Et La Mettrie répéta la phrase terrible de Frédéric: «J'aurai besoin de lui encore un an tout au plus: on presse l'orange et on jette l'écorce.»

Ces mots sont impardonnables. Dès cet instant le mal est fait. Voltaire ne se sent plus en sécurité à Postdam. Les deux amis s'abordent encore l'œil souriant et la lèvre fleurie: Voltaire n'oublie pas l'injure, ni la menace. L'écorce d'orange le poursuit jusque dans son sommeil. Il écrit à sa nièce: «Je rêve toujours d'écorce d'orange, je ressemble assez à celui qui rêvait qu'il tombait d'un clocher et qui se trouvant fort mollement dans l'air disait: pouvu que ça dure.»

Jean Orieux, Voltaire, p.406-407 (Flammarion, 1966)
C'est curieux que ce "pourvu que ça dure", attesté dans la bouche de Madame mère, soit devenu "jusqu'ici, tout va bien". Est-ce dû à la bande originale des Sept mercenaires?