Véhesse

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vendredi 30 mars 2012

Ecomisons notre mépris

Un classique que je mets en ligne dans la mesure où grâce à un ami FB j'en ai la référence exacte.

Il y a des temps où l'on ne doit dépenser le mépris qu'avec économie, à cause du grand nombre de nécessiteux.

Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, livre XXIIe, chapitre 16, Pléiade, vol. I, p. 877

lundi 12 mars 2012

Le Miroir de la mer de Joseph Conrad

J'ai une dilection certaine pour les romans marins, je m'en aperçois au fur à mesure des années (les romans marins et les romans dans le grand Nord).

Ceci n'est pas un roman, c'est un livre de souvenirs, un livre d'hommages (A quoi sert la littérature? à déposer le souvenir de ce qu'on a aimé entre les pages pour qu'il ne soit pas oublié, ou que s'il doit être oublié, un moment au moins l'amour ait été proclamé à la face du monde:

Mais à quoi bon — si ce n'est par amour pour l'existence que ces effigies, dans leur errante impassibilité, ont menée avec nous — tenter de reproduire avec des mots une impression dont la fidélité ne trouverait ni critique ni juge, puisqu'une semblable expositions de l'art de la construction navale et de la sculpture de la proue, telle qu'on pouvait la voir d'un bout de l'année à l'autre dans cette galerie en plein air de New South Dock, aucun œil humain ne la reverra plus.

Joseph Conrad, Le Miroir de la mer, éd Sillages (2005), p.198

C'est un rassemblement d'articles de journaux centré chacun sur un thème, une ode à la marine à voile au moment où elle est en train de disparaître. Conrad nous dépeint-il des souvenirs pour en tirer des vérités, ou nous livre-t-il des convictions illustrées par des anecdotes? C'est indécidable, mais ce qu'on voit se dessiner, c'est le caractère d'un homme qui se tait («mes habitudes pensives» (p.187), observe et écoute (combien de paroles entre marin surprises, méditées et rapportées ici, riches d'enseignements parce qu'elles n'étaient pas destinées à être entendues?))

Description de la mer, des vents d'ouest et d'est, chacun animé d'une personnalité. Description de l'âme du monde, désormais perdue dans ou par la vapeur. La mer n'est pas généreuse, elle est ingrate et indifférente:

Malgré tout ce qu'on a dit de l'amour que certains — à terre — ont fait profession d'éprouver pour elle, malgré toutes les louanges dont elle a été l'objet en prose comme en vers, la mer n'a jamais été l'amie de l'homme. Tout au plus s'est-elle faite la complice de l'inquiétude humaine, a-t-elle joué le rôle d'un dangereux facteur de vastes ambitions. Incapable de fidélité, à la manière de la bonne terre, envers quelque race que ce soit, indifférente au courage, au labeur, à l'esprit de sacrifice, ne reconnaissant aucun dessein de domination, la mer n'a jamais embrassé la cause de ses maîtres comme ces terres où les nations victorieuses de l'humanité se sont implantées, y balançant leurs berceaux, y dressant leurs pierres tombales. Celui — homme ou peuple— qui, confiant dans l'amitié de la mer, néglige la force et l'adresse de sa main droite, est un insensé.
Comme s'il passait, dans sa grandeur et sa puissance, les communes vertus, l'océan n'a ni compassion, ni foi, ni loi, ni mémoire.
Ibid., p.204

La mer — c'est une vérité qu'il faut bien reconnaître — ignore toute générosité. Le déploiement des plus mâles vertus — courage, audace, endurance, fidélité — n'a jamais pu émouvoir cette irresponsable conscience qu'elle a de sa puissance.
Ibid., p.206

Curieusement, ce n'est pas un obstacle à l'amour, c'est la possibilité d'un amour plus pur, sans romantisme [le navire de Conrad vient de recueillir neuf hommes qui dérivaient depuis plusieurs semaines. Quelques instants plus tard, l'épave sur laquelle il survivait coule devant leurs yeux.]:

En ce jour exquis de brise douce et paisible, de soleil voilé, périt mon amour romanesque pour ce que l'imagination des hommes a proclamé le plus auguste aspect de la Nature. La cynique indifférence de la mer devant les mérites de la souffrance et du courage humains, mise à nu dans cette opération ridicule et panique due à la cruelle extrémité où se trouvaient neuf bons et honnêtes marins, me révolta. Je discernai la duplicité de la mer jusque dans sa plus tendre humeur. Elle était ainsi parce qu'elle ne pouvait être autrement, mais mon respect terrifié avait vécu. Je me sentis prêt à sourire amèrement de son charme enchanteur et à contempler haineusement ses fureurs. En un moment, avant que nous eussions débordé, j'avais considéré froidement la vie de mon choix. Ses illusions s'étaient dissipées, mais sa séduction demeurait. J'étais enfin devenu un marin.
Ibid., p.212

jeudi 1 mars 2012

Manque de sérieux

(Combien d'entre nous auront été jugés débiles par tel ou telle pour avoir préféré une comédie américaine bien ficelée au dernier drame psychologique et social hongrois ou ruthène?)

Renaud Camus, Buena Vista Park, Hachette, 1980, p.98

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