredi 2 décembre 2009

A la recherche du bien

Allan Bloom explore les vices de raisonnement qui sous-tendent les changements de l'éducation des jeunes Américains à partir des années 60 : une volonté de tolérance à tout prix et l'abandon de la recherche du bien commun.
[…] Ainsi le refus de distinguer devient-il un impératif moral, parce qu'il s'oppose à la discrimination. Cette idée délirante signifie qu'il n'est pas permis à l'homme de rechercher ce qui est naturellement bon pour lui et de l'admirer quand il l'aura trouvé, car une telle recherche aboutit à la découverte de ce qui est mauvais et débouche sur le mépris.

Allan Bloom, L'âme désarmée, p.29

Dangereuse vérité

Allan Bloom explore les vices de raisonnement qui sous-tendent les changements de l'éducation des jeunes Américains à partir des années 60 : une volonté de tolérance à tout prix et l'abandon de la recherche du bien commun.
Autrefois le monde entier était aliéné; les hommes croyaient toujours avoir raison et cela a conduit aux guerres, aux persécutions, à l'esclavage, à la xénophobie, au chauvinisme et au racisme. L'objectif n'est pas de corriger ces erreurs et d'avoir vraiment raison, mais de ne pas s'imaginer qu'on a raison. Celui qui croit à la vérité représente un danger.

Allan Bloom, L'âme désarmée, p.24

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