Elle avait vu le veld sud-africain embrasé de fleurs ; les lis et les forêts de madrones de l’Oregon ; les pins de la Colombie britannique ; et la flore de l’Australie occidentale, miraculeursement préservée de toute hybridation, isolé par le désert et par la mer. Les Australiens ont donné des noms si amusants à leurs plantes : patte de kangourou, plantes des dinosaures, plantes à cire de Gerardtown et Billy Black Boy.

Elle avait vu les cerises et les jardins zen de Kyoto, et les couleurs de l’automne à Hokkaidô. Elle adorait le Japon et les Japonais. […]

Miss Starling envisageait de partir pour les azalées du Népal, « pas ce mois de mai mais celui d’après ». Elle espérait voir son premier automne nord-américain. Elle s’était promenée dans les forêts de Nothofagus antartica. On en vendait dans la pépinière.

«C’est beau, dit-elle en portant son regard vers la ligne noire qui marquait la fin des prés et le début des arbres. Mais je n’aimerais pas y revenir.

— Moi non plus», dis-je.

Bruce Chatwin, En Patagonie, chapitre 58