En cours de philo, il venait d'apprendre comment Sartre, quand il était prof de lycée d'une trentaine d'années, avait tenté l'expérience de prendre de la mescaline, sous contrôle médical. JB m'apprenait à son tour que le philosophe avait eu un très bad trip: au plus fort de l'action de la drogue, il voyait des homards ou langoustes de la taille d'un teckel lui tourner autour et le menacer. Le problème, c'est que ces visions avaient continué bien après que la drogue eut cessé d'agir. Jean-Baptiste s'esclaffait en imaginant le philosophe poursuivi pendant des mois dans les rues de Paris par des langoustes hallucinogènes qui venaient se nicher jusque sous son bureau, dans la salle où il faisait cours. Le plus drôle c'est que Sartre, paraît-il, avait pris le parti de faire avec.

Michel Francesconi, La vitesse à laquelle nous oublions est stupéfiante, p.182