Billets qui ont 'photo' comme mot-clé.

Dostoievski à Florence

Tombé par hasard sur cette plaque que je n'attendais pas en face du palais Pitti.
Ainsi donc "les nuits blanches de St Pétersbourg" ont été écrites sous le ciel de Florence. Comme c'est étrange.






Dans cette maison entre 1868 et 1869 Fédor Mikhail Dostoïevski a écrit L'Idiot.

Nous irons à Berditchev

Berditchev, Berditchev, «où se croisent tant des fils du texte qui m'écrit…»

P. m'a donné aujourd'hui le livre qu'il avait conservé dimanche soir — un livre acheté dans la maison de Boulgakov à Kiev: «Mais tu sais, elle est reconstruite, ce n'est pas celle d'origine.»






Dans une vitrine de la maison de Boulgakov se trouve un buste de Mme Hanska. Elle et Balzac se sont mariés à Berditchev le 14 mars 1850.
A Berditchev, aujourd'hui en Ukraine, est né Conrad en 1857, écrivain polonais de langue anglaise et en 1905 Vassili Grossman, écrivain de langue russe.

Ces quelques noms donnent une idée du bouleversement continuel des frontières à cet endroit depuis deux siècles.
Il faudra aller à Berditchev.

Souvenirs de Kiev

En sortant du Couronnement de Poppée, (mise en scène orientale en ombres chinoises bleutées de Bob Wilson, belle Drusilla chantée par Gaëlle Arquez), P. me raccompagne et m'offre quelques souvenirs de Kiev : un sweat et Le Maître et Marguerite en deux tomes minuscules (sept ou huit centimètres de haut) achetés dans la maison de Boulgakov comme le prouvent les tampons à l'intérieur.
Il ne reste qu'à apprendre le russe.




Le tome 1, avec le chat bien sûr, mais aussi les chaussures:




Le tome 2 avec le chat au bal:


Tout ce qui est or ne brille pas




source.

Souvent je pense à cette autre phrase tirée du même poème: "tout ce qui est or ne brille pas".
All that is gold does not glitter,
Not all those who wander are lost;
The old that is strong does not wither,
Deep roots are not reached by the frost.

From the ashes a fire shall be woken,
A light from the shadows shall spring;
Renewed shall be blade that was broken,
The crownless again shall be king.

J.R.R. Tolkien, The Lord of the Rings
Tout ce qui est or ne brille pas,
Tous ceux qui errent ne sont pas perdus ;
Le vieillard endurant ne se recroqueville pas,
Les racines profondes ne sont pas atteintes par le gel.

Des cendres sera éveillé un feu,
Une lumière des ténèbres jaillira ;
Trempée à neuf sera la lame qui était brisée,
Le sans couronne sera de nouveau roi.

J.R.R. Tolkien, Le Seigneur des anneaux

J'illustre Abattoir 5

J'en suis au début. Je suis frappée de retrouver exactement les noms de l'été dernier: Cape Cod, Cape Anne, l'endroit où Washington a traversé le Delaware, Pittsburgh (ne pas oublier le "h"). J'ai une photo pour compléter l'une des premières anecdotes du livre — que je suppose vraie.
En même temps que je me préparais à devenir anthropologue, j'étais aussi correspondant judiciaire à la célèbre Agence de presse de Chicago pour vingt-huit dollars par semaine.

[…]

Je dus dicter mon premier papier à une de ces garces. C'était au sujet d'un jeune démobilisé qui avait été engagé comme garçon d'ascenseur dans un vieil immeuble administratif. Au rez-de-chaussée, la grille d'ascenseur enroulait ses volutes de métal. Le lierre de fer forgé s'échappait par tous les trous. Il y avait un rameau de fer forgé sur lequel se perchaient deux perruches.

Notre civil frais émoulu décide de ramener sa benne au sous-sol, ferme la porte et amorce sa descente mais son allliance s'était accrochée dans les ornements. Le voilà suspendu dans le vide tandis que le plancher s'abaisse, se dérobe sous ses pieds; le plafond l'écrabouille. C'est la vie.

Je téléphone l'article et la brave dame qui allait composer le stencil m'interroge: «Quelle a été la réaction de sa femme?»
— Elle n'est pas encore au courant, ça vient de se produire.
— Appelez-la pour avoir une réaction.
— Hein?
— Racontez que c'est la police, que vous êtes le capitaine Finn. Vous avez une mauvaise nouvelle. Annoncez-la lui et voyez un peu ce qui se passe.»
Ce que je fais. Elle prend les choses comme on pouvait s'y attendre. Un enfant. Et tout ça.

Quand j'arrive au bureau, la rédactrice s'enquiert, pour sa gouverne personnelle, de l'allure qu'avait l'écrabouillé au moment de l'écrabouillage.
Je la lui décris.
«Ça vous a secoué?» me harcèle-t-elle. Tout en croquant des friandises «Trois Mousquetaires».
«Bon Dieu, non, Nancy. J'ai assisté à pire que cela pendant la guerre.»

Kurt Vonnegut, Abattoir 5, p.17-18 (collection Points Seuil, 1971)


J'ai une photo des friandises. Elle a été prise l'été dernier quelque part en Pennsylvanie, entre Salamanque et Punxsutawney, dans une station service au milieu de nulle part dans les montagnes Alleghenies.



Elle a été prise parce que j'avais et j'ai encore l'idée de faire une anthologie des références aux Trois Mousquetaires depuis que j'ai rencontré ce titre dans la bibliothèque d'une mosquée dans La Voie cruelle. Il y a bien sûr Slumdog Millionnaire.
Et puis ces barres, cet été, que je retrouve maintenant au début d'Abattoir 5. Les trois mousquetaires seront à nouveau évoqués plus loin, mais cette fois pour ce que représente leur équipe, un groupe soudé qui fait front et sort victorieux des défis.

Les voyages de Lolita

Jeudi, après la séance de l'Oulipo (la suivante est jeudi prochain, exceptionnellement), Dominique m'a indiqué un site qui illustre les voyages de Lolita (ou dans Lolita).

Le site en son entier est entièrement dédié à Nabokov, plus des photos de Berlin, d'Asie centrale, et des textes plus personnels.

Ricardou : photo volée

5 mai 2010, bibliothèque de l'Arsenal.


Quelques sites et blogs

Un billet paresseux pour indiquer d'autres blogs, d'autres lieux...


autour d'un auteur :

  • Sebald, Hilberg, la mémoire, Claude Simon : Norwitch (d'étranges résonnances avec les cours de Compagnon de l'année dernière. Ce billet par exemple en est sans doute une bonne illustration, ou démonstration, ou résumé.)
  • Jean-Jacques Rousseau (plus exactement : le blog qui accompagne le projet théâtral de représenter Les Confessions]

autour des livres

- des photos de livres
- des photos de bibliothèques
- un blog de bibliophile au sens large (l'imprimerie, la reliure, les ventes aux enchères, les statistiques du marché du livre ancien, etc)

- entre les deux, s'attachant aux auteurs oubliés dans des éditions disparues (ou l'inverse, bien sûr): l'éditeur singulier, dont le livre sur les dandys doit pouvoir s'offrir à Noël.

- sinon, une liste de 15 pavés parus dans les années 2000.

et un peu de poésie.

Les balades de Corto Maltese, de Guido Fuga et Lele Vianello

J'avais emprunté l'édition 1999 à la bibliothèque, j'ai acheté sur place l'édition mise à jour de 2007 (non par choix, mais parce que cela s'est trouvé comme ça).

La page de garde annonce «Les renseignements concernant les établissements cités ici ont été remis à jour en avril 2007». Hélas, ce n'est vrai que pour les restaurants.

C'est un guide qui ne s'occupe pas d'art au sens systématique du terme (les églises, les musées, les époques, etc.). Il raconte l'histoire et surtout les légendes, franchissant les siècles d'Attila à l'occupation américaine, s'intéresse aux toponymies, donne aux lecteurs de Corto Maltese d'intéressantes précision sur la source de certaines planches des BD (et lorque nous lisons, à propos de la maison du Titien «Corto Maltese y résida lui aussi, mais les guides officiels ne le mentionnent pas» (p.32), il faut quelques secondes pour comprendre ce qu'on vient de lire.
Les auteurs semblent aimer les crimes sanglants et les condamnations à mort, ils n'aiment pas Palma le jeune, ils maudissent les restaurations brutales (les bâtiments trop blancs, la disparition des fresques) et pleurent la désertion des îles.

C'est un guide davantage destiné à nous perdre qu'à nous guider, l'imprécision des rues (prenez le pont de fer, puis la deuxième à gauche...) (nous n'avons jamais trouvé le dragon corte del Rosario (p.103)), le nom des chapitres ("Porte de la mer", "Porte de l'Orient"), la carte générale page 16 (une peinture), tout prouve que le but de ce livre est davantage de nous faire rêver que de nous aider à trouver notre chemin.
Il y manque d'ailleurs, et je suis sûre que c'est volontaire, un solide index. On se perd dans le livre avant de se perdre dans les rues, ou les deux, mais pas au même rythme.

Quelques mises à jour personnelles :

  • Entre 2007 et 2009 un quatrième pont a été jeté sur le Grand Canal. Il se trouve au niveau de la gare routière et permet de rejoindre très vite la gare ferrovière.
  • Beaucoup d'endroits sont fermés ou devenus payants : le casino Venier (p.112) est fermé, même si une plaque discrète permet de s'assurer que l'on ne se trompe pas dans l'identification de la maison, l'accès de l'église S. Teodoro (p.103) est interdit, il n'est pas possible de passer sous le porche Fondamenta S. Apollonia (toujours p.103) car le cloître est devenu musée. L'église San Nicolò dei Mendicoli est devenue une "église Chorus", c'est-à-dire que l'accès en est payant alors qu'il en était libre il y a deux ans. Etc., etc.
  • Il n'y a plus de lignes de vaporetto qui traversent l'Arsenal (p.75) (Ça, c'est vraiment dommage).
  • Le musée juif et le musée d'histoires naturelles sont en restauration. Ils offrent un accès si réduit qu'ils ne font pas payer (les heures sont impossibles, ils ferment vers 13 heures ou 13 heures 30) La maison Goldoni est fermée le mercredi. San Pietro di Castello, bien que faisant partie des "églises Chorus", est fermée le dimanche (mais bien sûr ce n'est indiqué que sur la porte de l'église.) San Pantalon est ouverte deux heures par jour, de 16 à 18 heures.
  • L'horaire de la messe dans l'église arménienne est 10 heures 30 (p.116). Je n'ai pas compris s'il s'agissait de la dernière messe en arménien sur l'île ou si la messe n'était célébrée que le dernier dimanche de chaque mois.
  • Il y a du wifi au Caffè blue (p.150).
  • Des scènes de Summertime ont été tournées dans la boutique de masques à côté de San Barnaba; Kubrick a fait appel au fabricant de masque de l'autre côté du pont pour les scènes de Eyes wide shut.
  • Le Pont des soupirs est emballé dans une publicité bleue, le campanile de la basilique de Torcello est entourée d'échaffaudages (p.199) et le pont du Diable est invisible sous diverses machines de chantier. Le pont en bois vers San Pietro di Castello est en réfection, je ne sais s'il sera conservé en bois.



Je suis en train de me dire que tout cela doit donner une image négative du livre. C'est un tort: il est très précieux dans ce qu'il précise d'anecdotes et de légendes, permettant de rêver sur un siège ou sur une poutre. Ces notes personnelles ne font que démontrer qu'il faudrait un wiki des visiteurs de Venise, afin de mettre à jour quelques données factuelles.

Parfois il exagère un peu (ou pas):

Si on utilise le pied vénitien (35,09 cm) comme unité de mesure, deux chiffres reviennent constamment : le 8 (la base octogonale de l'église [Santa Maria della Salute] symbolyse en elle-même la Renaissance) et le 11, accompagné de ses multiples. le huit fait partie de la symbolique chrétienne (la couronne mystique de la Vierge, l'église du Saint Sépulchre, la Résurrection et la vie éternelle), mais le 11 a une valeur négative. Il renvoie en effet au Dix Commandements et désigne le péché mortel; pour la Kabbalah juive (ou qabbalah) au contraire, ce chiffre représente l'origine suprême des tables de la Loi, c'est-à-dire Dieu entouré ses dix sephirots.
Les balades de Corto Maltese, p.166

Comment ne pas penser à Umberto Eco ?

«Messieurs, dit-il, je vous invite à aller mesurer ce kiosque [à journaux]. Vous verrez que la longueur de l'éventaire est de 149 centimètres, c'est-à-dire un cent-millième de la distance Terre-Soleil. La hauteur postérieure divisée par la largeur de l'ouverture fait 176:56=3,14. La hauteur antérieure est de 19 décimètres, c'est-à-dire égale au nombre d'années d cycle lunaire grec. La somme des hauteurs des deux arêtes postérieures fait 190x2+176x2=732, qui est la date de la victoire de Poitiers. [...]»
Umberto Eco, Le Pendule de Foucault, chapitre 48


Enfin, pour le plaisir, un lien vers des forcole (nous n'avons pas vu l'atelier: l'adresse que j'avais sur place, à deux pas de l'arsenal, était fausse).
Pour les amoureux de la typographie (l'imprimeur est francophile et adore discuter): Gianni Basso, Fondamenta nove. Calle del fumo, 5301.

Manuscrits du Moyen-Âge et manuscrits littéraires modernes

Il y a à peu près un an, j'ai découvert qu'il existait une "Société des manuscrits des assureurs français" (SMAF). Comme je devais avoir l'air vivement intéressée, on me proposa un catalogue de l'exposition des manuscrits qui s'est tenue en 2001 à la Bibliothèque nationale.

Les assureurs français présentent aujourd'hui le catalogue des collections de la "Société des manuscrits des assureurs français". C'est une première. Cette publication accompagne l'exposition de ces manuscrits - pour la seconde fois cette fois-ci après celle de 1979 - à la Bibliothèque nationale de France.

Créée en 1978 à l'initiative de Guy Verdeil alors Président du GAN et en étroite concertation avec Messieurs Georges Le Rider, Administrateur de la Bibliothèque nationale et Pierrot, Directeur des Manuscrits de cette même institution, la SMAF rassemble dans son capital une grande partie des sociétés et mutuelles d'assurance de la place. Elle constitue un prototype intéressant de coopération Etat-industrie au service d'une politique nationale de gestion et de défense du patrimoine national des manuscrits anciens et modernes.

Notre souci est aujourd'hui de faire connaître le fonds de la SMAF aux assureurs, à leurs clients, aux bibliophiles et au grand public, et de leur faire prendre conscience du type de contribution que la profession des assureurs a apporté et est susceptible encore d'apporter à la conservation et à la recherche sur le patrimoine littéraire national, au service de la politique que souhaitent mener la Bibliothèque nationale et la Direction des Manuscrits.

Extrait repris en quatrième de couverture de l'introduction de Jean-Jacques Bonnaud, Président de la SMAF.

Je m'attendais à une brochure souple d'une centaine de pages, c'est en fait un livre magnifique de 350 pages emplies de photographies d'enluminure et de pages de cahiers, décrivant l'histoire de chaque manuscrit médiéval présenté et offrant des extraits des manuscrits modernes (un important fond Céline, Colette, Claudel, etc).

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A titre d'exemple, la SMAF possède les lettres inédites de Gide à Francis Jammes :
139 LETTRES, BILLETS ET CARTES AUTOGRAPHES SIGNÉES. Les lettres sont montées sur des feuillets de papier crème montés sur onglets en 3 volumes in-4 (230 x 180 mm) demi-maroquin bleu turquoise avec coins, étuis (Devauchelle).

TRÈS IMPORTANTE CORRESPONDANCE INÉDITE qui dresse un passionnant tableau de la vie littéraire au tournant du siècle.
Elle retrace l'amitié de toute une vie entre les deux écrivains, quelque divergents que soient leur esprit et leurs idées. Leurs œuvres littéraires respectives tiennent une grande place dans leurs propos.
Cette correspondance commence en 1895 et durera en dépit de quelques brouilles jusqu'à la mort de Jammes en 1938. Gide et Jammes, tous deux âgés de vingt-cinq ans, devinrent amis en 1893 mais ne se rencontreront pour la première fois qu'en avril 1896 à Alger ; ils ne s'étaient vus auparavant qu'en photographies mais se tutoyaient déjà. Leur longue amitié subira des périodes de troubles et des ruptures, notamment vers 1916 lorsque Jammes eut connaissance des mœurs scandaleuses de Gide, qui heurtaient profondément ses convictions chrétiennes, et en 1925 lorsque Gide vendit à Drouot sa bibliothèque, y compris des manuscrits de Jammes que celui-ci lui avait dédicacés (la partie Jammes comprend 33 numéros : éditions originales dédicacées, grands papiers, quelques lettres et manuscrits). Notons ici que Jammes ne fut pas le seul à être choqué et l'on cite volontiers l'anecdote de Régnier envoyant un ouvrage à Gide avec cette dédicace : ''Pour votre prochaine vente''.
La dernière lettre datée est écrite à la suite d'une lettre de condoléances de Mathilde Roberty du 9 juillet 1938 (Madeleine est morte le 17 avril 1938).

Une correspondance de 280 lettres échangées par Gide et Jammes fut publiée par Robert Mallet, chez Gallimard en 1948. Aucune des lettres ici présentes n'y figurant, nous sommes donc en présence de lettres restées inconnues de Robert Mallet ou qu'il avait écartées pour des raisons de discrétion, d'opportunité ou de contrainte éditoriale. Robert Mallet n'avait pas eu connaissance d'une lettre de Gide à madame Victor Jammes (8 avril 1900) et n'en avait pu citer qu'un extrait recopié par Mme Jammes (elle se trouve ici sous le numéro 67).
Entre juillet 1895 et l'automne 1897, de nombreuses lettres sont écrites sur papier de deuil encadré de noir (Gide a perdu sa mère le 31 mai 1895). Il n'est cependant pas fait mention de ce décès dans les lettres ; dans l'une d'elle Gide évoque en revanche le récent mariage de sa sœur.

Cher Monsieur, qui dorénavant m'appellerez cher ami tel est le début de cette correspondance qui allait durer un quart de siècle et dans laquelle les travaux littéraires des deux écrivains tiennent une grande place. Au fur et à mesure de leur relation, les termes par les quels Gide s'adresse à son ami évoluent: Cher monsieur (une seule fois au début - puis cher ami (assez souvent) puis cher vieux, cher faune, mon faune préféré, très cher et grand, etc…

extrait du catalogue p.235 et 236

Exemple de lettre de Gide à Jammes.

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Liste des acquisitions des manuscrits modernes :

Law. Lettres au prince deTingry. Hôtel Drouot, 21 juin 1979.
Voltaire. Lettre à M. Delille. Hôtel Drouot, 7 mai 1981.
Voltaire. Lettre à d'Alembert. Hôtel Drouot, 6 mai 1981.
Voltaire. Lettre à sa nièce. Hôtel Drouot, 6 mai 1981.
Restif de la Bretonne. L'Enclos et les oiseaux. Librairie Valette, 20 août 1981.
Napoléon. Expédition d'Egypte. Hôtel Drouot, 13 décembre 1982.
Bernadotte. Lettres militaires. Hôtel Drouot, 8 décembre 1980.
Dietrichstein. Lettres au comte de Niepperg. Hôtel Drouot, 28 février 1979.
Musset. Lettre à madame Joubert. Hôtel Drouot, 9 novembre 1979.
Sand. Lettre à Louis Blanc. Hôtel Drouot, 6 avril 1981.
Flaubert. Littérature-Esthétique. Hôtel Drouot, 12 décembre 1985.
Apollinaire. Les Peintres cubistes. Librairie Jean Hugues, bibliothèque Renaud Gillet, 5 novembre 1981.
Apollinaire. La Femme assise. Hôtel Drouot, bibliothèque Jacques Guérin,4 juin 1986.
Aragon.Traité du style. Librairie Jean Hugues, bibliothèque Renaud Gillet, 5 novembre 1981.
Aragon. L'Entrée des succubes. Librairie de l'Abbaye, 4 décembre 1980.
Breton. Les Vases communicants. Hôtel Drouot, bibliothèque Sickles, 23-24 mars 1981.
Breton. Autobiographie. Hôtel Drouot, bibliothèque Sickles, 23-24 mars 1981.
Camus. L'Etat de siège. Hôtel Drouot, 28-29 février 1979.
Céline. Guignol's band. Hôtel Drouot, 28 février 1979 et 28 juin 1985.
Céline. Guignol's band II, Le Pont de Londres. Hôtel Drouot, 9 juin 1980.
Céline. Féerie pour une autre fois II, Normance. Hôtel Drouot, 19 juin 1984.
Céline. Guignol's band II et Féerie pour une autre fois. Madame Destouches, 6 décembre 1985.
Céline. D'un château l'autre. Hôtel Drouot, bibliothèque Sickles, 13-15 juin 1983.
Claudel. Œuvres et correspondances dont l'Echange, Connaissance de l'Est, L'Homme et son désir, famille Claudel, janvier 1980.
Cocteau. Le Cap de Bonne-Espérance. Hôtel Drouot, 12 juin 1987.
Cocteau. Opium. Hôtel Drouot, bibliothèque Sickles, 13-15 juin 1983.
Colette. Lettres à Germaine Patat. Hôtel Drouot, bibliothèque Sickles, 13-15 juin 1983.
Colette. Lettres à Maurice Goudeket. Madame Goudeket, 8 mai 1981.
Eluard. L'Amour la poésie. Libraire Jean Hugues, bibliothèque Renaud Gillet, 5 novembre 1980.
Gide. Lettres à Francis Jammes. Hôtel Drouot, 24 novembre 1981.
Giono. Correspondance avec Simone Tery. Hôtel Drouot, 9 juin 1980.
Jacob. Le Cornet à dés. Librairie Jean Hugues, bibliothèque Renaud Gillet, 5 novembre 1980.
Jacob. Cahier de méditations. Hôtel Drouot, bibliothèque Sickles, 23-24 mars 1981.
Jarry. Messaline. Hôtel Drouot, bibliothèque Sickles, 13-15 juin 1983.
Maeterlinck. Lettres à Florence Perkins. Londres, Sotheby's, 23 mars 1981.
Montherlant. Lettres à Jeanne Sandelion. Hôtel Drouot, 12 décembre 1985.
Montherlant. Lettres à Alice Poirier. Hôtel Drouot, 12 juin 1984.
Montherlant. Don Juan. Hôtel Drouot, 12 juin 1984.
Pagnol. Cinématurgie. Hôtel Drouot, bibliothèque Sickles, 13-15 juin 1983.
Péguy. Les Récentes œuvres de Zola. Hôtel Drouot, bibliothèque Sickles, 13-15 juin 1983.
Pieyre de Mandiargues. Cartolines. Hôtel Drouot, bibliothèque Sickles, 23-24 mars 1981.
Prévert. Souvenirs de famille. Hôtel Drouot, bibliothèque Sickles, 23-24 mars 1981.
Renard. Lettres à Maurice Pottecher. Hôtel Drouot, 12 juin 1984.
Rolland. Lettres à Frans Masereel. Hôtel Drouot, 12 juin 1984.
Saint-Exupéry. Lettres à Consuelo. Hôtel Drouot, 6 juillet 1984.
Sartre. La Putain respectueuse. Librairie de l'Abbaye, 29 avril 1981.
Sartre. Notes pour la morale. Hôtel Drouot, 7 mai 1981.
Sartre. Notes autobiographiques et sur le théâtre. Hôtel Drouot, 7 mai 1981.
Sartre. La Mort dans l'âme. Hôtel Drouot, 12 juin 1984.
Sartre. Les Mots. Hôtel Drouot, 7 mai 1981.
Surréalisme. Au grand jour. Hôtel Drouot, bibliothèque Sickles, 23-24 mars 1981.

Bestiaire

Kouznetchik-chameau.jpg

Comment trouver notre vieille [division] amie de Stalingrad1 dans la poussière et la fumée, au milieu du rugissement des moteurs avec le cliquetis des chenilles des tanks et des canons automoteurs dans le grincement des énormes convois sur roues qui vont vers l'ouest, dans le flot de ces gamins pieds nus, des femmes en foulards blancs qui se déplacent vers l'est, de ceux qui ont fui devant les combats avec les Allemands et qui maintenant rentrent à la maison ?
Des gens bien intentionnés nous avaient conseillé, afin de nous épargner les arrêts et les questions, de chercher une division caractérisée par une particularité connue de beaucoup : dans son régiment d'artillerie est attelé à un charroi un chameau surnommé Kouznetchik [«Criquet»]2. Ce né natif du Kazakhstan a parcouru toute la route de Stalingrad à la Berezina. Les officiers des transmissions ont l'habitude de repérer dans le convoi Kouznetchik et trouvent sans avoir à poser de questions l'état-major qui se déplace jour et nuit. Nous avons ri à l'écoute de ce conseil farfelu comme à une bonne plaisanterie, et nous avons continué notre chemin.
Et voici que nous sommes de nouveau sur la grand-route, dans la poussière et le fracas. Et la première chose que nous voyons est, attelé à une télègue, un chameau brun, la peau presque à nu, qui a perdu tout son pelage. C'est bien lui, le célèbre Kouznetchik.
Avance à sa rencontre tout un groupe de prisonniers allemands. Le chameau tourne vers eux sa tête peu avenante à la lèvre pendante : il est apparemment fasciné par la couleur inhabituelle des vêtements, peut-être renifle-t-il une odeur étrangère. D'un ton entendu, le conducteur crie à l'escorte : « Fais venir les Allemands ici, sinon Kouznetchik va les bouffer!» Et sur-le-champ nous apprenons tout de la biographie de Kouznetchik : lors des échanges de tir, il va se cacher dans les entonnoirs laissés par les obus et les bombes, il a déjà été recousu trois fois pour ses blessures et s'est vu décerner la médaille «Pour la défense de Stalingrad». Le commandant du régiment d'artillerie Kapramanian a promis à son conducteur que s'il amenait Kouznetchik jusqu'à Berlin, il serait récompensé. «Tu auras la poitrine entièrement couverte de décorations», a dit avec le plus grand sérieux, ne souriant que du coin de l'œil, le commandant du régiment. En suivant la route indiquée par Kouznetchik, nous sommes arrivés à la division.

Vassili Grossman, Carnets de guerre, p.302-303



1 Il s'agit probablement de l'ancienne 308e division de fusiliers, commandée à Stalingrad par le général Gourtiev et qui deviendra la 120e division de fusiliers de la garde en septembre 1943. Cette formation en majorité sibérienne avait défendu l'usine Barrikady à Stalingrad. Pendant l'opération Bagration, elle fut intégrée à la 3e armée.

2 Le chameau Kouznetchik devint célèbre moins d'un an plus tard quand il arriva à Berlin et qu'on lui fit traverser la ville pour cracher sur le Reichstag.

Les photos d'Exobiographie

A la fin des années 80, Jean-Pierre Fasquelle demanda à Obaldia d'écrire une autobiographie. Obaldia n'en avait pas envie, mais il se mit au travail.
Lorsque Fasquelle croisait Obaldia, il lui demandait :
— Alors, Obaldia, cette autobiographie, ça avance?
— Oui, oui, j'y travaille.
Cela dura ainsi deux ou trois ans.

«A la fin, il n'osait plus me poser la question, et lorsque je lui ai apporté le manuscrit au bout de quatre ans en lui disant: "je n'ai pas tout à fait fini; je vous le donne mais il faudra me le rendre pour que je puisse le corriger", il a refusé tant il avait peur que cela prenne encore quatre ans : "Ah non, je le garde, vous viendrez travailler dans les locaux de la maison".
Il a lu le manuscrit, mais il n'y a pas cru :
— Dites-moi, Obaldia, vous avez des photos?
— Oui, bien sûr.
— Vous pourriez m'en montrer quelques-unes?
Et c'est pour cela qu'il y a des photos dans ''Exobiographie'': Fasquelle n'y a pas cru. C'est le seul livre paru chez Grasset avec des photos.»
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