Fin lecteur de Simmel, Vladimir Jankélévitch, dans un beau texte sur l'aventure, poursuit la réflexion. Non sans nous avertir : attention à ne pas confondre l'aventureux, dont le style de vie comprend une réelle part de risque, et l'aventurier, un professionnel de l'équipée programmée pour qui «le nomadisme est devenu une spécialité, le vagabondage un métier, l'"exceptionalité" une habitude[1]». C'est évidemment le premier qui l'intéresse; le second, biffé d'un méprisant trait de plume, n'est finalement qu'«un bourgeois qui triche au jeu bourgeois», un bohème à bon compte qui ne poursuit que des buts prosaïques.

Nicole Lapierre, Pensons ailleurs, Folio essais p.45

Notes

[1] Vladimir Jankélévitch, L'aventure, l'ennui, le sérieux, Aubier 1963, p.9-10