«ce qu'on a payé pour qu'elle nous fasse entendre» (Aguets) : c'est en quoi j'ai de la tendresse pour la "para-littérature", les romans policiers, les livres pour enfants, les bandes dessinées, les journaux écrits par des people: ces livres sont honnêtes, ils ne trichent pas, ils nous donnent ce pour quoi on a payé.

Tandis que je n'ai pas de mots assez durs pour la "mauvaise littérature", celle qui se dit littérature, qui se vend pour de la littérature, bien pire, qui se croit sincèrement littérature. Et qui ne nous donne pas ce pour quoi on a payé, c'est-à-dire, si l'on suit ici le raisonnement jusqu'au bout, qu'elle nous donne exactement ce qu'on attendait —et redoutait qu'elle nous donnât: du convenu, de l'apprêté, de l'effet. «Vous avez vu comme je suis littéraire, comme j'écris beau?» Cette littérature-là est nombriliste, elle ne s'oublie jamais, sa conscience de soi l'étouffe.