Véhesse

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jeudi 31 août 2006

Prière

Dieu ait pitié de tous les pauvres marins du bateau de la vie littéraire.

Lettres d'Ezra Pound à James Joyce, 21 juillet 1914, p.40

mardi 15 août 2006

Une mauvaise solution pour ranger les dromadaires

Les vacances sont l'occasion de visiter la bibliothèque des amis.


Trouvé hier dans l'Anthologie de la poésie française d'André Gide de la Pléiade:

Les Chameaux

J'ai connu dans mon enfance un vieux lapidaire
Qui avait fait emplette de trois ou quatre dromadaires,

A l'encan, — ou dans quelque liquidation,
Ce qui, alors, simplifierait beaucoup la question);

Il faut d'ailleurs, aimable lecteur, que je le confesse,
Ce n'était pas des dromadaires de la grosse espèce,

Mais ce n'était pas de petits dromadaires non plus,
Ils étaient d'une bonne moyenne, — et même un peu plus.

Malheureusement le lapidaire dut les mettre dans sa commode :
Les logements, à Paris, sont si incommodes;

Et alors les pauvres dromadaires
Sont morts, parce qu'ils manquaient d'air.

Franc-Nohain, Le Kiosque à musique


J'ajoute celui-ci, pour Philippe[s] :

Cantilène des trains qu'on manque

Ce sont les gares, les lointaines gares,
Où l'on arrive toujours trop tard.

— Belle-maman, embrassez-moi,
Embrassez-moi encore une fois,
Et empilons-nous comme des anchois
Dans le vieil omnibus bourgeois!

Ouf, brouf,
Waterproofs,
Cannes et parapluies,
Je ne sais plus du tout où j'en suis...

Voici venir les hommes d'équipe,
Qui regardent béatement, en fumant leurs pipes.

Les trains, les trains que j'entends,
Nous n'arriverons jamais à temps,
(Certainement!) —

Monsieur, on ne peut plus enregistrer vos bagages,
C'est vraiment dommage! —

La cloche du départ, oui j'entends la cloche:
Le mécanicien et le chauffeur ont un cœur de roche,
Alors, inutile d'agiter notre mouchoir de poche...

Ainsi les trains s'en vont, rapides et discrets,
Et l'on est très embêté, après.

Franc-Nohain, Le Kiosque à musique

lundi 14 août 2006

Conseils de rédaction

Il y a quelques jours j'ai été émue par cette requête Google: "comment écrire une belle lettre d'amitié". Depuis, les requêtes de ce type ("écrire cartes de vacances", "quoi écrire sur une carte") se multiplient.

Je vais donc ajouter un conseil personnel aux conseils de Parlez mieux, écrivez mieux:

Si vous ne savez quoi écrire, choisissez un détail, une anecdote, survenus dans les les six ou douze dernières heures. Evitez absolument de vouloir résumer au dos d'une carte postale les six derniers mois à un ami à qui vous ne donnez jamais de nouvelles : aucun événement survenu dans les six derniers mois ne vous paraîtra assez important pour être raconté six mois après, et vous aurez l'impression de n'avoir rien à dire.
En revanche, le pastis du midi précédent fera un très bon sujet, une fois que vous aurez précisé où, quand, avec qui, en faisant quoi, vous l'avez bu.
Le curieux de ce conseil, c'est que de fil en aiguille vous vous retrouverez rapidement à en avoir trop à raconter, dans l'obligation d'écrire sur toute la carte postale, d'en commencer une deuxième, de courir acheter des enveloppes au Monoprix du coin...

(L'écriture entraîne l'écriture, ici vous aurez droit à une citation de Paul Valéry quand je serai rentrée chez moi, promis.)


ajout le 16 août 2007 (tout vient à point à qui sait attendre.)

Ricardou parle du «simple entrain d'un porte-plume»:

J'entre dans un bureau où quelque affaire m'appelle. Il faut écrire, et l'on me donne une plume, de l'encre, du papier qui se conviennent à merveille. J'écris avec facilité je ne sais quoi d'insignifiant. Mon écriture me plaît. Elle me laisse une envie d'ECRIRE. Je sors. Je vais. J'emporte une excitation à écrire qui se cherche quelque chose à écrire.
Paul Valéry, Tel Quel II, Littérature, cité page 65 de Pour une théorie du Nouveau roman, de Jean Ricardou


A voir

La photo du jour.

vendredi 11 août 2006

Déclaration d'amour à réciter un tournesol à la main

«Princesse, je...
D'abord, comment allez-vous, euh... ça va, moi aussi, ça va bien...
J'ai... vu cette fleur et j'ai pensé à vous parce qu'elle est jolie et... moi c'est vrai je n'aime pas beaucoup ce qui est joli mais je me suis dit que vous, vous l'aimeriez parce que vous, vous êtes jolie...
Mais je vous aime bien quand même, hein, c'est que je...
Ahhh, que c'est difficile...!»

J'adore ce passage de Shreck (I). Son air piteux, son "Ahhh, que c'est difficile". Je pense souvent, lors de malentendus, de gaffes, d'impairs, alors qu'il n'y avait que de la bonne volonté de part et d'autre : "Ahhh, que c'est difficile".

mardi 1 août 2006

Excès

— Vous avez beaucoup lu?
— Trop ; mais je relirai.

Alexandre Dumas, Joseph Basalmo, chap. XLIII

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