Vers le milieu du XXe, les légendes familiales ont soudain connu une vogue générale qui possédait une multitude de causes diverses, dont la principale était sans doute le désir secret de combler le vide qui s'était creusé dans le dos des gens.
Avec le temps, des sociologues, des psychologues et des historiens se sont mis à étudier toutes les raisons qui ont incité un grand nombre de personnes à se lancer au même moment dans des recherches généalogiques. S'il ne fut pas donné à tout le monde de remonter jusqu'à des ancêtres nobles, certains cas bizarres, comme une grand-mère première femme médecin de Tchouvachie, un mennonite descendant d'Allemands hollandais ou, chose plus piquante encore, un bourreau affecté aux salles de torture de Pierre le Grand, n'étaient pas sans posséder une certaine valeur, tant familiale qu'historique.

Lumila Oulitskaïa, Sincèrement vôtre, Chourik, p.26 - Folio 2004