Je passe à la bibliothèque prendre des livres sur L'Encyclopédie qui va être LE sujet de week-end.

Parmi ce que je ramène (le classique Que sais-je?, etc.), L'Encyclopédie - les combats et les hommes de Jean Haechler paraît vraiment bien, peut-être un peu décousu (il y a tant de choses à dire) mais absolument palpitant. Je me découvre un héros, le chevalier de Jaucour, qui a bel et bien écrit un quart de L'Encyclopédie à lui seul et dont je n'avais jamais entendu parler.

Au hasard de mon feuilletage, je tombe sur cela : je connaissais Sophie Volland, je ne connaissais pas Madame Diderot.
Messaline contre Xantippe

Déjà le 2 avril 1750, la servante d'un des voisins des Diderot avait déposé plainte pour avoir reçu plusieurs coups de pied de Mme Diderot qui lui avait en cogné violemment la tête contre la muraille. Cette fois-ci c'est La Bigarure qui publie en date du 3 décembre 1751 la chronique d'un pugilat qui se serait produit entre Mme de Puisieux et Mme Diderot. La première "effroyablement laide" et l'autre, "bien qu'une seconde Xantippe, aussi jolie que sa rivale est effroyable". Un jour donc, Mme de Puisieux aurait apostrophé dans la rue Mme Diderot: "Tiens, Maîtresse Guenon, regarde ces deux enfants, ils sont de ton mari qui ne t'a jamais fait l'honneur de t'en donner autant". Mme Diderot fonce: échaffourée violente, digne de l'Illiade, selon le chroniqueur. Dans l'impossibilité de leur faire lâcher prise, "il fallut jeter de l'eau froide sur les adversaires afin de les séparer" tandis que Diderot, pendant ce temps, restait silencieusement chez lui sans se montrer. On conçoit qu'exacte ou déformée, l'anecdote ainsi diffusée dut bien embarrasser le philosophe.

Jean Haechler, L'Encyclopédie - les combats et les hommes, p.123 (Les Belles Lettres, 1998)