Billets pour la catégorie Citations RC :

A la peine

(j'écris en marchant. I'm a pen. — Yeah, in the ass...)

Renaud Camus, Journal d'un voyage en France, p.323

Pas faux…

On peut toujours compter sur moi pour aller jusqu'au bout de mes bêtises.

Renaud Camus, Journal d'un voyage en France, p.250

Fort de Brégançon

Je lui ai dit n'être pas parvenu à voir le fort présidentiel. Il confirme que c'est impossible:

— Surtout avec le gardien, c't' un ancien gendarme, l'est féroce. Normalement, on peut y aller que par la mer. Même le président, y doit passer par le grand-duc de Luxembourg. Quand y sera brouillé avec le duc, y pourra plus y aller, à son fort, parce qu'il faut qu'il le traverse, le duc.

Renaud Camus, Journal d'un voyage en France, p.216

Pour que la vérité soit proclamée

Le préfet de discipline m'associait peut-être inconsciemment au vieux mendiant à la barbe blanche à cause de l'épisode du duffle-coat. Il était sûr de m'avoir vu suivre ce malheureux en criant et en dansant: trois heures de retenue le jeudi. Je refuse le châtiment: grande retenue, tout un dimanche. Qui aurait cru à mon innocence contre la certitude d'un préfet? Je suis sûr qu'il était de bonne foi. J'allais être renvoyé. J'ai subi mes neuf heures de retenue. Mais peut-être ai-je désiré, alors, d'être écrivain pour pouvoir encore le proclamer, un jour, par un autre moyen, à la face du monde, et de l'abbé G. qui l'un ni l'autre ne me liront: jamais je n'ai crié Père Noël, place Bansac, après ce vieux mendiant à barbe blanche.

Renaud Camus, Journal d'un voyage en France, p.134

D'une grand-mère l'autre

Je connaissais la Sévigné bretonne, la Sévigné provençale, la Sévigné parisienne et même la Sévigné bourbonnaise, mais la Sévigné bourguignonne, dont il est beaucoup question par ici, m'avait échappée jusqu'à présent. J'allais m'étonner de ce que ma grand-mère ne m'en ait jamais parlé, mais je me suis souvenu à temps que c'était la grand-mère du narrateur, pas la mienne, qui était une spécialiste de la marquise, ainsi que de George Sand; la mienne n'était une spécialiste que d'Eugénie et Maurice de Guérin, de Francis Jammes et de la comtesse de Noailles.

Renaud Camus, Journal d'un voyage en France, p.56

Fidélité

Et de plus d'un ami qui me jugeais léger et infidèle quand nous nous voyions trois ou quatre fois par semaine, j'ai cherché patiemment la trace et le souvenir quand depuis longtemps il m'avait oublié.

Renaud Camus, Journal d'un voyage en France, note en bas de page 38

L'art de la profiterole

[...] rappelle-moi un jour, ô lecteur, de te placer ma tirade sur les profiteroles au chocolat, dont la sauce n'est plus jamais brûlante, when it's obviously the whole point.

Renaud Camus, Journal d'un voyage en France, p.33

Les voisins invisibles

Jérôme et Paméla V. me racontaient, cet été, avoir partagé, au cours d'un dîner au Cercle Européen de Cocody, une petite table avec une femme charmante et un inconnu. Avec la jeune femme, ils avaient longuement parlé de La Recherche et de ses personnages. Au dessert, l'inconnu avait dit:

— C'est bizarre, je suis à Abidjan depuis trois ans et pourtant je n'ai rencontré aucun de vos amis.

Renaud Camus, Journal d'un voyage en France, p.32

Citation utile

Je n'y arrive pas, je n'y arrive pas, je n'y arrive pas, je n'y arrive absolument pas.

Renaud Camus, Au nom de Vancouver, p.197

Prochaine réincarnation

La seule consolation est que les Lettres, de toute façon, ne sont probablement pas, de nos jours, la meilleure voie vers la gloire. Aurais-je été Pascal Quignard ou Yves Bonnefoy, je ne suis pas sûr que ma présence eût suscité beaucoup plus d'émoi. Alain Finkielkraut, peut-être? Michel Houellebecq? Philippe Sollers, sûrement. La prochaine fois, oui, j'essaierai d'être Philippe Sollers.

Renaud Camus, Au nom de Vancouver, p.269

Obscurité

Si trois ou quatre [photographies] sont utilisables, absolument sans plus, je pourrai m'estimer satisfait — la plupart sont tout à fait ratées: je ne suis décidément pas un maître de la lumière basse, et, cette maison de Loti, on y voit comme dans le cul d'un... (non, rien (je n'aurais, d'ailleurs, sauf pour l'éclairage, que du bien à dire du cul des..., dont j'ai quelques souvenirs délicieux (mais bon))).

Renaud Camus, Au nom de Vancouver, p.237

Gothico-iroquois

Entre la fille, en grande tenue gothico-iroquoise, ou l'équivalent du moment: énormes godillots haut montant, minuscule minijupe de cuir d'où dépasse une jupette aux broderies grand-mère, chaînes, cadenas, force piercings, ongles très longs et teints en violet foncé, maquillage blafard, très longs cils d'un seul côté, crête de coq vert pomme.

Renaud Camus, Théâtre ce soir, p.35

La futilité de la littérature dès qu'elle touche à l'essentiel

Mais je sens (comme disait mon vieux maître Henry de Montherlant (je suis vraiment d'excellente humeur), mais je sens (donc) qu'il vaut mieux commencer d'une autre façon mon récit. (Ce que j'admire le plus chez Montherlant (non, non, je ne l'ai jamais rencontré, mais quand je suis un peu pompette j'ai tendance à me prendre pour Gabriel Matzneff), c'est le premier paragraphe de La Petite Infante de Castille: «Barcelone est une ville de six cent mille deux cents âmes, et elle n'a qu'un urinoir. On devine si à certaines heures il a charge d'âmes. Mais je sens qu'il vaut mieux commencer d'une autre façon mon récit.») (Néanmoins je suis sûr que Genet, dans Journal du Voleur, fait état de plusieurs urinoirs à Barcelone. A quoi l'on peut juger la futilité de la littérature dès qu'elle touche à l'essentiel. D'ailleurs Walter Benjamin... Mais arrêtez de détourner la conversation).

Renaud Camus, Chroniques achriennes, p.101

Parmi les phrases préférées

Georges Marchais et moi n'avons pas la même idée de la poésie : j'en avais toujours eu le vague soupçon.

Renaud Camus, Chroniques achriennes, p.56

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