dimanche 5 avril 2020
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Par VS, dimanche 5 avril 2020 à 16:52 :: Nabokov, Vladimir
a self-made widow
Vladimir Nabokov, Pale Fire, commentaire des vers 47-48 du canto I
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dimanche 5 avril 2020
Par VS, dimanche 5 avril 2020 à 16:52 :: Nabokov, Vladimir
a self-made widow
Vladimir Nabokov, Pale Fire, commentaire des vers 47-48 du canto I
vendredi 7 août 2015
Par VS, vendredi 7 août 2015 à 16:22 :: Nabokov, Vladimir
Plus sa table de nuit s'agrandit, plus elle s'encombra d'articles qui lui étaient absolument nécessaires pour la nuit: gouttes nasales, bonbons d'eucalyptus, boulettes de cire pour les oreilles, pilules digestives, somnifères, eau minérale, pommade de zinc en tube avec un bouchon de rechange pour le cas où le premier se perdrait sous le lit, et un grand mouchoir pour essuyer la sueur qui s'accumulait entre ses mâchoirs et clavicule droites, non encore habituées à l'empâtement nouveau des chairs et à son insistance à dormir sur le seul côté droit afin de ne pas entendre son cœur: il avait commis la faute, un soir de 1920, de calculer (en comptant sur un autre demi-siècle d'existence) combien il lui restait encore de battements, et maintenant l'absurde rapidité du compte à rebours l'irritait et accérait le rythme auquel il s'entendait mourir.Le plaisir de ce passage est multiple.
Vladimir Nabokov, Ada ou l'Ardeur, 1969, (1975 pour la traduction française), Folio p.350 - traduction Gilles Chahine avec la collaboration de Jean-Bernard Blandenier
vendredi 24 juillet 2015
Par VS, vendredi 24 juillet 2015 à 18:31 :: Nabokov, Vladimir
Tu sais, dit Van. Je crois vraiment que tu ferais mieux de porter quelque chose sous ta robe dans les grandes occasions.
— Tes mains sont toutes froides. Les grandes occasions? Tu as dit toi-même qu'il s'agissait d'une soirée en famille.
— Et quand bien même… tu te trouves en situation périlleuse chaque fois que tu te pencenes ou que tu t'étales.
— Je ne m'"étale" jamais!
— Je suis tout à fait certain que ce n'est pas hygiénique. A moins qu'il ne s'agisse, de ma part, que d'une forme de jalousie. Mémoires d'une Chaise Heureuse. Oh, ma chérie.
Vladimir Nabokov, Ada ou l'Ardeur, 1969, (1975 pour la traduction française), Folio p.350 - traduction Gilles Chahine avec la collaboration de Jean-Bernard Blandenier
mardi 21 juillet 2015
Par VS, mardi 21 juillet 2015 à 14:58 :: Nabokov, Vladimir
« […]Je lis Ada en français en sachant qu'il faudra le relire en anglais. La traduction m'amuse beaucoup, j'essaie d'imaginer l'original. Par exemple, ci-dessus, s'agit-il d'une traduction en français (transposition, donc), ou le jeu de mot est-il en français dans l'original? (je penche pour cette hypothèse (que je pourrais vérifier par un simple détour dans la bibliothèque, mais qu'importe? La question vaut plus que la réponse)).
— Mon Dieu, non, répondit l'honnête Van. Ada est une jeune demoiselle tout à fait sérieuse. Elle n'a pas de cavalier… sauf moi, "ça va seins durs". Oh! rappelle-moi qui, qui, disait "seins durs" pour "sans dire"?
— King Wing, un jour où je cherchais à savoir s'il était content de son épouse française. Ma foi, ce sont de bonnes nouvelles que tu m'as données d'Ada. Tu dis qu'elle aime les chevaux?
— Elle aime, dit Van, tout ce qu'aiment nos belles… les orchidées, les bals et La Cerisaie.»
Vladimir Nabokov, Ada ou l'Ardeur, 1969, (1975 pour la traduction française), Folio p.324 - traduction Gilles Chahine avec la collaboration de Jean-Bernard Blandenier
samedi 15 octobre 2011
Par VS, samedi 15 octobre 2011 à 23:20 :: Nabokov, Vladimir
lundi 29 novembre 2010
Par VS, lundi 29 novembre 2010 à 11:14 :: Nabokov, Vladimir
jeudi 14 janvier 2010
Par VS, jeudi 14 janvier 2010 à 23:55 :: Nabokov, Vladimir
Il s'agit de la version "étendue" de Nine Sories et contient treize nouvelles ("treize à la douzaine").
J'ai lu ce recueil de nouvelles à cause de Lance et de L'Amour l'Automne. Renaud Camus a choisi de retenir Lance, sans doute à cause de la thématique de la légende (cf. Saussure et Starobinski), mais beaucoup d'autres thèmes camusiens apparaissent au fil des pages: le double, les homonymes, le paradis perdu de l'enfance...
Je mets en ligne le sommaire réorganisé chronologiquement et enrichi du lieu et de la date indiquée à la fin de chaque nouvelle [1].
6. The Aurelian (Berlin, 1931) publié en russe en 1931 / en anglais 1941
7. Cloud, Castle, Lake (Marienbad, 1937) publié en russe en 1937 / en anglais en 1941
1. Spring in Fialta (Paris, 1938) publié en russe en 1938 / en anglais 1957
12. Mademoiselle O (Paris, 1939) publié en français en 1939 / en anglais en 1952
9. ‘That in Aleppo once…’ (Boston, 1943)
5. The Assistant Producer (Boston, 1943)
2. A Forgotten Poet (Boston, 1944)
10. Time and Ebb (Boston, 1945) publié en 1944 (incohérence dans l’édition)
8. Conversation Piece, 1945 (Boston, 1945)
3. First Love (Boston, 1948)
4. Signs and Symbols (Boston, 1948)
11. Scenes from the Life of a Double Monster (Ithaca, 1950) publié en 1958
13. Lance (Ithaca, 1952)
Je jette ici quelques pistes, en vrac.
Lieu et langue sont les marques du chemin d'exil de Nabokov. De 1939 à 1944, les nouvelles sont marquées par le souvenir de la Russie ("Mademoiselle O", "A Forgotten Poet", "The Assistant Producer") et la fuite à travers la guerre pour atteindre les Etats-Unis ("That in Aleppo once"). "The Assistant Producer", nouvelle donnée comme fondée sur des faits vrais (mais qu'est-ce que ça veut dire ici?), serait une allègre esquisse de roman d'espionnage si elle ne faisait l'économie d'une explication finale satisfaisante.
Le problème de l'identité et l'impossibilité de connaître la vérité dans un monde où chacun est le seul garant de son récit sont souvent évoqués : qui est qui ("Conversation piece", "A Forgotten Poet"), qui ment ("That in Aleppo once"), pourquoi le narrateur n'est-il jamais reconnu de la jeune femme qu'il rencontre toujours par hasard ("Spring in Fialta")? (Reconnaître, se souvenir, oublier, trois faces de la nostalgie).
Reviennent au long des pages l'obsession du voyage, du déplacement, en particulier en train, la rapidité des images et leur immobilisation par les mots: ainsi la description des fils électriques disparaissant poteau après poteau, image bien connue de l'ennui de l'enfance en voyage: rien d'autre à faire que suivre des yeux cette image hypnotique des fils qui fuient et renaissent, enchaînés aux poteaux électriques sans espoir de s'échapper.
The door of compartment was open and I could see the corridor window, where the wires — six thin black wires — were doing their best to slant up, to ascend skywards, despite the ligning blows dealt them by one telegraph pole after another; but just as all six, in a triumphant swoop of pathetic elation, were about to reach the top of the window, a particularly vicious blow would bring them down, as low as they had ever been, and they would have to start all over again.
Navokov, "First Love"
Le regard est ce qui immobilise et donne vie aux images : une image qui fuit, insaisie, est une image oubliée, morte-née. Et cependant, saisir l'image, le souvenir, c'est pour le poète ou l'écrivain accepter de la perdre en la partageant. Ecrire, c'est se déposséder (et ainsi s'exorciser de ses souvenirs, leur échapper?):
I have often noticed that after I had bestowed on the characters of my novels some treasured item of my past, it would pine away in the artificial world where I had so abruptly placed it.
Et cela touche même des objets aussi humbles que des crayons de couleur:
Alas, these pencil, too, have been distributed among the characters in my books to keep fictitious children busy; they are not quite my own now.
Nabokov, "Mademoiselle O."
Dans le monde de Nabokov, les objets touchés par le regard ou par l'attention du narrateur acquièrent une dimension fantastique, souvent grâce à la lumière ou aux couleurs:
Only by heroic effort can I make myself unscrew a bulb that has died an inexplicable death and screw in another, wich will light up in my face with the ideous instancy of a dragon’s egg hatching in one’s bare hand.
Nabokov, "Lance"
But the most constant source of enchantment during those readings came from the harlequin pattern of coloured panes inset in a white-washed framework on either side of the veranda. The garden when viewed through these magic glasses grew strangely still and aloof. If one looked through blue glass, the sand turned to cinders while inky trees swam in a tropical sky. The yellow created an amber world infused with an extra strong brew of sunshine. The red made the foliage drip ruby dark upon a coral-tinted footpath. The green soaked greenery in a greener green. And when, after such richness, one turned to a small square of normal savouless glass, with its lone mosquito or lame daddy-longlegs, it was like taking a draught of water when one is not thirsty, and one saw a matter-ofofact white bench under familiar trees. But of all the windows this is the pane though wich in later years parched nostalgia longed to peer.
Nabokov, "Mademoiselle O."
L'attention portée aux noms, à la dimension sensuelle des noms, rappelle Proust :
I am fond of Fialta; I am fond of it because I feel in the hollow of those violaceous syllables the sweet dark dampness of the most rumpled of small flowers, and because the alto-like name of a lovely Crimean town is echoed by its viola [...]
Nabokov, "Spring in Fialta"
Et quand je pensais à Florence, c’était comme à une ville miraculeusement embaumée et semblable à une corolle, parce qu’elle s’appelait la cité des lys et sa cathédrale, Sainte-Marie-des-Fleurs.
Proust, Du côté de chez Swann, Pléiade Clarac t1, p.388
Mais ce qui m'émeut le plus, c'est la façon dont court au fil des récits l'interrogation sur la mort, cet espoir, ce désir, qu'il y ait quelque chose après, et la façon de tourner en dérision cet espoir, par une boutade, un pari, un défi :
If metal is immortal, then somewhere
there lies the burnished button that I lost
upon my seventh birthday in a garden.
Find me that button and my soul will know
that every soul is saved ant stored and treasured.
Vladimir Nabokov, “The Forgotten Poet” in Nabokov’s Dozen, p.36
Ces quelques vers me rappellent Pale Fire dont les premières lignes nous apprennent la date de la mort du poète Shade («John Francis Shade (born July 5, 1898, died July 21, 1959)» tandis que Shade écrit dans l'avant-dernier couplet de son poème:
l'm reasonably sure that we survive
And that my darling somewhere is alive,
As I am reasonably sure that I
Shall wake at six tomorrow, on July
The twenty-second, nineteen fifty-nine,[...]
Si le bouton est retrouvé, si John Shade se lève le 22 juillet 1959, alors il y a une vie après la mort, une vie pleine de tendresse.
Mais le bouton est perdu, et Shade sera assassiné le 21 juillet.
jeudi 24 décembre 2009
Par VS, jeudi 24 décembre 2009 à 12:54 :: Nabokov, Vladimir
He [a child of seven or eight] cast a short blue shadow of the ground, and so did I, but in addition to that sketchy, and flat, and unstable companion which he and I owed to the sun and wich vanished in dull weather, I possessed yet another shadow, a palpable reflection of my corporal self, that I always had by me, at my left side, whereas my visitor had somehow manage to lose his, or had unhooked it and left it at home.
Vladimir Nabokov, "Scenes from the life of a Double Monster", in Nabokov's Dozen
Par VS, jeudi 24 décembre 2009 à 12:26 :: Nabokov, Vladimir
I saw a rose in a glass on the table — the sugar pink of its obvious beauty, the parasitic air bubbles clinging to its stem. Her two spare dresses were gone, her comb was gone, her chequered coat was gone, and so was the mauve hair-band with a mauve bow that had been her hat. Ther was no note pinned to the pillow, nothing at all in the room to enlighten me, for of course the rose was merely what French rhymsters call ''une cheville''.
Vladimir Nabokov, "That in Aleppo once…", in Nabokov's Dozen
samedi 12 décembre 2009
Par VS, samedi 12 décembre 2009 à 15:24 :: Nabokov, Vladimir
'If metal is immortal, then somewhere
there lies the burnished button that I lost
upon my seventh birthday in a garden.
Find me that button and my soul will know
that every soul is saved ant stored and treasured.'
Vladimir Nabokov, "The Forgotten Poet" in Nabokov's Dozen, p.36
Par VS, samedi 12 décembre 2009 à 12:32 :: Nabokov, Vladimir
The old man was never seen again. The quiet foreigners who had rented a certain quiet house for one quiet month had been innocent Dutchmen or Danes. It was but an optical trick. There is no green door, but only a grey one, which no human strenght can burst open. I have vainly searched through admirable encyclopedias: there is no philosopher called Pierre Labime.
Vladimir Nabokov, "The Assistant Producer" in Nabokov's Dozen
jeudi 10 décembre 2009
Par VS, jeudi 10 décembre 2009 à 23:28 :: Nabokov, Vladimir
Only by heroic effort can I make myself unscrew a bulb that has died an inexplicable death and screw in another, wich will light up in my face with the ideous instancy of a dragon's egg hatching in one's bare hand.
Vladimir Nabokov, Lance, in Nabokov's Dozen, chapitre 1
Par VS, jeudi 10 décembre 2009 à 23:21 :: Nabokov, Vladimir
Quietly, concealing himself in his own shadow, Vasili Ivanovitch followed the shore, and came to a kind of inn.
Vladimir Nabokov, "Cloud, Castle, Lake", in Nabokov's Dozen, p.95
jeudi 26 octobre 2006
Par VS, jeudi 26 octobre 2006 à 22:52 :: Nabokov, Vladimir
Pale Fire, a poem in heroic couplets, of nine hundred ninety-nine lines, divided into four cantos, was composed by John Francis Shade (born July 5, 1898, died July 21, 1959) during the last twenty days of his life, at his residence in New Wye, Appalachia, U.S.A.Dès la première phrase nous savons que le poète est mort le 21 juillet 1959. Comment définir l'impression que produisent ces mots "As I am reasonably sure that I/ Shall wake at six tomorrow, on July/ The twenty-second, nineteen fifty-nine" quand on les rencontre à la fin du poème?
première phrase du livre Pale Fire, de Vladimir Nabokov
I feel
I understand Existence, or at least a minute part
Of my existence, only through my art,
In terms of combinational delight;
And if my private universe scans right,
So does the verse of galaxies divine
Which I suspect is an iambic line.
l'm reasonably sure that we survive
And that my darling somewhere is alive,
As I am reasonably sure that I
Shall wake at six tomorrow, on July
The twenty-second, nineteen fifty-nine,
And that the day will probably be fine;
So this alarm clock let me set myself,
Yawn, and put back Shade's 'Poems' on their shelf.
avant dernier couplet du poème Pale Fire de John Shade (in Pale Fire, le livre de Nabokov)
He luncheoned in a likeside café, went for a stroll, asked the price of a small crystal giraffe in a souvenir shop, bought a newspaper, read it on a bench, and presently drove on . (commentaire du vers 408)« Caress the details », Nabokov would utter, rolling the r, his voice the rough caress of a cat’s tongue, « the divine details ! »
After stopping for a minute before the display of a souvenir shop, he went inside, asked the price of a little hippopotamus made of violet glass, and purchased a map of Nice and its environs. (commentaire du vers 697)
jeudi 28 septembre 2006
Par VS, jeudi 28 septembre 2006 à 21:26 :: Nabokov, Vladimir
The Institute assumed it might be wise
Not to expect too much of paradise
Vladimir Nabokov, Pale Fire, Canto Three
vendredi 23 juillet 2004
Par VS, vendredi 23 juillet 2004 à 16:13 :: Nabokov, Vladimir
J'appris que ma série d'essais L'Hippocampe
indompté était «universellement acclamée»
(Il s'en vendit trois cents exemplaires en un an.)
Vladimir Nabokov, Pale Fire, v.671-673
Elle me bourra de gâteaux aux fruits, tournant la chose
En une stupide visite de politesse
«Je ne puis croire, disait-elle, que c'est vous!
J'ai adoré votre poème dans la Blue Review
Celui sur le Mont Blanc. J'ai une nièce qui a
Escaladé le Cervin. Je n'ai pu comprendre
L'autre morceau. Je veux dire le sens.
Car bien sûr, la sonorité. — Mais je suis tellement bête!»
Elle l'était.
Ibid, v.779-787
Ce qui évoque entre autres l'ineffable : «Si les écrivains savaient vraiment pour quelles raisons bizarres ils intéressent les trois quart de leurs lecteurs, ils seraient horrifiés : «J'vois j'ai la fille à ma belle-mère elle a un labrador, elle aussi — alors forcément...»
Retour à Canossa, p 219
«C'est un usage très répandu, et quand j'entends un critique parler de la sincérité d'un auteur, je sais que soit le critique, soit l'auteur, est un imbécile.»
Ce commentaire du v.172 est repris au §462 de Vaisseaux brûlés: « Si un critique dit d’un écrivain qu’il est sincère, écrit Nabokov, on peut être certain que l’un ou l’autre est un imbécile — et probablement les deux. »
Index général
Index RC
Index Renaud Camus