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Le conflit comme responsabilité

S'il [un homme] récusait sa tâche particulière sous prétexte qu'elle est en conflit, ou au moins en concurrence avec les intérêts que d'autres représentent, il trahirait des frères et des enfants, il abandonnerait sa fonction, particulière mais nécessaire à tous — et cela au nom d'un universalisme utopique. En cessant de cultiver la portion de terre qui lui est confiée et en croyant mieux travailler ainsi pour tous, il cesserait tout travail puisqu'il n'y a de travail que particulier. Pour éviter les tensions qu'entraînent ses devoirs envers quelques-uns et pour reconnaître ainsi les droits de tous, il poserait comme principe d'une charité (ou d'une justice) universelle idéale la négation de la charité effective due à son prochain immédiat. A se vouloir le témoin de l'universel, il se prendrait pour un Dieu responsable du tout, alors qu'il est seulement responsable de la part que lui alloue sa condition d'homme. Les hommes sont en conflit précisément parce qu'ils ne sont pas des dieux: tout ne dépend pas de chacun d'eux, mais seulement cela.

Michel de Certeau, L'Etranger (ou l'union dans la différence), p.24-25, Desclée de Brouwer, Paris 1991

A l'amiable

Pas le plus petit mot écrit ne me fut donné pour garantir l'engagement essentiel qu'ils avaient pris. On me lut certains passages de leurs lettres, sans mettre celles-ci entre mes mains. C'était une «entente à l'amiable». Un homme intelligent1 m'avait mis en garde contre les «ententes à l'amiable» environ treize ans auparavant. Je les ai toujours détestées depuis.

John Henry Newman, Apologia pro vita sua, p.241, Ad Solem,2008


Note
1 : C'était le Rév. E. Smedley (1788-1836), directeur de l'Encyclopedia metropolitana. Comme j'alléguai, un jour, qu'une entente à l'amiable était intervenue entre les éditeurs de l'Encyclopedia et moi, il m'écrivit le 5 juin 1828: «Je déteste ce mot, qui est toujours synonyme de mésentente, et qui annonce plus d'ennuis que tous les autres mots de notre langue, sauf peut-être l'expression apparentée: par délicatesse.»
En réalité, ce n'est pas tant «entente à l'amiable» qui est en cause ici que l'absence d'engagement écrit: un accord peut être amiable, cela ne l'empêche pas de devoir être écrit.
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