Première conférence après le déjeuner, les notes sont courtes. Nous sommes arrivés en retard, la salle était trop petite, les surnuméraires se sont installés comme ils le pouvaient contre les murs.

Il s'agissait de partir à la recherche des Pères, et plus particulièrement d'Augustin, dans la Divine Comédie de Dante.

Dans le De Monarchia, on relève cinq allusions aux Pères. Dante s'élève contre une lecture allégorique de l'Ecriture et de la Genèse. Il cite littéralement Augustin à deux reprises pour étayer sa thèse. Les autres références sont tirées entre autres des De consideratione de Bernard de Clairvaux.

Dans le Convivio, Augustin est cité cinq fois:
- Personne ne naît sans faute: c'est tiré des Confessions d'Augustin.
- Parfois, nous dit Augustin, il est légitime de parler de soi, quand il s'agit de justifier son entreprise, pour éloigner une infamie ou lorsque c'est utile pour les autres. C'est cette raison qui poussa Augustin à parler de lui-même.
Le but est d'aller du bon au meilleur et du meilleur à l'excellent. Dante s'appuie sur Augustin pour légitimer sa propre démarche. Il se compare indirectement à Augustin. Sa rencontre avec la philosophie est exemplaire.

Dès lors, pourquoi ne rencontre-t-on aucune référence à Augustin dans La Divine Comédie ?
Certains ont supposé que Dante s'opposait à l'augustinisme politique, c'est-à-dire à l'absorption du matériel par le politique. Dante soutient que les deux domaines doivent être radicalement séparés.

La Divine Comédie fait référence à Denys l'Aréopagite, mais celui n'a finalement que peu d'influence. Les principales influences viennent d'Albert, de Thomas et d'Aristote.

Les doctores fournissent des perspectives doctrinales. La place des Pères dans l'oeuvre de Dante est relativement limitée. Le paradoxe, c'est qu'Augustin, qui légitime le Convivio, est absent de La Divine Comédie.