Pour donner une idée de la façon dont la tolérance est majoritairement entendue à cette date, il suffit de citer la définition qu'en donne la première édition du Dictionnaire de l'Académie française en 1694: «condescendance, indulgence pour ce que l'on ne peut empêcher.»

Michel Gros, introduction à Pierre Bayle, De la tolérance, p.15, Presses-Pocket 1992


Mais, messieurs, ce n'est pas même la tolérance que je réclame; c'est la liberté. La tolérance! le support! le pardon! la clémence! idées souverainement injustes envers les dissidents, tant qu'il sera vrai que la différence de religion, que la différence d'opinion n'est pas un crime.

Rabaut Saint-Etienne, discours prononcé à l'occasion du vote de l'article 10 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen (26 août 1789)


César : Il m'a répondu sans respect… Et même grossièrement.
Césariot : Il t'a injurié?
César : Pire que ça. Il m'a dit: «Je te croyais plus tolérant.»
Césariot : Et alors?
César : Alors, tu penses!
Césariot, étonné : Non, je ne pense pas du tout.
César : Comment: «Tolérant»? Maison de tolérance, voyons! Tolérant! Moi, tolérant! (Il prend une colère subite, comme si Marius était encore devant lui.) Et c'est à ton père que tu dis ça? Espèce de petit saligaud! […]
Césariot : Écoute-moi! Tolérant!…
César : Toi aussi?
Césariot : Tolérant, ça veut dire large d'esprit, plein d'indulgence, plein de bienveillance pour les fautes des autres.
César, inquiet : Allons donc, Je connais la langue française.
Césariot : Mal. Tu la connais mal.

Marcel Pagnol, César


Je ne peux pas m'empêcher de rapprocher cela de la discrimination positive.