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Billets qui ont 'bourgeois' comme mot-clé.

samedi 15 octobre 2011

Marx et Flaubert : Nabokov définit le bourgeois

La bourgeoisie, pour Flaubert, c'est un état d'esprit, pas un état de finances. Dans une célèbre scène de notre livre, où l'on voit une vieille femme, qui a travaillé dur toute sa vie, recevoir une médaille, pour avoir trimé comme une esclave pour son fermier-patron, sous le regard béat d'un aréopage de bourgeois épanouis, faites-y bien attention, il y a philistinisme des deux côtés, politiciens épanouis et vieille paysanne superstitieuse sont également bourgeois au sens flaubertien de terme. Et je dégagerai tout à fait clairement le sens du terme en disant qu'aujourd'hui, en Russie communiste, par exemple, la littérature soviétique, l'art soviétique, la musique soviétique, les aspirations soviétiques sont fondamentalement et béatement bourgeois. C'est le rideau de dentelles derrière le rideau de fer. Un fonctionnaire soviétique, petit ou grand, présente le type parfait de l'esprit bourgeois, du philistin. La clef du terme tel que l'entend Flaubert est le philistinisme de M. Homais. Permettez-moi d'ajouter, pour être doublement clair, que Marx aurait vu en Flaubert un bourgeois au sens politico-économique du terme, et que Flaubert aurait vu en Marx un bourgeois au sens spirituel du terme; et tous les deux auraient eu raison, car Flaubert était un monsieur aisé dans son existence physique, et Marx était un philistin dans son attitude à l'égard des arts.

Vladimir Nabokov, Littératures , "Madame Bovary", Fayard, p.206

mercredi 24 février 2010

Caïn bourgeois

L’histoire des anarchistes ne représente que le dernier avatar de la même vieille querelle entre Abel, le vagabond, et Caïn, le thésauriseur de biens. Secrètement, je soupçonne Abel d’avoir provoqué Caïn aux cris de « Mort à la bourgeoisie ! ». Il est donc dans l’ordre des choses que le héros de cet histoire ait été juif.

Bruce Chatwin, En Patagonie, chapitre 60

jeudi 21 juin 2007

1963 : Jankélévitch décrit les bobos

Fin lecteur de Simmel, Vladimir Jankélévitch, dans un beau texte sur l'aventure, poursuit la réflexion. Non sans nous avertir : attention à ne pas confondre l'aventureux, dont le style de vie comprend une réelle part de risque, et l'aventurier, un professionnel de l'équipée programmée pour qui «le nomadisme est devenu une spécialité, le vagabondage un métier, l'"exceptionalité" une habitude[1]». C'est évidemment le premier qui l'intéresse; le second, biffé d'un méprisant trait de plume, n'est finalement qu'«un bourgeois qui triche au jeu bourgeois», un bohème à bon compte qui ne poursuit que des buts prosaïques.

Nicole Lapierre, Pensons ailleurs, Folio essais p.45

Notes

[1] Vladimir Jankélévitch, L'aventure, l'ennui, le sérieux, Aubier 1963, p.9-10

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