La neige m'a fait hésiter un peu, mais l'affaire Botul1 m'a décidée : je n'allais pas prendre le risque de rater du croustillant.

La séance du jour tourna autour de la rumination, c'est-à-dire des réflexions sur des contraintes non abouties, encore en cours de gestation, régurgitation, remâchages (avec force borborygmes autour du micro dont j'ai mal identifié les sources: Roubaud et Bénabou?).

Mise à jour : la séance est désormais en ligne.

Première apparition de Michèle Audin, hésitante et souriante.

Dans l'ensemble, les oulipiens sont très discrets, seul Roubaud se permet une allusion à BHL. Déçue? Non, pas vraiment, non en fait, pas du tout; j'aime cette retenue, cette capacité à ne pas hurler avec les loups. Seul Hervé Le Tellier jouera de la situation, mais sa connaissance particulière de Botul (cf. la vidéo) l'y autorisait.
Le Tellier nous a donc présenté une variation de l'"Autoportrait de l'homme au repos : Le descendeur" de Paul Fournel (Les athlètes dans leur tête).

Il est très difficile de rendre compte d'une séance de l'Oulipo car l'à-peu-près est impossible: ce n'est pas le sens qu'il faut restituer, mais chaque mot, chaque construction. Je ne peux donc que faire une évocation. A partir du texte de Paul Fournel dont je vous donne le début (voir la suite sur Fatrazie, imaginez la variation possible sur le cas B-H L:
Mon métier consiste à descendre du haut de la montagne jusqu'en bas. À descendre le plus vite possible. C'est un métier d'homme. D'abord parce que lorsqu'il est en haut l'homme a envie de descendre en bas le plus vite possible, ensuite parce que lorsqu'il y a plusieurs hommes en haut ils veulent tous descendre plus vite les uns que les autres.
Un métier humain.
Je suis descendeur.
Il y a eu Toni Sailer, il y a eu Jean Vuarnet, il y a eu Jean-Claude Killy, il y a eu Franz Klammer, il y a eu les Canadiens et, maintenant il y a moi. Je serai cette année champion du monde et aux prochains jeux olympiques j’aurai la médaille d'or.
Je suis l'homme le plus équilibré de la montagne, le plus calme, le plus concentré, et mon travail consiste à fabriquer du déséquilibre.

Ce qui donna des choses comme «Un métier humain: je suis philosophe télévisuel. Mon métier consiste à fabriquer du grosconcept, du grosconcept visible du plus loin possible. C'est un métier d'homme… Je grosconcepte à temps plein… je souris au cameraman car je sais qu'il m'aidera à grosconcepter,… Un jour, l'essentiel devient la position de votre bouton de chemise. C'est le bouton de chemise qui fait le philosophe télévisuel… vous avez changé quatorze fois de lessive…
Et puis il y a le moment qui arrive forcément dans une vie, le seul moment de vrai repos, de repos absolu. Le repos du philosophe télévisuel.

Et Le Tellier terminera par «... vous obligeant à faire preuve d'un humour qu'on ne vous connaissait pas.»




Note
1 : Il est possible que dans deux siècles Botul existe et BHL n'existe plus. Mais après tout, on n'a pas vraiment de preuve d'existence de Socrate, sinon par Platon.