Ce livre nous avait été recommandé par une prof de grec biblique avec ces mots: «toutes les indications philologiques sont exactes».
Si vous avez une certaine culture chrétienne, ce livre ne vous apprendra pas grand chose sur l'histoire de Jésus et le Nouveau Testament (je ne connaissais pas le tombeau de Talpiot découvert en 1980) mais beaucoup de choses sur l'art de mettre en scène des révélations qui n'en sont pas. Exemple:
Tomas se pencha en avant, comme s'il s'apprêtait à dévoiler un grand secret.
— Le problème c'est que Jésus avait déjà une religion.
— Pardon?
Le Portugais se redressa, croisa les jambes et sourit en regardant d'un air amusé les visages ébahis d'Arnie Grossman et de Valentino Ferro.
— Il était juif.

José Rodrigues Dos Santos, L'Ultime secret du Christ, p.229, HC éditions 2013 (2011, traduit du portugais par Carlos Batista)
Bon. C'est un pétard mouillé; depuis Vatican II, cela est largement enseigné, en 2000 c'était même le contenu du premier cours de catéchisme des enfants de huit ans.
Cette mise en scène permet de présenter les faits comme s'ils étaient scandaleux (j'avoue que tout cela m'a beaucoup amusée en même temps que stupéfaite: comment, vraiment, cela n'était pas connu de tous?)
— Ma chère, dit-il. Vous n'avez toujours pas compris l'ultime conséquence du fait que Jésus était juif?
— Un juif qui a fondé le christianisme.
— Non, insista Tomas avec une pointe d'impatience. Le Christ n'était pas chrétien.

Ibid, p.240
(Pour cela que cela intéresse, c'est ce que l'on appelle "la troisième quête de Jésus", après la quête du Jésus historique (genre Renan ou Schweitzer — les premiers travaux dans ce domaine sont ceux de Reimarus) et le Jésus "réel" (travaux philologiques et exégétiques des années 50 cherchant à distinguer dans le Nouveau Testament ce qui a pu être réellement dit ou fait par l'homme Jésus — pour un aperçu, lire par exemple Joachim Jeremias), et enfin cette troisième quête qui cherche à replacer Jésus dans son contexte historique et social — voir par exemple les travaux du philosophe juif Daniel Boyarin)).

La conclusion à laquelle parviennent les protagonistes du livre est plutôt amusante (et parfaitement logique). Le côté amusant risque de ne pas vous apparaître, mais c'est que je cite hors contexte pour ne pas spoiler:
[…] Jésus était un prophète apocalyptique qui croyait fermement que le monde était proche de sa fin! Jésus avait une vision ultra-orthodoxe du judaïsme, allant jusqu'à affirmer qu'il n'était pas venu pour révoquer les Ecritures, mais pour les appliquer avec plus de rigueur encore que les pharisiens eux-mêmes! Jésus allait jusqu'à exclure les païens…
— Je vois d'ici votre tête, dit Tomas. Comment avez vous réagi à toutes les révélations de Patricia?
— Ça nous a abasourdis, évidemment. Imaginez notre stupéfaction! Personne n'en croyait ses oreilles! Et maintenant? Qu'allions-nous faire? […]

Ibid, p.443
L'ensemble du livre donne l'impression que le christianisme est un montage de toutes pièces des disciples après la mort de Jésus (une mise en scène orchestrée principalement par Paul). C'est très crédible, et j'imagine déjà certains en train de dire stupéfaits: «Mais comment pouvez-vous croire en sachant tout cela?»
Mais c'est justement que nous le savons, nous ne le découvrons pas. La dimension humaine (et révélée, mais révélée) des Ecritures nous est connue depuis longtemps maintenant.
En fait il y a deux types de réponses à cette question; une réponse proustienne: «le monde de nos croyances n'est pas affecté par nos observations» (citation à peu près) et une réponse de croyant: «la foi ne se vit pas au passé par une croyance aveugle en de vieilles phrases, mais au présent par la perception de signes au quotidien et ce sont ces signes qui valident en retour les Ecritures et les témoignages des saints».