D'ailleurs Henri IV est décrit aussi comme le roi «des anciennes prophéties». Face aux croyances en l'imminence de la fin des temps, des textes, depuis le XIVe siècle, plaçaient en effet les espoirs de la chrétienté d'Occident dans le roi de France, le Nouveau Charlemagne, appelé à restaurer l'unité politique de l'Europe et à libérer Constantinople et les lieux saints avant de laisser son trône au Christ revenu sur terre. « Charles fils de Charles, de la très illustre filiation du Lys, ayant grand front, sourcils hauts, yeux allongés, nez aquilin, [et qui] sera couronné.» Les prénoms peuvent être changés, et le grand nez des Bourbons joue peut-être ici un rôle non négligeable: dans des pamphlets des années 1590, voici Henri IV présenté comme «ce roi de la fleur de Lys, au visage long, au grand nez, qui est appelé par les anciennes prophéties à la seigneurie du monde, ce grand roi qui nous a tant été promis».

Thierry Wanegffelen, L'Édit de Nantes, une histoire européenne de la tolérance (XVIe-XXe siècle), p.107