N'apprendre sa mort que trois semaines après, par hasard, en essayant de comprendre ce que FB a fait des "anciens" groupes…
Je ne ferai plus un détour par W. Smith pour savoir si le dernier Hill est sorti…1
Je croyais qu'il avait soixante-cinq ans, je croyais avoir le temps… Je me suis réveillée cette nuit en comprenant que cela devait faire dix ans qu'il avait soixante-cinq ans, immuablement: j'avais oublié, comme d'habitude, de le faire vieillir au même rythme que moi. (Soixante-quinze ans, c'est tout de même jeune, non? Il aurait dû avoir dix ans de plus avant de mourir. Toujours cette impression qu'"ils" n'ont pas le droit de nous faire ça, pas le droit de mourir quand ils font partie du décor, quand nous comptons sur eux.)

Je m'étais dit qu'il deviendrait célèbre en France quand on y passerait le feuilleton télévisé anglais. Cela n'est pas arrivé — du moins pas encore.

Traduction à la volée à titre d'hommage de l'article du Telegraph. ((Finalement, en toute immodestie, je trouve que le compte rendu stylistique que j'avais donné ici est plus précis. Il lui manque les données biographiques.)
Hill se qualifiait lui-même d'auteur de romans policiers, mais son œuvre ne relevait en rien de la tradition du genre des durs-à-cuire. Son approche était cérébrale, ses intrigues labyrinthiques, ses descriptions aiguisées et ses dialogues richement rehaussés d'humour. Ses romans fourmillaient de notations pénétrantes et de plaisanteries farfelues.

C'est ce cheminement capricieux, joint au traitement sans concession des aspects les plus noirs du crime, qui a distingué Hill comme un auteur à part.

«Mais à ce mélange de l'amusant et de l'alarmant, notait HRF Keating, autrefois critique de romans policiers au Daily Telegraph, il apportait l'un des dons les plus précieux de l'écrivain de roman noir, le tressage d'une intrigue à la fois ingénieuse et crédible.»

Hill inventa la figure de deux détectives du Yorshire, le superintendant Andrew Dalziel et le sergent Peter Pascoe, dans son premier roman, A Clubbable Woman (1970)2. Plus d'un critique vit en eux des échos de Falstaff et Hal, tandis que Hill lui-même les décrivait comme une subtile variation du traditionnel couple Holmes-Watson. Mais, comme le remarqua Keating, aucun des deux n'est ni Holmes, ni Watson.
Au lieu de ce schéma, chacun des deux hommes apprend l'un de l'autre dans la confrontation permanente de leurs personnalités. «Ils se respectent, expliquait Hill à son collègue écrivain de romans policiers Martin Edwards, mais leurs points de vue divergents sont irréconciliables.»

Hill les reprit dans son roman suivant, An Advancement Of Learning (1971), qu'il tira de sa propre expérience de maître de conférence à l'université.
C'est dans ce second roman que Hill développa les prémices d'une relation appelée à durer entre les deux protagonistes, Dalziel, le poids lourd de la vieille école "droit-au-but-et-pas-d'histoire", contrastant avec Pascoe, poids léger diplômé de sociologie et libre penseur.

L'une des structures adoptées par Hill consiste à présenter les parties du récit dans un ordre non chonologique, ou à alterner les parties avec un roman supposé écrit par l'épouse féministe de Pascoe, Ellie, qui apparaît également dans les romans. En ajoutant un quatrième membre à l'équipe, le sergent homosexuel Wield, Hill emprunte un sentier qui serpente entre les valeurs libérales modernes et le bon sens terre-à-terre de Dalziel, qui adopte son officier plus jeune tout en lui assénant maintes plaisanteries brutales.

Parfois Hill choisissait un auteur ou une œuvre comme élément organisateur d'un roman donné: ainsi l'un de ses livres pastichait-il Jane Austen, tandis qu'un autre reprenait les éléments d'un mythe grec classique.
Sa nouvelle One Small Step (1990) — dédié «à vous, précieux lecteurs, sans qui écrire serait vain, et à vous, acheteurs encore plus précieux, sans qui la nourriture serait rare» — se déroulait en 2010, soit vingt ans dans le futur, et nous montrait Dalziel et Pascoe en train d'enquêter sur le premier meurtre sur la lune.
Ecrivain d'une énergie et d'une productivité prodigieuses, Hill a également écrit plus de trente autres romans sous les noms de Dick Morland, Patrick Ruell et Charles Underhill; la plupart d'entre eux ont été republiés sous son propre nom.
Sous le nom de Reginald Hill, cinq romans mettent en scène Joe Sixsmith, un noir ouvrier tourneur devenu un aimable détective privé dans un Luton de fiction. Hill a également écrit des nouvelles et des histoires de fantômes.

Reginald Hill était né le 3 avril 1936 à Hartlepool, dans le comté de Durham. Il était le fils d'un footballeur professionnel et à grandi à Caelisle. A l'école primaire de Stanwix, «j'écrivais sans arrêt» se souvenait-il. C'est par sa mère, qui dévorait les crimes de l'âge d'or du roman noir, que Reg découvrit ce genre.
Il réussit l'examen de passage des onze ans et au collège classique de Carlisle, il fut excellent en anglais, confirmant le soupçon qu'il nourissait depuis son plus jeune âge qu'il serait un jour écrivain professionnel.

Après le service militaire entre 1955 et 1957, il obtint une bourse pour Catherine's College à Oxford où il jouait au rugby; lors de son premier semestre il fut deuxième ligne avec un garçon dont le nom se prononçait "Dee-ell".
«Il me fallut quelques temps pour comprendre que le gars que j'entourais de mes bras dans la mêlée était la personne enregistrée sous le nom de "Dalziel". Plus tard, tandis que je cherchais un nom pour un flic du nord mal dégrossi, je me suis dit qu'il serait drôle de lui donner le nom de ce camarade qui appartenait à la classe moyenne sans aspérité. Quarante ans plus tard, nous sommes toujours amis.»
Diplômé de littérature anglaise en 1960, Hill devint instituteur puis donna des cours au collège de Doncaster avant de décider de devenir écrivain à plein temps en 1980.
Il a reçu de nombreuses récompenses, y compris des Dagues d'or et de diamant de l'association des écrivains de romans policiers3. En 1995 il remporta la Dague de diamant de Cartier de la CWA pour l'ensemble de son œuvre.
Son dernier roman avec Dalziel and Pascoe, Midnight Fugue, est paru en 2009.
Reginald Hill était marié depuis 51 ans avec Patricia Ruell. Il n'avait pas d'enfant.
Reginald Hill, né le 3 avril 1936, est mort le 12 janvier 2012.





1 : Enfin si: apparemment il reste un roman posthume à paraître.
2 : que je lus en 1987, début d'un engouement qui ne connut pas de déclin.
3 : Gold and Diamond Daggers from the Crime Writers’ Association.