Les Antimodernes cite Henri Massis (p.232) :

[...] la victoire de Pascal est une victoire dangereuse [...], c'est la victoire de l'irrationnel; c'est, en outre, la victoire du pessimisme, d'une conception pathétique et romantique du monde, [...] du divin, de l'inquiétude, de l'intuition, de la violence, que sais-je encore! [...] J'ajouterai [...] c'est la victoire du modernisme. Il ne suffit pas, en effet, de se déclarer violemment antimoderniste pour ne pas l'être, si l'on installe le modernisme dans la place. C'est bien de chasser Descartes : mais y mettre Bergson sous le nom de Pascal, c'est un autre danger.

Antoine Compagnon continue : «Passage fort éclairant, qui expose la genèse du manifeste du «Parti de l'intelligence» publié dans Le Figaro au lendemain de la guerre, en 1919, et signé, entre autres, par Maurras, Massis et Halévy.»

Et là, debout dans le métro, je souris. Le Parti de l'intelligence? Manifeste signé par Maurras? Est-ce que ce n'est pas à peu près le nom de la pétition des Inrockuptibles de février 2004? Ce serait trop beau...
Rentrée chez moi, je fais une recherche dans Google, et je trouve ça, qui me fait rire (avec un goût de vengeance qui se mange froide) :

Vous êtes contre l’OTAN et le tout-au-marché ; mais le libéral-kaki Daniel Cohn-Bendit vous séduit. Contre la fric-culture ; mais vous achetez les disques découverts dans des magazines culturels gavés de publicité. Vous pensez aux sans-papiers, aux immigrés, aux femmes battues, aux recalculés de l’Assedic, aux sans-logis, aux Tibétains… Comment survivent-ils ? Pour les aider, vous seriez prêt à tout. Même à expédier un courrier électronique. Bingo ! Vous appartenez au cœur de cible des Inrockuptibles, l’hebdomadaire des gens qui souffrent intelligemment au nom des autres.

Suit un portrait pas gentil de Sylvain Bourmeau (avec quelques faits précis.)

Et en note de bas de page: «En choisissant le titre de leur pétition, Les Inrockuptibles, dont l’histoire n’est pas le fort, ignoraient l’existence d’un glorieux antécédent… Le 19 juillet 1919, Le Figaro publiait un manifeste «Pour un parti de l’intelligence» signé par Charles Maurras et ses amis de l’Action française. «Le parti de l’intelligence, expliquaient-ils, c’est celui que nous prétendons servir pour l’opposer à ce bolchevisme qui, dès l’abord, s’attaque à l’esprit et à la culture, afin de mieux détruire la société, la nation, la famille, l’individu.» Les pétitionnaires fulminaient contre la «Déclaration d’indépendance de l’esprit» signée par Romain Rolland, Jules Romains, Albert Einstein, Bertrand Russell, Stefan Zweig. Ces Sardons déploraient: «La plupart des intellectuels ont mis leur science, leur art, leur raison au service des gouvernements». Et ils affirmaient ne travailler que pour «le peuple qui souffre, qui lutte, qui tombe et se relève» (L’Humanité, 26.6.1919). »

Enhardie, je fais une recherche dans le site de www.homme-moderne.org sur les mots "Renaud Camus", et je trouve une chaude recommandation pour Vaisseaux brûlés.
Mon Dieu mon Dieu, RC est récupéré par les libertaires!