Véhesse

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Billets qui ont 'racisme' comme mot-clé (RC) ou mot-clé.

mercredi 7 août 2019

Puisqu'irresponsable signifie déni de responsabilité

Encore un massacre à l'arme automatique aux Etats-Unis. Comme lors de l'attentat de Nouvelle-Zélande en mars dernier, le meurtrier évoque le «Grand remplacement», expression lancée par Renaud Camus il y a quelques années1; Renaud Camus dont la défense consiste à dire que les assassins ne l'ont pas lu (il s'agirait donc d'une malheureuse coïncidence?2). Je me demande combien de nazis avaient lu Mein Kampf. Parfois j'ai l'impression que c'était surtout les opposants à Hitler qui l'avaient lu).

— Malheureuse, quelle analogie es-tu en train de faire!
— Cette analogie s'appuie sur une remarque de Tzedorov dans Face à l'extrême: les décisions ou les actes3 que nous devons prendre ou poser en temps de paix sont les mêmes qu'en temps de guerre. Ce sont leurs conséquences qui diffèrent.

Je me souviens de cette interview dans le cadre des manifestations de Charlottesville en août 2017. Les néo-nazis (croix gammée et KuKluxKan) chantaient: «ils ne nous remplaceront pas», «les juifs ne nous remplaceront pas». Deux ans déjà.

Soit RC est bête à manger du foin4 et il ne voit réellement pas le danger à exprimer une pensée qui encouragent des fous furieux; soit il est de mauvaise foi et il se rend parfaitement compte de ce qu'il fait, mais il trouve que la haine du juif, du noir, du musulman, est un faible prix à payer si cela doit préserver «la race blanche» ou «la civilisation occidentale»5 de la «mixité»6 ou du «remplacement».
Je penche pour la deuxième solution.

Réveillée vers trois heures du matin par la pensée de ce dessin de juillet dernier représentant Trump attisant la haine des suprémacistes. On ne saurait mieux résumer ce que je pense des positions camusiennes.





Note
1 : c'est même le titre d'un livre. L'éditeur peut se frotter les mains, il va sans doute y avoir un contrat de traduction.
2: ne prenons pas de risque et précisons: ironie!
3: car les paroles, à plus forte raison publiques, sont des actes («quand dire, c'est faire»).
4: quels que soient par ailleurs ses talents d'écriture : un artiste mais pas un intellectuel.
5: ce qui est à peu près synonyme chez lui (je l'imagine déjà écrire trois pages pour démontrer que c'est faux, que je l'ai mal compris (il aime tant démontrer qu'on ne l'a pas lu et mal compris — tant que je finis par me demander si ce n'est pas plus important pour lui que d'être lu et compris — à tel point qu'à chaque fois qu'il a commencé à être reconnu par la presse (avec le chien Horla, les Demeures, un mea culpa de la presse lent et progressif), il a aussitôt fait le nécessaire pour être détestable), que «ce qu'il voulait dire c'est que…», dans sa fameuse technique qui consiste à insister sur un détail dans l'espoir de démontrer que le reste de la démonstration ne tient pas. Hélas pour lui, ce n'est pas une démonstration mais un tableau, et ce n'est pas parce qu'on a peint de travers un arbre dans un coin que l'ensemble du tableau n'est pas valable.)
6: la haine de la mixité est davantage le cheval de bataille de Richard Millet que celui de Renaud Camus.

lundi 30 avril 2018

Les flocons de neige sont-ils des SJW ?

J'ai compris récemment que snowflakes (flocons de neige) n'était pas qu'une insulte trumpienne concernant ses opposants mais une appellation générationnelle qualifiant les jeunes nés dans les années 90, qui seraient moins résistants (à tout) et trèèès susceptibles.

Je trouve ce matin un thread sur Twitter (une suite de tweets qui s'enchaînent pour raconter une histoire) sur les SJW (social justice warrior, guerrier de la justice sociale ou pour la justice sociale). Jusqu'ici ce n'était pour moi que des gens un peu ridicules dans leur façon de s'indigner pour toutes les causes et créer des pétitions sur change.org (la plaie!) —mais bien gentils car il vaut mieux cela que penser l'inverse —mais agaçants car cette façon d'agir sur le net est aussi une façon de ne pas sortir dans le froid pour s'investir au quotidien et mettre la main à la pâte («Sois le changement que tu souhaites voir advenir», pour citer un autre genre de tendance).

Si j'en crois ce thread sur Twitter, c'est bien davantage et peut-être différent. Le phénomène commencerait juste à se développer en France même si on en a vu des prémices dans divers domaines. L'association que je fais avec le flocon de neige tient à la susceptibilité, au côté écorché vif du personnage.
Ce qui m'a intéressée dans ce thread, c'est aussi la notion d'«appropriation culturelle» que je vois apparaître de plus en plus souvent, pour s'indigner d'une indignation que je ne comprends pas (enfin, je comprends pourquoi ils s'indignent (puisqu'ils l'expliquent) mais je ne comprends pas ce que cela a d'indignant, ou même c'est leur indignation qui m'indigne (par exemple quand Twitter s'indigne d'un motif sur des chaussettes qui reprend un motif africain)).

Voici le thread (la twittos est franco-américaine):
1) Un petit guide sur les #SocialJusticeWarriors (#SJW) suite aux événements de #Tolbiac et tout le marasme qui s’en est suivi, parce que je suis assez étonnée de la méconnaissance des gens en #France et sur #Twitter. Il reste central aux #US depuis quelques années. (à dérouler)

2) Car oui, comme beaucoup de mouvements culturels celui-ci nous vient directement des US et du #Canada, et met la lutte militante pour le progrès social en son centre, tjs sous le prisme d’un rapport de force à une minorité : #genre, #handicap, #racisme, #sexisme, etc…

3) Donc si t’es twittos #anglophone tu vas sûrement rigoler, parce que tu t’es déjà retrouvé embourbé dans des échanges impossibles et que tu connais exactement le sujet… Tu pourras donc passer ton chemin, car tu n’apprendras rien de spé.

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«C'est moi qui juge de qui est offensé.»


4) Je crois que le déclic pour faire ce thread a été de voir le visage en #PLS de #Ménard face à #Juliette de #Tolbiac, comme #KO face à quelque chose qui le dépassait. Ce regard est révélateur d’un fait: la classe #politique française n’est pas préparée à ce qui va suivre.

5) #Juliette aura ici le mérite en 2:20 d’utiliser pas mal de #gimmick du #SJW: racisé (#racialization), #oppression blanche (#whiteprivilege), non-mixité de genre ou de race, homme #cis blanc (white cis male)…

Le lien de la vidéo

6) Je me mets ici à la place d’un « profane », ça choque. « Mais que dit #Juliette ? Suis-je encore en vie ou déjà mort…?»… Sachez que Juliette débite exactement ce que ces meufs en cheveux bleu te sortent à l’entrée des #campus américains, souvent de manière agressive.

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Le coiffeur: kesce tu veux ?
« Je veux que tout le monde sache que tout m'offense »
Le coiffeur : OK, je vois.


7) Dans son procédé « d’argumentation », on voit d’ailleurs d’où vient le problème et tous les maux de la société: le «#white cis male», ou homme blanc dont le sexe correspond à la naissance. «Cis hein? dont le sexe… quoi?»
Oui, « cis », comme le contraire de « trans ».

8) L’hypothèse sur laquelle TOUT repose, et c’est très discutable, est que l’homme blanc, à travers le #colonialisme et même de manière intrinsèque, s’approprie la #culture des minoritaires et l’utiliserait à ses fins. En oppressant les autres #minorités si possible.

9) Le mâle blanc, les blancs, l’#occident enfin cette espère de sphère d’influence est composée d’individus ayant des privilèges institutionnalisés par rapport aux minorités.
Ah oui, le blanc c’est pas forcément la couleur de peau hein, c’est une posture de domination.

10) J’aime souvent le rappeler par mon exemple personnel… #Métisse de mon papa noir et ma maman blanche j’ai déjà eu quelques échanges AHURISSANTS sur des campus US comme #UPenn.
« acting white » et « #bounty » sont des «insultes» qu’une meuf blanche peut te sortir #OKLM.

11) Allez une petite pic pour rigoler volée sur #Reddit pour le #meme (😘 à /r/France )

12) On pourrait rigoler et dire «Hey! merde, moi votre #CulturalAppropriation j’appelle ça de l’échange culturel m’voyez! C’est inhérent à l’humanité»
AH AH! Vous avez fait preuve de raison, c’est mal!
L’#AppropriationCulturelle d’abord, ça marche que dans un sens.

13) Car oui, des africains qui écoutent de la musique classique, ce n’est pas de la CA.
Des asiatiques regardant un match de foot, ce n’est pas de la CA.
Un type qui gribouille de l’impressionnisme au fin fond de l’#Amazonie, ce ne serait pas de la CA.
La CA, c’est les blancs.

14) Du coup, l’appropriation culturelle, c’est comme une météorite, tu sais pas quand et où ça va tomber, mais quand tu vois les flammes c’est déjà trop tard.
Les exemples sont nombreux, on va en prendre deux trois emblématiques.
Je ferai pê un genre de liste si j’ai le temps.

15) Je vais volontairement occulter l’evt du #Gamergate de 2011, evt fondateur… #Wikipedia FR a quelques articles dessus relativement objectifs (Toujours faire attention aux sections wikipedia occupés par des « militants », la US est foutue).
Non, on va prendre les plus funs.

16) 2015 : #Marvel annonce la sortie d’une nouvelle ligne de #Comics, et propose pour la sortie 50 pochettes d’albums « historiques » de #RAP détournés par hommage en mode comics.
Hommage? Détournement #raciste diront d’autres…

17) 2016 : Un chauffeur de taxi arbore une «dashboard doll» hawaïenne, une statuette sur son TB.
La nana retourne le taxi en invoquant une offense envers le peuple hawaien et demande de la retirer. En foutant le bordel comme une bonne #SJW. (ST anglais)

18) 2016 : La commission des droits de l’homme de la ville de #NYC sous la législature de @NYCMayor sort une note pour rendre illégales les discriminations envers 31 genres (donc reconnus!)
Pourquoi ne pas criminaliser la #discrimination tout court?

19) Le #whitewashing, qui consiste à prendre un acteur blanc en lieu et place d’un personnage d’une minorité «racisée». Johnny Depp dans #LoneRanger ou Emma Stone dans Aloha.
Le #blackwashing n’existe pas, je vous vois venir avec votre Jeanne d’Arc!

20) Les tresses. Oui, les tresses.
Avant 2010, une meuf avec des tresses ça faisait SWAG leftist, tolérante et ouverte.
En 2018, une meuf blanche avec des tresses c’est une personne qui méprise la population noire.
Pareil, ça vient en France. Les meufs faisez gaffe.

21) Un des premiers exemples qui m’a alerté pour la France : les sushis et la nourriture.
Après ce thread vous ne la verrez plus comme avant. Par contre vous pouvez manger votre blanquette de veau par terre avec de la confiture. SSSSPA PA-REIL !

22) Mon exemple français préféré : le sac décathlon. Peu de gens non anglophones en France ont relié cette série de tweets bizarres à ce courant. Pourtant on est en plein dedans, en plein de-dans.

23) Un autre aspect est également que l’appropriation culturelle est TOUJOURS une agression, JAMAIS un hommage. NEVER EVER.
L’exemple d’@AntoGriezmann en #HarlemGlobtrotters est bon à ce titre.
« Y’a jamais eu de blanc dans l’équipe? Tu nous emmerdes avec ta raison!»

24) Enfin, et la cerise sur le gâteau, c’est que les luttes sont toujours basées sur une subdivision toujours plus petites des communautés. Il faut appartenir à une communauté, ça fait #SWAG. Le problème est qu’à force on arrive à des mouvements contradictoires.

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Si le Titanic coulait en 2016:
— Désolé Monsieur, les femmes et les enfants d'abord.
— Je rêve ou vous venez de m'assigner un genre?

25) Rachel #Dolezal par ex, une activiste pour la défense du droit des #afros américains, désormais Nkechi Amare Diallo, qui s’identifie comme une noire et qui embête bien les #SJW. Pour cause : elle est l’appropriation culturelle personnifiée (et une #wigger au passage).

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26) #Bounty : noirs acquis à la cause des blancs. A l’instar de la confiserie, noir dehors blanc dedans. Encore appelé en français « nègre de maison ».
#Wigger ou #wigga : blanc se comportant comme un noir. Construit à partir du W de white et le igga de nigga (« nègre blanc »)

27) Ces mouvements tendent donc à être contradictoires sur certaines causes (raciales, genre), et on voit émergence de LOL movements parmi ces groupuscules extrême gauche, comme impérialisme gay par exemple, qui n’en est qu’une extension exotique.

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«Vous êtes activiste sur FB? Racontez-moi à quel point vos statuts ont changé le monde.»


28) Et je reviens donc naturellement sur notre #Juliette et la réaction outrée de la baguetto-bereto-touitosphere invoquant un truc totalement hors sujet : la raison. Car comme dans toute #polémique actuelle, nous sommes bien dans un duel de l’affect face à la raison.

29) «#Juliette est dans une #secte!»
«Mais que font-ils à nos enfants?»
« Elle est cinglée la petite, faut l’enfermer !

(Et je passe sous silence ce que j’ai un peu vu comme tweets de nos très chers #JVCOM1825 ou mec en mal de « #feminazis ». Pas bien bouh)

Sauf que non.

30) Il serait incomplet de réduire ces individus à des gens sous l’emprise d’une secte, d’un revers de main comme ça. Le phénomène est plus complexe et trop grave pour se contenter d’une explication pareille. Maintenant c’est à l’#Europe de connaître «ce truc».

31) Ce sont pour moi des individus en perte de repère et de sens, dont le chemin croise twitter et quelques personnalités charismatiques (@RokhayaDiallo par exemple)
Donc ça aurait pu être ça ou autre chose.

32) Et c’est là où je veux faire part de mon inquiétude, c’est qu’une réaction «raisonnée» face à ça serait de contre réagir et de haïr ce mouvement au point d’en devenir un #sjw hunter, comme je l’ai été à une époque. Je les trouvais racistes…

33) Ces mouvements alimentent naturellement le moulin de l’extrême droite en invoquant des thèses irraisonnées et bancales. Le caractère exclusif de la rhétorique, classique dans l’extrême gauche («t’es avec nous ou contre nous») n’aide pas en cela.

34) Je vois donc clairement deux camps enfler, et je me sens de plus en plus à l’étroit au milieu… Disclaimer, il convient également de relativiser sur le fait que les minorités sont souvent celles qui «gueulent», mais là sur Twitter je ne me sens plus réfléchir. Fin.
L'humour va devenir un sport hyper-dangereux. Quand la team premier degré confond le rire et le complot, le pastiche et la fake news…

vendredi 31 octobre 2014

La Yougoslavie, the stuff the Other's dreams are made of

A ma dernière rencontre de bookcrossing (thème : les tragédies du XXe siècle), je suis repartie avec un livre de Jergović, poète et journaliste (journaliste-poète) bosniaque.
Il s'agit de Sarajevo Marlboro, non traduit en français à ce jour. Le préfacier nous présente la Yougoslavie (à nous Occidentaux) en la replaçant dans l'histoire internationale, en essayant de nous donner le bagage minimal pour comprendre une atmosphère et des mentalités (entreprise désespérée en six pages).

A priori, ce n'est pas (encore) traduit en français.
[…] From 1981 to 1989, the same period that saw the Israeli invasion of Lebanon and the first Palestinian uprising, close to 600.000 Kosovars — half the adult population — were arrested, interrogated, interned or reprimanded by Serbian authorities; the future president of Bosnia, Alija Izetbegović, was put on trial (in 1983), along with 13 others, and charged with "hostile and counter-revolutionary acts derived from Muslim nationalism", despite the fact that, as the historian Noel Malcolm notes, the Yugoslav state's deeper fear seemed to derive from Itzebegović's then unequivocal advocacy of "Western-style parliamentary democracy."

During this turbulent period, journalism and literature played an enormous role. On the one hand, people whose mouths had been shut during Tito's reign began rewriting the history of Yusgoslavia through articles and interviews in widely circulated magazines; on the other hand, the Serbian Academy of Letters, its novelists and poets in particular, began manufacturing apocalyptic narratives and imagery to accompany Milošević's very conscious designs to create the Greater Serbia. As a translator in those years, I found it impossible to interest editors in literature from Bosnia. It was only after the war, when Bosnia became "known", that projects I had attempted to initiate could be carried out. But as Bosnia became known, the implications of European and American acquiescence in the cantonization (along ethnic and religious lines), of the democratically elected, multinational and pluralistic state government of Bosnia-Herzegovina, were completely internalized and made to seem like a logical outcome of the actions of people very unlike "us". These experiences, and many others to follow, taught me a lot about our own structures of thought, and the domestic borders we inherit and police.

Given my own involvement in Middle Eastern politics and culture — another region dominated by mythological projections — I intuited certain similarities and patterns to this willful ignorance and retirence. This was embodied by what the Slovenian theorist Slavoj Žižek has called "postmodern" racism, a climate in which "Apartheid is legitimized as the ultimate form of anti-racism, as an endeavor to prevent racial tensions and conflicts". Žižek goes on to write: "In former Yugoslavia, we are lost not because of our primitive dreams and myths preventing us from speaking the enlightened language of Europe, but because we pay in flesh the price for being the stuff the Other's dreams are made of… Far from being the Other of Europe, former Yugoslavia was rather Europe itself in its Otherness, the screen onto which Europe projected its own repressed reverse… Against today's journalistic commonplace about the Balkans as the madhouse of of thriving nationalisms where rational rules of behavior are suspended, one must point out again and again that the moves of every political agent in former Yugoslavia, reprehensible as they may be, are totally rational within the goals they want to attain — the only exception, the only truly irrational factor in it, is the gaze of the West, babbling about archaic ethnic passions". (Why Bosnia? eds Rabia Ali and Lawrence Lifschultz)

Ammiel Alcalay, préface de Sarajevo Marlboro, p.X à XII, eds Archipelago books, 2004
Entre 1981 et 1989, la période même qui connut l'invasion du Liban par Israël et le premier soulèvement palestinien, près de six cent mille Kosovars — la moitié de la population adulte — furent arrêtés, interrogés, emprisonnés ou admonestés par les autorités serbes; le futur président de la Bosnie, Alija Izetbegović, fut jugé, en même temps que treize autres, accusé d'"d'actes hostiles et contre-révolutionnaires issus du nationalisme musulman, malgré le fait que, comme l'historien Noel Malcom l'a relevé, la crainte la plus profonde de l'Etat yougoslave semblait provenir du plaidoyer d'Itzebegović, à l'époque franc et massif, pour une "démocratie parlementaire à l'occidental".

Pendant cette turbulente période, le journalisme et la littérature jouèrent un rôle énorme. D'une part, les gens dont la bouche avait été close pendant les années Tito commencèrent à réécrire l'histoire à travers des articles et des interviews donnés à des magazines à large diffusion; d'autre part, l'Académie serbe de littérature, ses romanciers et ses poètes en particulier, commencèrent à fabriquer des récits et un imaginaire apocalyptiques destinés à accompagner les manœuvres totalement délibérées de Milošević pour créer la Grande Serbie. A l'époque, je découvris en tant que traducteur qu'il était impossible d'intéresser des éditeurs à la littérature en provenance de Bosnie. Ce n'est qu'après la guerre, quand la Bosnie devint "connue", que les projets que je tentais de mettre en branle purent être mener à terme. Mais tandis que la Bosnie devenait connue, les conséquences de l'acquiescement européen et américain au cantonnement (selon des lignes ethniques et religieuses) du gouvernement pluraliste, mutinational et démocratiquement élu de Bosnie-Herzegovine furent totalement intériorisées pour donner l'impression d'être le résultat logique d'actions de personnes très différentes de "nous". Cette expérience, et de nombreuses autres qui ont suivi, m'ont beaucoup appris sur nos propres structures de pensée et les frontières internes dont nous héritons et que nous disciplinons.

Etant donné mon engagement personnel dans la politique et la culture du Moyen Orient — une autre région du monde dominée par des projections mythologiques — je reconnus dans cette ignorance et réticence délibérées certains motifs et similarités. C'est ce qui se présente sous la forme de ce que le théoricien slovène Slavoj Žižek a appelé le racisme "postmoderne", un climat dans lequel «l'Appartheid est légitimé comme la forme la plus achevé de l'anti-racisme, comme le comportement destiné à prévenir les tensions raciales et les conflits». Žižek continue en écrivant: «Dans l'ex-Yougoslavie, nous sommes perdus, non parce que nos rêves et nos mythes primitifs nous empêcheraient de parler le langage éclairé de l'Europe, mais parce que nous payons le prix d'être l'étoffe dont les rêves de l'Autres sont tissés… Loin d'être l'Autre de l'Europe, l'ex-Yougoslavie était plutôt l'Europe elle-même dans son Altérité, l'écran sur lequel l'Europe projetait son propre envers réprimé… Contre le cliché journalistique actuel des Balkans comme une maison de fous où, toutes règles de comportement rationnel suspendues, fleurissent les nationalismes, il faut souligner encore et encore que les actes de n'importe quel agent politique en ex-Yougoslavie, aussi répréhensibles fussent-ils, étaient totalement rationnels, en accord avec le but qu'ils visaient — la seule exception, le seul élément réellement irrationnel en eux, est le regard de l'Ouest porté sur eux, babillant à propos de passions ethniques archaïques.» (Why Bosnia? édition Rabia Ali and Lawrence Lifschultz)

mardi 25 septembre 2012

La Décennie de François Cusset

J'ai ramené les références de ce livre d'un colloque sur la littérature en France dans les années quatre-vingts (la littérature in-tranquille, sur fond d'affiche de campagne mitterrandienne (non, je n'avais pas fait le rapprochement avec "la force tranquille")).

Ce livre est paru en 2006, il est sous-titré "Le cauchemar des années 1980". Il explique dix ans de mutations, la fin des années contestataires et l'avènement de la normalisation des esprits par le capitalisme (je dirais plutôt: par le marketing ou le marchandising).

C'est un livre à la fois amusant, désespérant et énervant: énervant par son style (trois cents pages dans le style Canard enchaîné, c'est lassant), désespérant par son constat (la fin de l'esprit critique et de la contestation sociale et politique, la disparition des intellectuels, Deleuze, Foucault, Sartre, etc), amusant parce que la bêtise est toujours réjouissante (enfin je trouve). C'est aussi ou surtout un livre en colère; il me semble y lire — mais c'est peut-être moi qui projette — «Qu'a fait la gauche de ses idéaux?»

Le plaisir de ce livre pour moi est aussi d'y relire mes années d'adolescence, d'y voir étalés et expliqués des phénomènes que j'ai détestés instinctivement, et de pouvoir soudain leur donner une forme (à ces phénomènes) et une raison (à cette détestation).

L’accumulation des formules-choc donne parfois l’impression d’être manipulé (le lecteur est appelé lui aussi à abandonner tout esprit critique pour abonder dans le sens de l’auteur), mais il faut convenir que c’est un travail très abondamment documenté (avec Le Nouvel Obs comme magazine représentatif de la décennie… Est-ce un bon choix, est-ce le bon choix ?) et que les arguments avancés sont toujours étayés par des sources. Chaque fois que l’on souhaite protester contre ce qui paraît une explication un peu trop simple et un peu trop rapide, quelques livres, quelques chansons, quelques événements de l’époque viennent soutenir la thèse de l’auteur (bien entendu, cette phrase n'est que le reflet de ma malveillance. En toute rigueur, l'auteur a procédé à l'inverse: il a déduit ses analyses des faits, et non cherché quelques faits à l’appui de ses idées préconçues (cette dernière méthode expliquerait que tout semble si bien concorder… mais justement, un peu trop bien, d’où mon malaise indéfinissable)).

La thèse du livre est la suivante : la génération quatre-vingts a voulu que le tout économique et le tout culturel remplacent l'esprit critique. Elle a écrasé la contestation sociale et politique en la rendant littéralement im-pensable.
Collant comme l’obligation d’être heureux, d’être entreprenant, d’être un individu. Ces refrains [T’as le look coco qui te colle à la peau] expriment mieux qu’autre chose la schizophrénie de la France de 1984, le décalage abyssal, mais gardé sous silence, entre ces enthousiasmes savamment orchestrés et la plus grande année de «casse» sociale de la décennie, sinon de la fin du siècle. Car c’est la mise en place du Plan Acier et ses dizaines de milliers de licenciements pour «sauver» la sidérurgie française, avec ces images, venues d’un autre temps, d’ouvriers lorrains affrontant les CRS vendredi 13 avril dans les rues de Paris. Ce sont aussi l’accélération de la croissance du chômage et le doublement des nouveaux cas de «détresse sociale», selon le Secours catholique, plus l’exclusion en dix-huit mois de 600 000 chômeurs des bénéfices de l’indemnisation suite aux décrets Bérégovoy signés avec patronat et syndicats. Et c’est l’essor, en conséquence, des jobs précaires et d’emplois de bureau d’une pénibilité nouvelle, depuis l’instauration des Travaux d’utilité collective (TUC) par le nouveau gouvernement Fabius jusqu’au boom soudain du télémarketing, où l’on place chaque télévendeur face à un miroir pour qu’il n’oublie pas … de sourire.

François Cusset, La décennie, p.98 (La Découverte, 2006)
Ce livre donne l’impression de voir naître notre aujourd’hui, album photo d'un aujourd’hui au berceau dont il était alors difficile d’imaginer l'adolescence.

Voici par exemple la naissance de l’antiracisme:
[…] le socialisme français troque alors l’ouvrier contre l’immigré dans le rôle du damné de référence1, de la figure fétiche à laquelle identifier un courant politique qui lui est historiquement étranger. Le choix de sacrifier des pans entiers de l’industrie française et jusqu’à la classe ouvrière elle-même comme enjeu électoral, n’a pas lieu par hasard au même moment.

A ces nouveaux labels unanimistes surgis en quelques mois dans la France de Mitterrand, il devient vite indispensable, pour la gauche des beaux quartiers, d’être associée d’une façon ou d’une autre, pour leur plus-value symbolique et leur bénéfice moral. Mais, une fois passés les disques et les concerts, SOS-Racisme et ses réseaux gardent une très faible représentativité dans les quartiers où le racisme est vécu au quotidien. Supplément d’âme invisible, et concrètement inutile, dans des zones urbaines de discrimination systématique (à l’embauche, au logement, au harcèlement policier), la nouvelle morale antiraciste constitue en revanche un atout non négligeable dans les dîners en ville et les comités de rédaction. Pestant contre un show business cocardier qui compte si peu d’Arabes, mais heureusement tant d’autres «immigrés» (d’Yves Montant à Léon Zitrone ou Sylvie Vartan), on met alors en avant le couturier en vogue Azzedine Alaïa, tunisien de naissance, ou l’Algérienne d’origine Isabelle Adjani. Un numéro de Globe annonçant en couverture «Beur is beautiful» invite même bientôt cette dernière à venir raconter à Harlem Désir «l’insulte, l’injure et l’insurrection2 de son enfance française, quand elle s’appelait Yasmina.

C’est dans un esprit comparable que sera porté aux nues en 1988, en enfant miraculé d’une famille de Kabyles pauvres de Lorraine, le major cette année-là du concours d’entrée à l’Ecole normale supérieure, Djamel Oubechou. L’arbre de tel parcours d’exception, pour cacher la forêt des discriminations; les confessions tremblantes de l’assimilé(e), pour couvrir le silence forcé des inassimilables. Car il en suffit d’un(e) pour mettre un peu de couleur, et que résonne le chœur nouveau de la diversité. L’année 1985 n’est pas par hasard celle où la marque de prêt-à-porter Benetton adopte pour devise «United Colors», suite à la visite d’un cadre de l’UNESCO frappé par la diversité ethnique des salariés du siège, d’après la mythologie de la maison. L’année-charnière de la décennie voit en effet en France, au-delà de la petite main jaune, médias, politiques et producteurs culturels entonner d’une seule voix un éloge lyrique du métissage, un cantique des contrastes et de l’hybridité, une sarabande inlassable en faveur de la diversité des couleurs et des cultures, en des termes assez naïfs, et assez creux, pour inspirer bientôt à certains, dans les mêmes rangs, une critique féroce de l’angélisme anti-raciste — de Jean-François Bizot dans Actuel à l’historien du racisme Pierre-André Taguieff3.
[…]
[…] Mais c’est en musique, une fois encore, qu’est célébré avec le plus de succès pareille réconciliation des cultures, pareille richesse de la diversité, donc aussi bien de la variété. Ce sont, d’un côté, les première percées en France de la musique noire venue d’Arique francophone, d’Alpha Blondy à Dibongo, mais goûtée encore surtout par les connaisseurs. Et de l’autre, plus consensuelle, explose une variété française qui égrène les déclarations d’amour à la différence et à la diversité, de Daniel Balavoine avec L’Aziza («que tu sois d’ici ou là-bas») à Laurent Voulzy en pleine tentation tropicale («le soleil donne la même couleur aux gens»), de Maxime Le Forestier («être né quelque part») à Bernard Lavilliers («de n’importe quel pays, de n’importe quelle couleur»), et de Jean-Jacques Goldman bien sûr («je te donne toutes mes différences») aux métisses chantées par Julien Clerc, dont «un quart de sang noir» a fait le premier à savoir que «le métissage sauvera le monde». […]

Tout paraît alors contribuer à dessiner en France cette figure compatissante de l’Autre, dans son infranchissable mais si enrichissante «différence».

Ibid, p.104 à 106

Les prémices de l’indignation institutionalisée:
C'est en se déchaînant aussi bien contre les politiques et leur «lâcheté infâme» que contre ce peuple de téléspectateurs repus, indifférents aux guerres terribles qui déchirent le monde, que les nouveaux intellectuels pétitionnaires promeuvent leur courageuse action — vrais «signeurs de la guerre», comme les appelait Félix Guattari. L'argument de l'indifférence coupable fera même le succès de la liste électorale «L'Europe commence à Sarajevo». Créée avant les élections européennes de juin 1994 par BHL, André Glucksmann, Pascal Bruckner, le cinéaste Romain Goupil et le cancérologue Léon Schwartzenberg, elle se saborde à quelques jours du scrutin, après avoir réuni quand même près de 12% des intentions de vote. Le but, assurent-ils, était d'imposer la guerre de Bosnie au cœur du débat ouest-européen et, plus naïvement, de faire lever l'embargo sur les armes en faveur des musulmans de Bosnie. Mais aussi, selon le mot de BHL, de permettre à cette occasion à Michel Rocard, suel homme politique qui ait manifesté de l'intérêt (et soit même venu au débat houleux qui lançait le projet, le 17 mai, à la Mutualité), de «consommer enfin son parricide» contre François Mitterrand.

Ce dernier, directement mis en cause par la «liste», évoque le 16 mai «des voix sincères mais \[que] la passion égare», tandis qu’avec moins d’indulgence son ancien ministre Jean-Pierre Chevènement assène que «la politique étrangère de la France et la guerre sont des choses trop sérieuses pour être laissées à Bernard-Henry Lévy4». L’aventure exemplaire de la liste Sarajevo aura montré en tout cas jusqu’où peuvent aller, en France, non seulement l’influence sur la scène politique des intellectuels les plus en vue, mais aussi leur certitude morale et leur candeur stratégique.

Car la dénonciation du mal est plus une posture qu’un argument, davantage un élan, fiévreux et lyrique, qu’un projet. Peu importent ses causes et son processus exact, la violence, estiment-ils, est toujours nue, elle est ce mal en soi reconnaissable entre tous — soif de sang et goût pervers du combat que s’essaient même à éradiquer de La Marseillaise Jean Toulat et l’Abbé Pierre, en montant en février 1992 un comité pour modifier les paroles «trop belliqueuses» de l’hymne national. L’indignation morale envahit médias et librairies, elle devient la forme a priori du débat politique.

Ibid, p.177 et 178

Le chantage au sens:
Trois traits de ce moralisme du Mal en disent toute l’arrogance. D’abord un certain «biographisme», à l’évidence narcissique, qui leur fait oublier les textes, et leur autonomie, au profit des seuls faits et gestes de l’auteur. Même si certains d’entre eux ont alors défendu le philosophe allemand, c’est bien cette vision du travail intellectuel qui a rendu possible l’étonnante «affaire Heiddegger» de 1987, apparition soudaine de ce nom lointain dans le débat public, le temps de fustiger les compromissions nazies d’un professeur bien suspect. Ensuite, leur dogme des Lumières ressemble plutôt à un spiritualisme du Bien et du Mal. Ils prêchent un christianisme laïcisé où tout se résout, en dernier ressort, à l’affrontement de la haine et de l’amour, celui-ci surplombant de ses promesses de réconciliation générale les métaphysiques bon marché d’un Comte-Sponville ou d’un Ferry — un peu à la façon dont le chanteur Sting cherchait alors à nous rassurer sur l’humanité des Soviétiques : «Russians love their children too5». Enfin, leur harangue est une façon involontaire, mais diablement efficace, d’entériner ce qu’ils dénoncent, en substituant la pitié au dialogue, la conscience noble à la riposte politique, et l’éloge de l’engagement à l’action effective. […]

Pour être plus discret, le deuxième chantage des moralistes n’en est que plus pernicieux. Le «retour au sens» dont se réclament Ferry et Renaut, avec tant d’autres, est pour la pensée le pire des chantages. Il identifie toute difficulté théorique (qui est en général la difficulté de ce qu’ ''il y a'' à penser) à un snobisme de l’abscons, et associe le «vrai» questionnement philosophique, sur un mode démagogique, à une médecine de l’âme révélant aux mortels le sens des choses — que ça fasse sens, qu’on donne du sens, qu’on trouve le Sens de la vie grâce aux grands auteurs. Cette approche thérapeutique, et mensongère, du travail théorique accouchera finalement de quelques best-sellers, traités moraux de Comte-Sponville ou théodicées humanistes de Ferry6, et d’une vague submergeant les années 1990: celle des «cafés philo» inaugurés à la Bastille par Marc Sauter et d’une «philo pour vivre» enfin ''utile'', depuis le retour très biographique à Socrate (deux récits de sa vie paraissent en 1987) jusqu’au triomphe du roman philosophique de l’écrivain norvégien Jostein Faarder, Le Monde de Sophie (1995).

Le chantage au Sens est un chantage est un chantage à la transcendance, à une présignification donnée hors du monde, qui empêche de saisir les liens, les strates, les trous faisant et défaisant le monde. Le retour à l’approche herméneutique, celle des réflexions extérieures sur telle ou telle question, pose ce Sens comme antérieur à tout le reste, vieil idéalisme qu’avaient combattu trente ans de soupçon théorique devant nos fausses évidences, de Deleuze à Foucault et Lacan. Le «sens commun» que prônent les moralistes, en nouveaux amis du peuple, est surtout un Sens prédéfini organisant le commun à son insu. Il est ce Sens dont se méfiait Freud dans les années 1910, lorsqu’il répétait que le rapport au désir ne se réduit pas à son «sens» culturel ou religieux, mais constitue à chaque fois une énigme singulière. Et il y a du mépris dans cet appel à un Sens accessible, transparent, transitif. Car la question des troubles du sens, de ses glissements et de ses illusions, aurait été tout aussi accessible au grand public, et beaucoup plus féconde. Mais elle aurait eu l’inconvénient de l’émanciper de la tutelle de ses nouveaux maîtres qui, sous prétexte de faire penser chacun «par lui-même», ont organisé la discussion à leur guise, au nom d’une philosophie de l’épanouissement personnel. La décennie 1980 consacre ainsi l’empire du Sens, qui réduit une à une, par la force de ses brigades médiatiques et académiques, les dernières poches de résistance, héritées du structuralisme ou de la pensée critique, où l’on ose encore douter que le sens — des mots, des concepts, du monde — aille de soi.

Enfin, avec le chantage au Réel, on n’est plus seulement sur le pré carré des moralistes, mais sur le terrain plus large où triomphent, pendant les années 1980, les stratèges de l’empirisme. Experts, spécialistes, conseillers expliquent tous doctement ce qu’est le Réel, et qu’il serait périlleux de s’en écarter. Le «réalisme», ou plutôt son illusion, procède à la fois d’un cynisme assumé, en faisant de l’assentiment à ce qui est (le «réel ») l’unique règle de pensée, et d’un rappel à l’ordre : cantonnez-vous au possible, au réalisable, que nous délimiterons pour vous, et nous pourrons discuter. Le Réel, chez nos moralistes des années 1980, fut ce qu’ils éprouvèrent dix ans auparavant comme un réveil salutaire, quand Soljenitsyne, Pol Pot ou le « bateau pour le bateau pour le Vietnam » les tirèrent soudain de leur sommeil dogmatique. D’un tel réveil, ils conclurent alors à une claire séparation du monde entre utopies et réalité, fantasmes et empirie, rêve et urgence — Mal et Bien.

Ibid, p.231 et 232
J'ai déjà longuement cité, je vais donc faire l'impasse sur la description de l'envahissement du tout culturel (je retrouve en feuilletant le rapprochement entre la mort de Coluche et celle de Borgès à quelques heures d'intervalle). Je note ici pour mémoire deux ou trois titres afin de les retrouver en temps utiles (ils apparaissent en note de bas de page: c'est un peu ce qui manque à cette étude, une reprise des livres cités dans une bibliographie en fin de volume. Comme je le disais, le livre fourmille de références. L'un des auteurs encore vivants aujourd'hui qui reçoit l'approbation de François Cusset est Jacques Rancière).

- Jean Baudrillard, L'Autre par lui-même Galilée, Paris, 1987 (le signe est-il encore signe de quelque chose, ou comment trop de signes tue le signe);
- Serge Daney, Devant la recrudescence des vols de sacs à main, Aléas, Paris, 1993 (pour les époux Ceaucescu et parce que le titre me plaît);
- Félix Guattari, Les années d'hiver, Paris, Galilée, 1989.


Notes
1 : C'est moi qui souligne.
2 : «SOS la vie», Globe, n°10, octobre 1986.
3 : Pierre-André Taguieff, La force du préjugé. Essai sur le racisme et ses doubles, La Découverte, Paris 1987.
4 : Cités in Pierre Favier et Michel-André Rolland, La décennie Mitterrand, vol.4, Seuil, Paris, 1999, pp 539 et 541.
5 : «Les Russes aussi aiment leurs enfants.»
6 : Luc Ferry, L'Homme-Dieu ou le Sens de la vie (Grasset, Paris, 1996) et André Comte-Sponville, Petit Traité des grands vertus (Albin Michel, Paris 1995)

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