Un petit écrit est parvenu à Jérusalem (malheureusement pas à moi, mais à un «adversaire» des Allemands): Ex captivate salus. D'autres ont estimé, «indignés»: confession trop insuffisante de la faute, dérobade. A nous, cela parut un émouvant rapport qui, s'il n'éclairait pas tout, laissait voir néanmoins jusqu'au fond d'une âme; jamais encore je n'ai lu de quelqu'un appartenant à notre génération un récit aussi intime et néanmoins aussi noble (et véridique également), mieux, un tel règlement de compte avec soi-même. Si seulement M. H. avait eu le courage de se juger lui-même ainsi, après que le discours du rectorat en 1933, et bien d'autres choses — la relation à Husserl, l'article du journal des étudiants — as-tu lu cela? Pourrais-je en avoir copie? Buber m'en a parlé. Löwith a écrit là-dessus dans Les Temps modernes, etc. — furent «restés là», il aurait ainsi indiqué à la jeunesse d'Allemagne en recherche une meilleure voie que le Feldweg [Chemin de campagne] (au début, je ne pouvais croire que ce genre de méditation, cette marinade à la Stifter, provenait de M.H. et j'ai parié pour un «cousin par le nom», un homonyme, lorsque j'ai vu l'article dans une revue catholique, Wort une Wahrheit [Parole et Vérité]). Mais Buber m'a dit, Taubes, vous connaissez Être et Temps, vous ne connaissez pas H. — et il avait raison.

Jacob Taubes, En divergent accord, "lettre à Armin Mohler", p.59