Cependant je continue dans le futile. Quand les contraintes sont fortes, lire léger est reposant.

Le voyage à Amsterdam m'a donné envie de relire van de Wetering: trois policiers dans la ville (en l'occurrence, ce roman se passe à New York, mais bon). C'est un roman sur le désir, le besoin, de justice de la part de certains criminels.

En Hollande, il existe (ou existait, le livre date de 1996) des policiers de réserve, qui paraissent être des policiers bénévoles formés par la police. Voici la procédure de sélection:
Lors d'une sélection pour la réserve de la police, on vous offre un café, une cigarette, une parole de bienvenue. Les candidats entrent un par un. La baderne-en-chef demande pourquoi le volontaire a le sentiment qu'il doit «servir et protéger» sur son propre temps, sans être payé?
Aucun penchant fasciste?
Le goût du pouvoir? Un besoin d'arrêter des prostituées pour les peloter dans le panier à salades?
Non?
Bon, alors c'est parfait.
— Chers membres de ce comité - en ma qualité de président, je suggère que ce charmant garçon soit autorisé à suivre l'enseignement de l'École de police, exclusivement le soir, puisqu'il a un travail à effectuer pendant la journée.
Qu'il apprenne à manier une arme de poing. Qu'il endosse l'uniforme. Qu'il soit reçu à tous les examens requis.
Il pourra porter l'insigne de police agrafé à la poitrine, s'il franchit tous les obstacles. Il aidera à maintenir l'ordre lors des Coupes du monde de Football, il empêchera les racistes d'envoyer des bananes sur les joueurs adverses non blancs, les néo-nazis de produire des sifflements imitant les robinets de gaz quand des joueurs juifs marquent un but.

Janwillem van de Wetering, L'ange au regard vide, p.15 (Rivages, 1996)
Plus loin sont exposées deux raisons possibles de devenir policiers (de Gier et Grijpstra sont deux des trois personnages principaux).
— Pourquoi, demanda de Gier, t'es-tu toi-même engagé dans la police?
Grijpstra cita la bêtise, l'ignorance des choix, le désir servile de se dévouer à la classe dominante, un penchant sadique. L'uniforme, l'insigne, le droit au port d'armes sont des façons de satisfaire un désir de pouvoir.
Il plongea son regard dans les yeux de de Gier.
— Et toi, mon cher?
De Gier expliqua qu'il désirait servir la reine et que l'on pouvait considérer la reine, ou ce qui la symbolisait, la couronne, comme une sorte d'ouverture, un tunnel par lequel le disciple averti et zélé peut approcher la divinité, même ici sur la Terre.
— Charmant, dit Grijpstra.

Ibid, p.37