Citations mises en ligne par Jean-Marc Bonnet:

On notera que plusieurs auteurs "majeurs" ont donné ses lettres de noblesse au roman policier.

Le plus attendu sur ce thème est Borges, qui écrivait :

Une chose est certaine et parfaitement évidente : notre littérature tend vers le chaos. La tendance est au vers libre parce qu'il est plus facile à faire que le vers régulier qui, à vrai dire, est fort difficile. On a tendance à supprimer les personnages, les arguments, tout est très vague. A notre époque si chaotique, une chose modestement a gardé ses vertus classiques : c'est le roman policier. On ne conçoit pas, en effet, un roman policier qui n'ait pas un commencement, un milieu et une fin. Je dirai pour défendre le roman policier qu'il n'a pas besoin d'être défendu...


De même, Gide, qui était par ailleurs un grand amateur de Simenon, notait dans son journal :

Lu avec un intérêt très vif (et pourquoi ne pas le dire avec admiration) Le Faucon maltais de Dashiell Hammett dont j'avais déjà lu, mais en traduction, l'étonnante Moisson rouge (...). En langue anglaise, ou du moins américaine, nombre de subtilités des dialogues m'échappent ; mais dans La Moisson rouge, ils sont menés de main de maître et en remontrent à Hemingway ou à Faulkner même, et tout le récit est conduit avec une habileté et un cynisme implacables...


Et, beaucoup plus surprenant, Somerset Maugham déclarait :

Il se peut, lorsque les historiens de la littérature viendront à examiner la fiction produite au cours de la première moitié de ce siècle qu'ils passent assez légèrement sur les compositions des romanciers "sérieux", pour tourner leur attention vers les réussites immenses et variées du roman policier... Ils se tromperont lourdement s'ils se contentent de l'attribuer aux progrès de l'alphabétisation qui aurait créé une masse considérable de nouveaux lecteurs, avides mais sans éducation ; ils seront obligés de reconnaître que le roman policier était aussi lu par des hommes de savoir et des femmes de goût. Je propose une explication toute simple : les auteurs de romans policiers ont une histoire à raconter et ils la racontent avec concision...