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Billets pour la catégorie Bonnefoy, Yves :

lundi 21 juillet 2008

Le baroque et l'illusion

Il est hors de doute que l'illusion, et l'expérience de la désillusion, jouent un rôle déterminant dans la conscience du XVIIe siècle. Mais cela ne permet pas de caractériser le baroque, car le plus important n'est pas si l'on a ou non le «sens» de telle réalité, c'est la manière d'y réagir. Or, de ce point de vue, on peut distinguer plusieurs modes d'être. Par exemple, conscience prise de l'illusion, on peut avoir tendance à se leurrer toujours plus, dans l'étourdissement d'une fête, dont le lendemain sera, soit la contrition ascétique, soit ce redoublement de la mise, cet héroïsme du pur paraître qui est le «courage» de Don Juan. Et ainsi nous retrouvons face à face l'ascète et le libertin. Mais le baroque n'est ni l'un ni l'autre de ces deux mouvements de la conscience, ce serait plutôt leur fusion. Disons que la conscience «baroque» accepte l'illusion comme telle et en fait la donnée fondamentale avec quoi il s'agit, non de se résigner au néant, mais de produire de l'être. La désillusion baroque (berninienne) est ainsi le moment déjà positif par lequel le néant aperçu se reconvertit en présence (cf. le mouvement hélicoïdal des colonnes torses). Nous ne sommes que ce masque, oui, mais le masque en tant que masque, cela peut être du réel, puisque Dieu fait de l'être avec du néant. Point besoin de courage ou de vertu, mais de foi. Le bien baroque n'est pas le contraire du mal, mais celui du doute. Il faut même que la vie se révèle bien comme un songe pour que, dans l'écroulement des fausses preuves, apparaisse glorieusement la nécessité de la grâce.

Yves Bonnefoy, Rome 1630, Flammarion 1970, note 22, p.179

La famille Barberini

Principaux membres de la famille: Maffeo Barberini, d'abord, devenu pape sous le nom d'Urbain VIII. Né à Florence en 1568, il est à Rome définitivement à partir de 1617, et il est élu à la succession de saint Pierre en 1623, le 6 août, à l'âge de 55 ans. — Il nomme alors cardinal son neveu Francesco, âgé de 26 ans, et un an plus tard son frère Antonio, qui est moine capucin. Ce dernier sera le cardinal de S. Onofrio, à ne pas confondre avec le suivant. Car Urbain VIII élève aussi à la dignité de cardinal, en 1627, son autre neveu Antonio, âgé de 19 ans, cependant qu'il fait de son autre frère Carlo, homme d'affaires, le commandant en chef de ses forces terrestres et navales. Carlo meurt en 1630, et c'est l'occasion des bustes du Bernin. Lieutenant-général sous les ordres de Carlo était son fils Taddeo (20 ans au moment de l'élection) qui lui succède. Il est nommé préfet de Rome en 1631, avec renouveau de cette antique fonction. C'est Taddeo que son oncle chargea de rénover le palais acheté aux Sforza aux Quatre-Fontaines. Sur la famille Barberini, cf. Haskell, op. cit., ch. 2, Pope Urban VIII and his entourage, pp. 24-62. Et R. Pecchiai, I Barberini, Rome, 1959.

Yves Bonnefoy, Rome 1630, Flammarion 1970, note 8, p.173

samedi 5 juillet 2008

La structure du prestige

Elle est assez constante, à Rome, au XVIIe siècle. En voici le schème complet, avec pape dans la famille. Un pape, donc, par exemple Paul V (Gamillo Borghese). Puis des neveux dont on a fait des cardinaux, ainsi le neveu de Paul V, le fameux Scipion Borghese. Il faut aussi une église en chantier (toujours dans le cas de la famille Borghese, c'est Saint-Pierre) et un architecte (G. Maderno). Et encore un palais, pour la vie laïque de la famille, et dont les travaux se poursuivent indépendamment des constructions proprement pontificales: c'est le Palais Borghese, sur le Quirinal, à quoi il faut ajouter les villas: la Villa Borghese sur le Pincio, avec son grand parc, et une autre à Frascati. Ne pas oublier une chapelle de famille dans une grande église (Santa Maria Maggiore). Pour les travaux, etc., un grand peintre: les Borghese ont patronné Caravage, mais vite et surtout le Guide (dont l'Aurore fut peinte au Casino proche du palais) et avec lui tout le milieu des peintres bolonais, qui battront plus tard en retraite à l'avènement d'Urbain VIII. La structure, en effet, est toujours ébranlée par la mort des papes, et la prédominance des tendances en peinture s'explique en grande partie par ces successions de faveur, souvent contradictoires (mais pas toujours). A la mort de Paul V, par exemple, Scipion Borghese, grand amateur, est abandonné, son rôle s'achève. Et le nouveau neveu, sous Grégoire XV, est le cardinal Ludovico Ludovisi, qui accapare les artistes disponibles, mais, en fait, encore les Bolonais, Dominiquin et Guerchin, sous la férule esthétique de Monsignor Agucchi (cf. Denis Mahon, Studies in Seicento Art and Theory, Londres, 1947). C'est avec la famille Barberini que s'imposent les Florentins.

Yves Bonnefoy, Rome 1630, Flammarion 1970, note 7, p.170

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